Bernardo Enrico, encore un effort: On n’est pas seuls! Meir Ben Hayoun

Aujourd’hui, cette page illustre ce qu’est Tribune juive, Titre qui réussit à faire dialoguer de plus en plus intelligemment des êtres aux idées opposées: nous ne sommes plus dans le célèbre “dialogue des tricoteuses” d’Albert Cohen: À défaut vue se répondre face à face sur un même plateau, “ils” se lisent, “ils” s’écoutent, parfois même “ils” doutent, demain peut-être se parleront.

Cette interview aujourd’hui de BHL par Mathieu Bock-Côté sur Cnews est de loin la meilleure. À écouter! Très gentiment, Bock-Côté lui objecte de façon très pertinente qu’Israël n’est pas si seul, le primat de l’identité nationale dans notre pays, que c’est un Etat-nation, etc…

Sans même savoir jusqu’où cela porte, Mathieu met en relief ce que j’ai évoqué dans mon article du 27 mars dernier, “Bernardo Enrico, encore un effort“, à savoir que BHL assigne Israël et le mouvement sioniste à sa vue d’esprit, non à sa réalité concrète et terrestre.

D’autre part, Eretz Israel, ça existe dans notre Tradition qui en définit le pourtour contrairement à ce que stipule BHL y projetant ce qu’il souhaiterait qu’il en fût. 

Cela évidemment ne remet pas en question le fait que BHL défend Israel avec conviction et de son mieux”, m’écrit Meir Ben Hayoun.

Bravo à Mathieu Bock-Côté. Pessah sameah

Meir 


Bernardo Enrico, encore un effort, on n’est pas seuls !

BHL multiplie les interviews en concomitance avec la parution de son dernier livre.

C’est très bien de soutenir Israël comme il le déclare sans ambages.

En revanche, cela n’octroie pas un chèque en blanc pour diffuser des infos remaniées par lui sur la société israélienne qui est pourtant délibérément de droite.

D’autre part, quelle condescendance pour la démocratie israélienne que de vouloir l’assigner à ce qu’on croit souhaitable et à ce qu’on voudrait qu’elle soit quand on n’en partage pas le destin.

« Solitude d’Israël » est l’intitulé de son livre. Israël n’a aucune raison de se sentir seul et n’est pas en mal d’affection. Au contraire. Certes il y a des problèmes avec des gouvernements étrangers, avec l’ONU et notamment avec la Maison-Blanche et des protestations véhémentes contre Israël à travers le monde.

Or un récent sondage de l’institut Harvard Harris aux États-Unis révèle que 82 % des citoyens américains soutiennent Israël dans sa guerre contre le Hamas et que le Premier ministre Netanyahou y est plus populaire que le leader de la majorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, après les insidieuses déclarations de ce dernier.

En France, matraquage médiatique palestiniste incessant contre Israël.

Un récent sondage de l’IFOP apprend que

55 % des Français soutiennent Israël dans sa lutte contre le terrorisme et 59 % prônent un renforcement de la coopération sécuritaire entre la France et Israël.

Résultat plus qu’inouï pour tout observateur assidu de l’interface Israël/France.

Au Brésil après les déclarations anti israéliennes du Président Lula, des manifestations géantes de solidarité avec Israël proportionnelles aux défilés des carnavals de Rio.

Même en Afrique du Sud au moment où ce pays déposait une assignation contre notre État à la CIJ, noirs et blancs ensemble soutenant Israël dans une ferveur non dissimulée.

Idem en Nouvelle-Zélande où depuis le 7 octobre en public les danses traditionnelles de guerre maori, le « Haka for Israel », en soutien pour l’État juif et pour la libération des otages. Et ainsi de suite dans des endroits insolites dans le monde entier, des événements émouvants d’amour ardent pour le peuple juif et pour son combat.

***

Le titre de BHL risque donc d’entretenir un mythe négatif

et bien d’autres inexactitudes

La société israélienne, BHL ne la connaît que très superficiellement et n’essaye même pas de la rencontrer dans ses strates populaires quand il passe en coup de vent en Israël. Même les Israéliens originaires de France et d’Algérie comme lui s’exprimant dans sa langue, il ne tente pas d’avoir avec eux un vrai débat. Pourtant les interlocuteurs ne manquent pas. Il se contente d’universitaires de gauche lui ressemblant.

A cet égard une anecdote édifiante. Lors d’une conférence à Jérusalem vers 2006 ou 2007 sur le thème « Benny Lévy et Sartre ». Un sujet au demeurant très intéressant. BHL soutenait que Sartre à la fin de sa vie aurait poussé Benny Lévy zal à approfondir sa quête le menant au retour à l’orthodoxie juive la plus stricte. Pour défendre cette thèse, BHL a arrondi les angles à l’excès. Beaucoup dans le public ayant connu intimement Benny voulaient en débattre. Or BHL s’était pointé sur la scène avec tout le maniérisme d’une star du show business. Et la phase questions et réponses qui clôt ce type de rencontre a été annulée. Le public n’a pas été autorisé à intervenir. Certains ont essayé, mais il est parti, provoquant un mécontentement général. C’en était grossier d’arrogance de la part de BHL envers un public francophone dont certains avaient fait le déplacement de loin.

Il est à préciser que quelques années plus tard, en 2010, juste après l’appel de JCall, lors du colloque de l’ambassade de France à Tel Aviv sur le thème de la démocratie, les francophones d’Israël n’ont pas donné leur part au chien. BHL s’y est fait chahuter par ce public comme jamais il ne l’a été de sa vie, ni en France ni ailleurs. Il l’avait mauvaise. Certains d’entre vous lisant ces lignes s’en souviennent. La veille, à l’ouverture du colloque, BHL avait été vu sortir d’une limousine noire avec quatre, pas deux, ni un, mais quatre gardes du corps (?!) Ça faisait clinquant, prétentieux. La ministre de la culture du Gouvernement Netanyahou, Limor Livnat, n’était venue à ce colloque qu’avec un seul garde du corps. Qui à Tel Aviv allait s’en prendre à BHL ? Personne ne songeait à l’agresser, ni à l’insulter, ni à l’injurier. Juste ils l’ont chahuté pour lui signifier leur indignation suscitée par sa signature sur JCall.

Rappelons-le, JCall était un appel d’intellectuels juifs européens (dont Alain Finkielkraut, Boris Cyrulnik et d’autres) à la communauté internationale pour mettre sous tutelle Israël.

C’est-à-dire exiger des pays dits démocratiques d’imposer à l’État juif le suicide appelé« solution à deux États ».

On avait déjà vu comment cette perspective nous avait littéralement explosé au visage avec Oslo. Et de surcroît en avant-première avec le retrait de la Bande de Gaza ce qu’une telle solution nous réservait. Mais BHL n’a toujours pas saisi la relation de cause à effet pourtant grosse comme une montagne d’une telle approche.

La majorité des Israéliens ont mandaté le gouvernement israélien actuel et refusent qu’un État d’invasion arabe qui serait immanquablement nazislamiste soit érigé sur la partie centrale de la terre d’Israël, en Judée Samarie et à Jérusalem.

Israël, ce ne sont pas comme l’affirme BHL les gens de gauche qui font certes beaucoup de bruit et manifestent contre le Gouvernement Netanyahou.

Ce Gouvernement est on ne peut plus légitime, plébiscité par la majorité des Israéliens. Benny Gantz que BHL porte aux nues dans cette interview est une marionnette de l’administration Biden comme en son temps le Général Pinochet au Chili était une marionnette de l’Administration Nixon.

Gantz que BHL dans ses fantasmes croit qu’il dirige la guerre à Gaza n’est qu’un ministre sans portefeuille et n’a pas été choisi comme Premier ministre d’Israël par l’électeur israélien.

Il serait temps pour BHL dans ses propos de se conformer à la réalité et à la vérité israéliennes concrètes, sinon, ce qu’il raconte n’est que très peu fiable.

Dans toutes les interviews susmentionnées, BHL déclare qu’il n’est plus le même depuis le 07 octobre.

Vraiment ?

Il nous prêche toujours les solutions qui ne se sont soldées que par des horreurs en série pour nous. En nous affirmant que l’initiative de Genève était souhaitable, BHL ne fait aucun travail d’introspection. Le 7 octobre ne l’a pas changé et il continue de se faire des films et de jouer avec notre réalité comme avec de la pâte à modeler.

Toutefois, terminons sur une note positive et optimiste. Louons le fait que Bernardo Enrico reste solidaire de l’État juif et ne se joint pas à la meute des bouffons des plateaux TV à faire leur fausse piété d’appels au cessez-le-feu.

Ceux qui font le coup de l’empathie tous azimuts, l’empathie pour les victimes du massacre du 7 octobre, et l’empathie pour les nazislamistes « à qui il faut enfin un État » – cette fausse symétrie de posture de coquetterie servile avec les Delphine HorsvaleurNathan Devers, et des universitaires comme Dominique Moïsi, Alain Dieckhoff et autres se disant « proches d’Israël » qui vont jusqu’à admettre que Tsahal aurait commis des crimes de guerre sans savoir lesquels, ni où, ni comment.

Heureusement pour lui, BHL s’est singularisé par rapport à ces personnages qui ne sont pas des « Juifs de service », mais des « Juifs hors service. » 

© Meir Ben Hayoun

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2 Comments

  1. N oubliez pas que BHL est un juif parisien , non sioniste .
    Son pays est la France , il defend adroitement la position d Israel et prend parti sans equivoque pour le peuple juif .
    Israel n est pas son pays , les israeliens ne sont pas ses concitoyens et ne le seront jamais .
    BHL fait un formidable travail et je l en remercie .

  2. Outre que BHL défend Macron et l’UE, donc…les alliés de l’islamisme, il n’est certainement pas l’une des personnes les mieux à même de défendre Israël. Du faut de son passif.

    Ce que malheureusement retiendra l’Histoire de BHL, ce n’est pas son courageux soutien à Israël (seule chose positive qu’il ait faite, ce ne sont certainement pas ses ouvrages
    (très, très médiocres) mais le rôle qu’il a joué dans la désastreuse expédition lybienne et surtout le naufrage de la croisade russophobe. La défaite de la coalition pro Kiev sera sans doute militaire et économique, mais il s’agit plus encore d’une défaite MORALE. Ayant encore plus contribué à la chute du monde occidental.
    Très bon article de Meir Ben Hayoun.

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