Élection européenne du 6 au 9 juin, Levons le voile. Par Francis Moritz

Les sondages récents l’indiquent :   Pour l’essentiel, l’extrême droite progresserait avec des gains importants, sans toutefois être majoritaire, mais suffisamment forte pour lui donner un pouvoir d’opposition fonction de sa capacité à s’unir ou à se fractionner ponctuellement.

Projections actuelles

Ce qui ne signifie pas, à ce stade, que l’extrême droite détiendrait la majorité dans l’Assemblée constituée de 720 députés[1]. C’est l’Allemagne qui en a le plus grand nombre (proportionnel à la population), 96 députés, suivie de la France, 81, ensuite l’Italie avec 76 députés.

Dans chaque pays les alliances sont parfois hétéroclites et le regroupement ne se fait pas de façon homogène. La majorité resterait aux Partis traditionnels, mais avec une force sérieusement réduite. De ce fait instable. Ce qui est nouveau.

La formation d’une coalition sera d’autant plus difficile que les intérêts nationaux pèseront et prévaudront sur la formation de coalitions et leur manque relatif d’homogénéité. Il en va de même pour les électeurs, qui voteront en fonction de leur problématique nationale : pouvoir d’achat, immigration, insécurité, agriculture, logement, éducation, notamment ; il y a diverses élections locales et régionales dans cette période.

Les gains[2] de l’extrême droite devraient se confirmer dans au moins neuf pays[3], tandis que dans neuf autres[4] elle prendrait la deuxième ou la troisième place. 

En France, selon le plus récent sondage, le RN est crédité de 30-31% avec une avance sur Renaissance qui est à 18%. Le PS étant à 11,5%, les écolos à 8,5%, LFI et LR à 7%.  Les européistes conserveraient 63% des sièges.

Le mandat de la Commission se termine après les élections.  Ursula von der Leyen a déjà déclaré sa candidature à sa réélection. Elle est entrée en campagne pour tenter d’anticiper la distribution des postes et rôles dans la composition des Commissions, en incluant l’extrême droite, au vu de sa probable majorité réduite, instable, voire fragilisée, si elle est choisie.

L’extrême droite, regroupée représenterait 25% des sièges.

Si certains Partis changeaient d’alliance, une nouvelle alliance avec les groupes d’extrême droite atteindrait 48 à 49% des sièges qui avec  quelques non-inscrits pourraient atteindre ou dépasser 50%. Ce serait inédit.

Les acteurs en présence

Renew Europe, dont Renaissance fait partie, actuelle troisième force avec 101 députés, devrait chuter à moins de 100 . Bien que réduit, ce groupe peut rester le « faiseur de roi ou de reine », compte tenu des disparités entre les groupes, réunissant le plus petit dénominateur commun entre les européistes convaincus, les fédéralistes et toutes les nuances intermédiaires ; ceux qui veulent le mélange des cultures et la souveraineté européenne contre ceux qui sont souverainistes et veulent exercer sans être les sujets de Bruxelles.

Le Parti Populaire Européen, force de droite favorable à la construction européenne et dont Mme Von der Leyen est la candidate, qui se dit favorable à un durcissement de la politique migratoire – ce qui ne se vérifie pas dernièrement – sauf par la conclusion d’accords avec certains des pays de départ (Turquie, Tunisie, Libye, Égypte) qu’on veut transformer en camps retranchés pour empêcher les migrations vers l’Europe, moyennant finances.

Perspectives actuelles, fin du plafond de verre

Le PPE (Parti Populaire Européen) restera probablement le groupe le plus important et Mme von der Leyen pourrait être réélue.

A la différence des positions affichées en France, le dialogue existe avec l’extrême droite, Le ministre italien des affaires étrangères a dejà appelé à poursuivre le dialogue après l’élection. Ces manœuvres confirment un net glissement vers la droite. Le meilleur exemple en est la relation entre l’Italienne Georgia Meloni et la Présidente de la Commission. On n’a pas oublié l’étiquette de néo fasciste que lui a collée la majorité en France. Mme von der Leyen négocie tous azimuts tout en énonçant trois lignes rouges : collaboration uniquement avec des forces pro- européennes, respect de l’état de droit, soutien à l’Ukraine et adhésion à la lutte contre la Russie. 

On voit bien que certains pays sont visés.  Ce qui est clair est que le fameux plafond de verre et son corollaire le cordon sanitaire volent en éclat. En démocratie, on ne peut pas éternellement ignorer une partie importante des électeurs avec des slogans creux, surtout quand une extrême gauche autrement plus dangereuse s’illustre par ses postures quotidiennes qui ne prônent rien de moins que le chaos et s’inscrivent dans un antisémitisme avéré à des fins électorales.

Antisémitisme en Europe, bilan

Le grand plan de lutte contre l’antisémitisme de la Commission a totalement échoué. 

En 2019 la Commission dévoilait ce qu’elle qualifiait de toute première stratégie européenne de lutte contre l’antisémitisme et de soutien à la vie juive.

La Présidente de la Commission, Mme Ursula von der Leyen, déclarait : Nous nous engageons aujourd’hui à soutenir la vie juive en Europe dans toute sa diversité. Nous voulons voir la vie juive s’épanouir à nouveau au cœur de nos communautés… La stratégie que nous présentons constitue un changement radical dans la manière dont nous réagissons. L’Europe ne peut prospérer que lorsque ses communautés juives se sentent en sécurité et prospèrent.

À son tour Mme Margarita Schinas, Vice-Présidente chargée de la promotion de notre mode de vie européen,  ajoutait :  L’antisémitisme est incompatible avec les valeurs de l’UE et avec notre mode de vie européen. Cette stratégie constitue notre engagement à la combattre […] et à garantir un avenir pour la vie juive en Europe et au-delà… Nous le devons à ceux qui ont péri pendant la Shoah. […] Aux générations futures.

Il s’agissait essentiellement de communication mais en l’absence de moyens adéquats et de volonté, l’échec était inéluctable.

Afrique, Moyen Orient, bilan

Collectivement l’Union a été mise à la porte du Sahel. D’abord la France, puis les quelques autres troupes de l’Union. Mr Josep Borrell en parle beaucoup moins que de Gaza. Au Moyen Orient, l’UE n’a pas été capable d’empêcher la réduction du Liban à une colonie iranienne, par son affidé le Hezbollah.  L’UE était totalement absente jusque-là et pense qu’elle peut désormais jouer un rôle avec ses 27 ministres des affaires étrangères et des positions divergentes. Enfin la Commission a conclu un accord  sur le partenariat stratégique et global entre l’Égypte et l’Union Européenne :Dans le texte L’UE reconnaît l’Égypte comme un partenaire fiable […] «Pilier de la sécurité, de la modération et de la paix dans la région. […] Les deux parties rappellent leur attachement aux principes consacrés dans la Charte des Nations Unies.

Dans les domaines spécifiques … et au milieu de la déclaration, on découvre le domaine de la migration et la mobilité : L’Égypte et l’UE adoptent une approche de la gouvernance des migrations … Bref un investissement de l’ordre de 5 milliards est prévu. Malgré l’emballage-cadeau on comprend qu’il s’agit d’empêcher les migrations vers l’Europe, moyennant un soutien financier.

Israël, état des lieux 

Les déclarations sont trop nombreuses. Là aussi les différences entre les 27 sont réelles. Monsieur Borrell a produit un plan en dix points. À mesure que la date du 7 octobre s’éloigne, son discours se fait de plus en plus dur, exigeant et catégorique. Le mot Cesser le feu est devenu son leitmotiv beaucoup plus que celui de Retour de tous les otages. Le lexique s’élargit : génocide, écocide, sanctions, embargo sur les armes, plus que soutien à Israël à se défendre, alors qu’on sait qu’aucune guerre n’est parfaite : Hiroshima, Nagasaki, Mossoul, Berlin, Normandie, Irak, Afghanistan, ex Yougoslavie, Syrie…

Soutien à l’UNWRA : Suite à l’enquête d’Israël sur les participants au pogrom et membres du Hamas, l’aide avait été suspendue. Elle a repris.

Chacun fait de la politique en vue de la suite, l’échéance de juin rebattra les cartes et il convient de se placer ! Alors on n’hésite pas à oublier ce qu’on avait dit 15 jours plus tôt. Ainsi va le monde qui marche sur une jambe et boite de l’autre.

© Francis Moritz

Source : Conseil européen des relations étrangères (ECFR)

Ipsos mars 2024

Sources: Ipsos pour Euronews – Enquête sur les élections européennes (mars 2024) • 

BFM avril 2024


Notes

[1] Sièges estimés (720)   Changement estimé 

La Gauche 37   42 + 5

Groupe des Verts/Alliance libre européenne 72  55 – 17 

Sociaux-démocrates140 136 4

Renew Europe 102  85 –  17

Parti populaire européen 17  81 >  77 1

Conservateurs et Réformistes européens 68  76 +8

Identité et Démocratie 5981 22 Non-inscrits 49  68 +19

[2]

[3] France, Belgique, Italie, Pays Bas, Autriche, Pologne, Slovaquie, Tchéquie, Hongrie

[4] Espagne, Bulgarie, Allemagne, Estonie, Finlande, Lettonie, Portugal, Roumanie

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3 Comments

  1. L’extrême droite ? Elle est déjà au pouvoir : la FI + Macron. Quant à l’UE, c’est la digne héritière du 3eme Reich. Donc cette analyse repose à la base sur la novlangue habituelle. Ce à quoi l’on pourrait assister, c’est au contraire à une montée des partis de résistance face au nazisme et au collaborationnisme majoritaires.

  2. L’UE, bâtie sur le mensonge et la peur, est l,une des plus grandes impostures politiques de tous les temps. La rhétorique européiste représente une des pires formes de lobotomie collective de tous les temps : naturellement, qualifier d’extrême droite les partis refusant le totalitarisme, l’obscurantisme islamiste et le naufrage économique relève de l’imbécillité la plus crasse et du contre-sens historique.
    L’économie française est au bord du gouffre, et la note de l’État français aurait déjà été dégradée si les agences de notation ne craignaient pas un effondrement de l’euro,’mais celui-ci aura lieu tôt ou tard. Quant à Macron, l’un des deux plus grands imposteurs de l’histoire de France (l’autre étant Pétain), il est pris pour un crétin et fou va-t-en guerre par ses homologues européens, et même par les Américains. Si les Allemands et Bruxelles n’osent pas trop critiquer publiquement, c’est également parce qu’ils craignent que la chute politique de l’usurpateur entraîne celle de l’UE. Ce que personnellement j’appelle de mes voeux : l’Européisme est un fanatisme et l’UE est un totalitarisme qu’il est impossible de réformer de l’intérieur

  3. Le titre est assez (sans doute involontairement) ironique, car l’UE cherche à nous imposer la dhimmitude et le voile. Merci aux internautes qui débunkent la doxa délirante de l’Euro-islamisme.

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