Les Blessés. Par Hannah – בוקר טוב ירושלים

Tous les jours nous voyons s’afficher des visages souriants sur les écrans de télévision. Ce sont ceux des soldats tués quelques heures auparavant, avec cette phrase: אותר לפרסום, autorisé à la publication. 
Et puis il y a tous ceux dont nous ne voyons pas les visages, ils sont souvent gravement touchés mais heureusement en vie. Les blessés de Gaza les plus touchés arrivent en hélicoptère à l’hôpital universitaire Soroka de Beer Sheva.

Dans ce reportage de la chaîne 11, un journaliste a suivi le Dr Vadim Benkowitch qui dirige le département de traumatol0gie de l’hôpital Soroka.

Dr Benkowitch:
Le 7 octobre, 70 blessés arrivèrent en 70 minutes, des blessés graves. Chaque minute entrait un blessé, en 16 heures nous avons dû traiter 700 blessés. Il n’y a pas de précédent dans le monde occidental
Mais il y avait quelque chose en plus: nous avons été confrontés à des histoires personnelles telles que je n’en ai jamais rencontré en 30 ans de carrière: soigner une enfant blessée dont la mère a été assassinée sous ses yeux, un autre enfant dont les parents se sont couchés sur lui quand les terroristes ont lancé des grenades. Blessé, il a dû attendre des heures dans le mamad* sous les corps de ses parents avant d’être secouru. Nous avons découvert ce qu’est le Mal, un Mal raffiné. Je n’oublierai pas et ne veux pas que d’autre oublient, c’est pourquoi je raconte tout ça.

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Les massacres du 7 octobre n’ont pas épargné non plus son équipe, en particulier Shifra Slotki, une jeune infirmière. Le 7 octobre, les deux frères de Shifra, Noam et Ishay, sont partis aider les habitants de Sderot, armés seulement de leur arme personnelle.
Shifra: Ils ont entendu dire que des terroristes etaient entres dans Sderot et que la ville était restée sans protection de l’armée. Yishay n’a pas réfléchi à deux fois, il n’a même pas demandé combien il y avait de terroristes. Il a amené sa famille chez Noam et est parti. Noam l’a suivi. ils sont sortis vers 8h30 de Beer Sheva en direction de SderotJe leur ai parlé vers 9h. Déjà à 9h40 plus personne ne répondait et l’après midi nous avons compris qu’il leur était arrivé quelque chosePendant 5 jours ils ont été considérés comme disparus jusqu’à ce qu’on retrouve leurs corps. Ils avaient été tués à l’entree du kibboutz Aloumim.
Après la shiva*, nous avons appris qu’ils avaient combattu tous les deux contre une quarantaine de terroristes, ils ont même utilisé les kalachnilov des terroristes qu’ils avaient tués, environ une vingtaine, tirant sans s’arrêter. 

C’est très dur mais je suis en même temps très fière d’eux… Nous étions très proches, toujours ensemble, ce sont des héros..
Dr Benkowitch: Elle n’est pas moins héroine qu’eux, elle est revenue travailler à la fin de la shiva en souriant aux malades avec compassion et noblesse d’âme.
Shifra: La shiva s’est terminée un jeudi, le vendredi j’étais là, c’était dur mais pour moi c’était bien et important d’être occupée et c’est indispensable quand je vois tous ces soldats
Le chirurgien fait sa tournée, s’enquérant non seulement de l’état de leur blessures mais rassurant aussi les parents. Il fait sourire un des blessés: Cela ne t’embête pas d’avoir un golantshik* à côté de toi? Et à un autre: Tu marches, tu t’en es bien sorti, c’est un vrai miracle.
Il explique: 80% des blessés sont hospitalisés dans le service d’orthopédieIls sont surtout blessés aux bras, jambes et à la colonne vertébrale car ils portent un gilet en céramique qui les protège

Cela fait déjà deux mois que Vadim Benkowitch passe plus d’heures à l’hôpital que chez lui. Il n’a pas vraiment le temps de se reposer et montre un matelas en mousse toujours enveloppé de plastique qu’il n’a pas pu utiliser. 
Il faut savoir aussi que trois des enfants du Dr Bentowitch combattent à Gaza: deux d’entre eux sont dans des commandos et le dernier, âgé de 19 ans, commande un tank. Chaque arrivée d’hélicopter à Soroka l’angoisse profondément.
Dr Bentowitch: Je vis dans la peur. Ma femme et moi, nous vivons dans la peur. Le sort de mes fils, c’est mon point faible. C’est là que je commence à bredouiller. Quand on est au fond du trou, il n’y a plus d’athés, nous prions tous. J’ai déjà dû traiter des amis de mes enfants. Mon fils m’envoit un whatsapp au sujet de blessés qu’il évacue, je les reçois et il s’attend à ce que je lui réponde… 
Je voudrais tellement me réveiller de ce cauchemar et continuer ma vie comme avant quand ce n’était ni facile ni simple, très intensif mais où j’avais le contrôle. Ici, je ne l’ai pas.
Il bavarde avec les blessés et leurs parents… 
Je leur dis toujours: La guerre est finie pour ton fils, il est vivant et soyez heureux qu’il s’en soit sorti malgré ce qui lui est arrivé, malgré les blessures et aussi parfois l’infirmité avec laquelle il devra vivre.
Il visite un des blessés, Erez Bitton qui peut maintenant s’asseoir. Sa mère, Moria raconte: Ils étaient 8 soldatsl’un d’eux a été tué, les autres ont des blessures de gravités differentes, Erez doit subir encore une opération mais il récupèrera… 70 jours de guerre et d’angoisse, mais nous allons mieux et nous remercions DieuLe coup de fil qui nous a le plus rassurés c’est quand nous avons appris qu’il n’était que blessé et qu’on l’emmenait à Soroka.
Le journaliste:
Nous avons suivi le Dr Bentowitch pendant un jour à Soroka depuis 78 jours et nous ne voyons toujours pas encore l’horizon s’eclaircir.
Dr Benkowitch: Parfois j’aimerais simplement m’assoir et pleurer mais je n’y arrive pas et je n’ai pas non plus le temps pour ça, mais j’attends le jour où je pourrai le faire, où nous pourrons tous le faire et surtout le faire ensemble.

Certains blessés reviennent de loin comme Noa Zeevi, instructrice des nouvelles recrues à la base de Zikim. C’est une véritable héroïne bien qu’elle ne se souvienne pas d’avoir couru sous le feu pour aider un de ses officiers blessés. Elle a reçu une balle dans la tête tandis que son ami Omri était tué après l’avoir mise à l’abri dans un espace protégé en béton. Elle a survécu contre toute attente et, après de nombreux soins, elle est arrivée à récupérer presqu’entièrement. Elle devra cependant subir une autre opération de reconstruction de son crâne et de l’orbite de son oeil droit désormais aveugle.

La base Bahad 4 de Zikim n’est finalement pas tombée aux mains des terroristes grâce à l’ingéniosité et au sacrifice des officiers qui ont protégé leurs recrues.


Un résumé de la vidéo pour ceux qui ne comprennent pas l’hébreu:
A 6h tout commence par des tirs de missiles, le commandant met à l’abri les 90 jeunes recrues qui ne sont à l’armée que depuis 2 mois, rassemble les officiers et sécurise la base qutqnt auùil le peut. 
De nouveaux tirs, cette fois d’armes automatiques qui proviennent de la plage. Des dizaines de terroristes, arrivés en canots pneumatiques, tuent des vacanciers qui faisaient du camping.
Malheureusement peu après, les terroristes pénètrent dans la base. Les soldats entendent les premiers allahouakbar, des tirs et les premiers blessés recoivent des soins sous le feu des tirs nourris. Le commandant Yannay Kaminka cours remplacer les soldates de garde à l’une des entrées principales et cours vers la plage pour exfiltrer les vacanciers survivants du massacre et les protéger dans des megouniot (abri en béton).
La jeune Or Moses se bat seule contre des terroristes tandis que ses camarades sont blessés. Il en est de même dans toute la base. Sur la vidéo, vous pouvez voir les messages whatsapp qui rendent compte de la terrible situation.
A 8h 15, 4 officiers ont ete tués: les lieutenants Yannay Kaminka et Hadar Ben Simon, le sergent-chef Omri Nir Feueurstein et le sergent Eden Alon-Levy et peu après, le commandant Adir Aboudi de 23 ans, la capitaine Or Moses ainsi que le soldat Neria Aharon Hagari venu les aider. Deux heures plus tard, des forces de Tsahal arrivent pour secourir les blessés. La base n’est pas tombée aux mains des terroristes et les recrues ont survécu.

Ce jour là aussi, de nombreux civils et soldats ont été enlevés ou assassinés. 
Certains heureusement ont réussi à sauver toute leur famille comme Yossef Rojansky. Ce Shabbat noir, Yossef était avec ses petits-enfants au kibboutz Holit. Pendant de nombreuses heures, il a tenu fermée la porte du mamad* que les terroristes essayaient d’ouvrir. Il a perdu sa jambe touchée par des éclats de grenade. Sa femme, Ella, et ses petits-enfants ont également été blessés mais se sont rapidement rétablis. 

(Ella et Yossef se rencontrent enfin après avoir été séparés pendant un mois à l’hopital)

Un journaliste l’interroge: Vous êtes arrivés en 1991 d’Union Soviétique? 
Oui, l’ambiance n’était pas bonne alors en Russie, là où nous vivions il y avait des rumeurs de pogroms et nous n’étions pas tranquilles.
Et vous êtes plus tranquilles ici? Même après le 7 octobre?
Oui, ici nous faisons partie du peuple, ce que nous vivons, tout le monde le vit. Quand je suis arrivé ici, je me suis tout de suite senti à la maison
.
Maintenant, Yosef se rétablit à l’hôpital. Maitre d’échec, il passe son temps à enseigner les échecs à d’autres patients de l’hôpital Ikhilov de Tel Aviv où se rétablissent de nombreux blessés.

A bientôt,

*Jusqu’à présent, le 81 ème jour de guerre, nous comptons dans les rangs de Tsahal 491 tués depuis le début de la guerre dont 333 le seul 7 octobre et 2023 blessés dont 1189 ce jour là.

© Hannah

Lexique

*Mamad: pièce sécurisée

*Golantshik: soldat de la brigade Golani. Ils sont toujours en compétition avec les parachutistes

*Shiva: la semaine de deuil

Source: Boker Tov Yerushalayim

https://bokertovyerushalayim.wordpress.com/2023/12/26/les-blesses/

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