Pourquoi Gershon Baskin, négociateur d’otages israélien, a-t-il coupé le contact avec le Hamas

L’ancien soldat israélien Gilad Shalit et Gershon Baskin, militant israélien pour la paix et négociateur d’otages Gershon Baskin. 
Photo avec l’aimable autorisation de Gershon Baskin

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Gershon Baskin, qui a aidé à négocier la libération du soldat israélien Gilad Shalit en 2011, affirme que ses contacts au Hamas n’ont aucune influence sur le sort des otages israéliens.

Gershon Baskin est une figure rare de la vie sociale et politique israélienne. Militant pour la paix de longue date, il a conseillé les gouvernements israélien et palestinien sur le conflit et le processus de paix maintenant stagnant.

Baskin est largement connu pour son rôle de fer de lance des négociations avec le Hamas lors de la libération de Gilad Shalit, enlevé par le groupe militant lors d’une attaque transfrontalière en 2006 et tenu en otage à Gaza pendant cinq ans.

Pendant près de deux décennies, Baskin a cherché à maintenir des canaux de communication ouverts avec les membres de l’aile politique du Hamas. Mais trois semaines après l’attaque du Hamas du 7 octobre contre le sud d’Israël, Baskin a publié une “Lettre ouverte à Ghazi Hamad, haut responsable du Hamas”, avec qui il avait conclu “l’accord Shalit”.

Baskin y écrit qu’après 18 ans d’association, leur relation de travail a été endommagée de manière irréparable. Hamad, pour sa part, gère depuis Beyrouth et depuis le début de la guerre une grande partie de la stratégie de communication du Hamas.

“J’ai toujours pensé que vous étiez un homme aux principes d’humanité. Comment pouvez-vous justifier les exactions que votre peuple a commises ? J’ai pour ma part qualifié le bombardement israélien de civils innocents à Gaza de crime de guerre”, écrit Baskin dans ladite lettre.

Si la communication de Baskin avec le Hamas s’était épuisée ces dernières semaines, le chroniqueur et auteur a continué à s’engager via les media, disant qu’il parlerait à n’importe qui si cela signifiait ramener les otages à la maison.

Al-Monitor a parlé à Gershon Baskin à Jérusalem de ses propres lignes rouges et de l’orientation des négociations sur les otages. L’interview a été éditée pour plus de longueur et de clarté:

Interview

Pourquoi avez-vous décidé de rompre les liens avec Ghazi Hamad du Hamas maintenant, après une si longue association ?

J’essayais de conclure un accord pour la libération des otages dès que possible. J’avais fait une proposition à Ghazi pour un accord qui verrait les femmes, les enfants, les personnes âgées, les malades et les blessés libérés dans le cadre d’un échange. Il a dit qu’il en parlait aux dirigeants, c’est-à-dire le leadership à Gaza et à Doha.

Je lui ai fait confirmer que l’accord dont nous parlions serait acceptable par les dirigeants, à la fois à Gaza et à Doha, et il m’a confirmé que c’était le cas. Je lui ai ensuite demandé de s’assurer qu’ils transmettraient la proposition aux Qataris, interlocuteurs clés dans les négociations en cours, et il m’a recontacté et m’a dit que les Qataris avaient envoyé le message aux Israéliens. J’ai vérifié… et j’ai découvert que les Qataris avaient en fait envoyé “autre chose”, pas ce dont nous parlions. Cela m’a fait comprendre que les gens du Hamas à qui je parlais, y compris Ghazi, n’étaient vraiment pas liés à une prise de décision pertinente.

J’en ai eu marre d’avoir des conversations aggravantes et dénuées de sens avec des gens qui n’avaient rien à voir avec les décisions réelles qui devaient être prises.

Et puis, il a eu une interview de la BBC, qu’il a diffusée, où il niait que le Hamas ait fait ce qu’il avait fait le 7 octobre.

Puis il y a eu cette interview en arabe à la télévision libanaise où non seulement il a cessé de le nier, mais où il l’a justifié, répétant: “Nous le ferons encore et encore, Israël doit être anéanti, Israël est un État illogique et illégitime”. Pour moi, c’était juste rédhibitoire.

Est-ce différent de la rhétorique que vous aviez entendue de lui auparavant ?

Je n’avais jamais entendu de rhétorique comme ça de sa part auparavant. Jamais. Nous avons eu plus d’un millier de conversations. Rien de tel n’avait jamais été dit.

Selon vous, quelle est la stratégie du Hamas en ce qui concerne les négociations sur les otages ?

Il n’y a qu’une seule stratégie, et c’est la stratégie de libération de tous les prisonniers palestiniens en Israël, objectif déclaré du chef du Hamas, Yahya Sinwar. Dans chaque discours important qu’il a prononcé au fil des ans, Sinwar a déclaré qu’ils allaient libérer tous les prisonniers en Israël. Maintenant, ils sont au milieu d’une guerre, et ce que le Hamas veut faire, c’est prolonger le plan de libération pour maximiser un cessez-le-feu potentiel. Quel que soit l’accord, que ce soit trois ou cinq jours, ils espèrent prolonger la libération des otages en croyant qu’une fois qu’un cessez-le-feu de quelque longueur que ce soit commencera, la communauté internationale fera pression sur Israël pour qu’il mette fin à la guerre. Le Hamas sortirait alors victorieux de ses tunnels, car il détiendrait toujours un grand nombre d’otages. Ils préféreraient de loin négocier avec Israël pour la libération de tous les prisonniers en Israël. Les femmes, les enfants, les personnes âgées, ce ne sont qu’un fardeau pour eux.

La première livraison de carburant est entrée à Gaza mercredi avec l’accord d’Israël. Qu’en pensez-vous ?

Je considère que cela fait partie des négociations sur les otages. Lorsque j’ai parlé aux membres de l’équipe américaine des otages, ils ont évoqué très fortement la nécessité de prendre des mesures pour renforcer la confiance afin de rendre un échange possible. Et je considère l’accord sur le carburant conforme à cet objectif.

Parlez-vous actuellement à des responsables israéliens qui travaillent sur la libération ?

Je ne l’ai pas fait depuis quelques semaines. Je parle à des gens qui leur parlent, mais je ne parle à personne directement dans le Cabinet de guerre d’Israël. Quoi qu’il en soit, je pense que même les membres du Cabinet de guerre ne savent pas tout ce qui se passe parce que la piste égyptienne est gérée par le chef du Shabak, l’agence de sécurité intérieure israélienne, et la piste qatarie par le chef du Mossad, et ils n’informent pas nécessairement tout le monde.

Comment regardez-vous en flash back l’accord Shalit , par lequel un soldat israélien a été échangé contre plus de 1 000 prisonniers palestiniens, y compris Sinwar, considéré comme le cerveau de l’attaque du 7 octobre ?

Personne ne m’a jamais demandé mon avis sur cet accord. Je n’ai pas voté. Je n’ai pas mis les noms des personnes à libérer. J’ai négocié de mai 2011 à la mi-juillet 2011. Les négociations ont ensuite été prises en charge par les Égyptiens, les Israéliens et le Hamas. Et était-ce une bonne affaire ? Non, ce n’était pas une bonne affaire. C’était le seul accord qui pouvait ramener Gilad en vie. Et le Premier ministre Netanyahu et 26 membres de son gouvernement ont décidé qu’il était plus important de tenir la promesse que nous ne laissons personne derrière nous que de respecter la valeur ou le principe selon lequel nous ne négocions pas avec les terroristes. À l’époque, 80 % du public israélien a soutenu l’accord.

Comment vous, un militant de la paix, procédez-vous pour avoir ce genre de conversations avec les dirigeants du Hamas ?

Au fil des ans, j’ai parlé aux dirigeants du Hamas à Doha et à Gaza, mais tous les dirigeants à qui j’ai parlé proviennent de l’aile politique du Hamas et non de l’armée, connue sous le nom d’al-Qassam, et non de la brigade de combat du Hamas. Les gens à qui je parle depuis le début de la guerre, y compris Ghazi Hamad, font tous partie du bureau politique. Quoi qu’il en soit, ma conclusion était que les personnes à qui je parlais, qu’elles soient à Doha ou à Gaza, ne sont pas celles qui ont des conséquences en termes de prise de décision concernant les otages.

Si je croyais que parler à nouveau à Ghazi Hamad pourrait sauver la vie des otages israéliens, je lui parlerais. Mais il ne sert à rien de lui parler parce qu’il est clair pour moi qu’il ne peut rien faire qui soit utile.

Les dirigeants ne s’enfuient pas pour être porte-parole d’une guerre à Beyrouth. Les vrais dirigeants restent avec leur peuple lorsqu’ils commencent une guerre. Et ces gens à qui j’ai parlé ne sont pas de vrais leaders. J’espère que le peuple palestinien leur fera payer le prix de leurs échecs. Je ne vois aucun scénario où le Hamas est en charge de Gaza à la fin de cette guerre.

Source: al-monitor.com

https://emailcampaign.al-monitor.com/t/t-l-viryhiy-vulhtzlt-y/

Merci à Alexandre Feigenbaum

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