“Les Juifs tuent des enfants”, c’est bien connu… Par Shmuel Trigano

L’observateur aura noté que, dans les débats sur la guerre de Gaza, si, parfois, on compatit aux victimes juives du Hamas, intervient toujours un moment où l’on évoque les “bébés et les femmes” victimes innocentes de la riposte de l’armée israélienne (dixit Macron), qu’Israël devrait limiter et stopper, sans quoi l’opinion mondiale se retournerait contre lui. De victime, il devient un monstre. Nous connaissons un tel renversement aujourd’hui. C’est ce que dit le chef de l’Etat brésilien, Lula : “L’attitude d’Israël à l’égard des femmes et des enfants est semblable au terrorisme. On ne peut pas dire autre chose”. C’est ce que dit Justin Trudeau, chef de l’État canadien: “Cessez de tuer des femmes, des enfants et des bébés dans Gaza assiégée”.

C’est un phénomène très étrange qui ne se rencontre que lorsqu’il est question des Juifs (israéliens) et que ceux-ci se retrouvent pris dans une contre-offensive, au lendemain d’une époque durant laquelle personne ne s’était soucié urbi et orbi des “enfants juifs” sous des milliers de missiles et avec 250 000 personnes déplacées. On se souvient de la deuxième Intifada où la mort de “l’enfant Al Dura”, prouvée par la suite comme relevant d’une manipulation, avait été un motif idéologique considérable sur le plan mondial. Israël est bien le seul et unique Etat à être soumis à un tel traitement. Pas l’Ukraine, pas l’Arménie, pas la Chine etc. Et comme tel ce jugement pose question.

On assigne les Israéliens à l’obligation de se conformer à des règles et à un comportement tels qu’ils n’auraient aucune chance de survie dans la jungle des États et la pseudo “communauté internationale”. (On se souvient de “sionisme = racisme” qu’elle édicta un jour).

En fait il n’y a jamais eu en Occident de véritable reconnaissance du Juif comme légitime dans sa condition étatique. L’Occident repenti n’a reconnu en lui après la Shoah que la victime, mais une victime qui fait système avec son persécuteur repenti (l’Occident en l’occurrence).

Dans ce système, il ne faut pas que le Juif sorte de ce profil structurant sa légitimité : les pyjamas rayés des rescapés d’Auschwitz, oui, mais pas les habits de Tsahal. Dès que les Juifs (les Israéliens) sortent de ce cadre identitaire et moral, leur légitimité s’effondre : ils redeviennent inhumains et monstrueux. À ce moment, la compassion occidentale, toujours en quête d’autocongratulation, se retourne contre eux au nom et en faveur de leurs agresseurs qui deviennent alors le référent de la moralité, au nom de la mémoire de la Shoah.


Pourquoi alors “les enfants” (et les femmes) ? Ici, les terroristes du Hamas touchent une corde sensible. Ils vont chercher dans l’imaginaire occidental la corde sensible, j’entends un mythe typique de l’antisémitisme classique qui est devenu un mythe central du nouvel antisémitisme : le mythe du meurtre rituel qui accuse les Juifs de tuer à Pâques un jeune garçon non juif pour fabriquer avec son sang les galettes azymes de la fête. Les sources de ce mythe sont claires : un ensemble d’éléments découlant de la doctrine de l’eucharistie et de la mort de Jésus, le divin enfant… Il a connu une version en Orient avec l’affaire de Damas à la fin du 19 -ème siècle. Une dramaturgie en monde arabe (chrétien) de cette opération se produisit en effet en Syrie à la fin du 19eme siècle avec “l’Affaire de Damas”. Cet aspect du nouvel antisémitisme a déjà fait l’objet d’une étude dans un colloque et un dossier, plus qu’actuels, de la revue Controverses (numéro 10, mars 2009).

Je rajouterais un élément qui concerne plus spécifiquement les Israéliens qui font le maximum dans leurs procédures militaires et juridiques pour ne pas frapper de victimes civiles dans le combat militaire. Si l’on prenait le temps d’étudier ces procédures, on serait stupéfait car on peut aller jusqu’à dire qu’aucun pays ne les pratique. C’est sans doute pourquoi (il est trop “transparent” !) ces mêmes pays en accusent Israël et l’assignent à cette condition sacrificielle, témoin sacrifié de ce qu’ils prônent mais ne font pas.

© Shmuel Trigano

Shmuel Trigano est Professeur émérite des Universités

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4 Comments

  1. Incroyable formulation de ce grand dadais de Trudeau qui laisse entendre de façon calomnieuse que, comme le Hamas (que dit-il du Hamas, au fait ?) qui en effet a agi de cette façon , les Israéliens ciblent délibérément, volontairement, femmes et bébés. Les victimes collatérales d’une guerre, d’un bombardement n’ont rien à voir avec des assassinats sadiques. Et objectivement Israel, bien au contraire, fait le maximum pour éviter ces victimes collatérales.

    • Trudeau a été élu pour sa belle chevelure sa jolie guelle. Mais il est un des plus écoeurant chef, studpide, malicieux etc. du monde d’aujourd’hui. La plupart des Canadiens ont honte de lui.

      • Trudeau,Macron et consort ont tellement la trouille de leur population arabe ,qu’ils sont prêt à porter n’importe qu’elle accusation sur Israël,au point d’accuser Bibi d’avoir cassé le “vase de Soisson”

  2. En fait “ces gens là” n’aiment les juifs que quand ceux ci se laissent pogromiser sans rien dire.
    Qu’ils aillent se faire f.., comme on dit vulgairement

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