Kamel Daoud. La Trahison des médias

Photo Joel Saget / AFP)

« Une France à feu et à sang, avec Macron la tête sur le billot. C’est limage que l’on a de ce pays, vu de l’extérieur. Les médias français sont pour beaucoup dans cet effet de loupe sélectif et c’est même la loi du genre, pourrait-on penser pour excuser leurs ardeurs. 𝗠𝗮𝗶𝘀, 𝗽𝗲𝘁𝗶𝘁 𝗮̀ 𝗽𝗲𝘁𝗶𝘁, 𝗼𝗻 𝗰𝗼𝗺𝗽𝗿𝗲𝗻𝗱 𝗾𝘂𝗲 𝗹𝗮 𝗙𝗿𝗮𝗻𝗰𝗲 𝘃𝗶𝘁 𝗮𝘂𝘀𝘀𝗶 𝘀𝗼𝘂𝘀 𝗹’𝗲𝗺𝗽𝗿𝗶𝘀𝗲 𝗱’𝘂𝗻𝗲 𝗶𝗻𝘁𝗲𝗻𝘀𝗲 𝗽𝗿𝗼𝗽𝗮𝗴𝗮𝗻𝗱𝗲 𝗱𝗲́𝗯𝗿𝗶𝗱𝗲́𝗲, 𝗽𝗲𝘂𝘁-𝗲̂𝘁𝗿𝗲 𝗶𝗻𝘃𝗼𝗹𝗼𝗻𝘁𝗮𝗶𝗿𝗲 𝘀𝗼𝘂𝘃𝗲𝗻𝘁 𝗼𝗿𝗶𝗲𝗻𝘁𝗲́𝗲 𝗾𝘂𝗶 𝗱𝗲́𝗳𝗼𝗿𝗺𝗲 𝗹𝗲𝘀 𝗿𝗲́𝗮𝗹𝗶𝘁𝗲́𝘀. 𝗢𝗻 𝗲́𝘃𝗼𝗾𝘂𝗲 𝗱𝗲 𝗽𝗹𝘂𝘀 𝗲𝗻 𝗽𝗹𝘂𝘀 𝘂𝗻𝗲 𝘁𝗿𝗮𝗵𝗶𝘀𝗼𝗻 𝗱𝗲𝘀 𝗺𝗲́𝗱𝗶𝗮𝘀 : 𝗽𝗿𝗶𝗺𝗮𝘂𝘁𝗲́ 𝗱𝗲 𝗹’𝗼𝗽𝗶𝗻𝗶𝗼𝗻 𝘀𝘂𝗿 𝗹𝗲 𝗳𝗮𝗶𝘁, 𝗱𝘂 𝗽𝗮𝗿𝘁𝗶 𝗽𝗿𝗶𝘀 𝘀𝘂𝗿 𝗹’𝗲𝘅𝗮𝗰𝘁𝗶𝘁𝘂𝗱𝗲 𝗲𝘁 𝗱𝗲 𝗹𝗮 𝗺𝗮𝗻𝗶𝗽𝘂𝗹𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻 𝘀𝘂𝗿 𝗹𝗮 𝗱𝗲́𝗼𝗻𝘁𝗼𝗹𝗼𝗴𝗶𝗲.

[…]

Ce qu’une partie de l’opinion leur reproche, de plus en plus, c’est ce travail de destruction des institutions de la démocratie française. Ce n’est plus Macron qui est attaqué, ce sont le Sénat, le vote, le concept de l’élection et de la délégation politique, le poids de la majorité, le respect des urnes et des fonctions, etc. On en est à s’interroger, comme dans une dictature, s’il est utile de voter, et s’il ne faut pas destituer un président par la «rue». On en arrive à côtoyer, dans la bêtise, l’arbitraire populiste et à répéter que la légalité n’est pas dans l’élection ni dans la démocratie. Ce genre de raccourcis dangereux, les mêmes qui ont légitimé l’envahissement du Capitole aux Etats-Unis, sont désormais relayés par des faiseurs d’opinions, le clergé d’une partie des médias français. Et c’est la le risque le plus immense pour ce pays : les invasions barbares intérieures, par les «siens», contre la démocratie qui les a vus naître. 𝗢𝗻 𝗮 𝗰𝗿𝘂 𝗹𝗮 𝗙𝗿𝗮𝗻𝗰𝗲 𝗺𝗲𝗻𝗮𝗰𝗲́𝗲 𝗽𝗮𝗿 𝗹𝗲𝘀 𝗳𝗹𝘂𝘅 𝗺𝗶𝗴𝗿𝗮𝘁𝗼𝗶𝗿𝗲𝘀 𝗼𝘂 𝗹𝗮 𝗥𝘂𝘀𝘀𝗶𝗲 𝗱𝗲 𝗣𝗼𝘂𝘁𝗶𝗻𝗲, 𝗲𝗹𝗹𝗲 𝘀𝗲 𝗿𝗲𝘁𝗿𝗼𝘂𝘃𝗲 𝗽𝗶𝗲́𝗴𝗲́𝗲 𝗲𝘁 𝘀𝗼𝗺𝗺𝗲́𝗲 𝗱𝗲 𝗽𝗹𝗶𝗲𝗿 𝗹𝗲 𝗴𝗲𝗻𝗼𝘂 𝗱𝗲 𝘀𝗮 𝗱𝗲́𝗺𝗼𝗰𝗿𝗮𝘁𝗶𝗲 𝗽𝗮𝗿 𝘂𝗻𝗲 𝗳𝗿𝗮𝗰𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗱𝗲 𝘀𝗲𝘀 𝗺𝗲́𝗱𝗶𝗮𝘀 𝗲𝘁 𝘂𝗻𝗲 𝗺𝗮𝗷𝗼𝗿𝗶𝘁𝗲́ 𝗱𝗲 𝘀𝗲𝘀 𝗮𝗴𝗶𝘁𝗮𝘁𝗲𝘂𝗿𝘀 𝗽𝗼𝗹𝗶𝘁𝗶𝗾𝘂𝗲𝘀.

Mais pourquoi ces partis pris ouverts ? Ces usages de pyromanes qui aujourd’hui adoptent les casseroles plutôt que les urnes, qui blanchissent l’extrême droite et qui en arrivent à des conclusions de dictature sur l’inutilité de la démocratie ? Par choix commode. Par contamination mélenchoniste. Et par passion très française pour le personnage du révolutionnaire romantique. On croit encore, intimement, que s’opposer c’est avoir le premier rôle dans le

vieux casting des imaginaires locaux. Et l’on considère que détester un Roi c’est aimer son pays. Ou peut-être est-ce l’effet infantile des réseaux sociaux et la pente du populisme ?

[…]

𝗟𝗮 «𝗽𝘂𝗲́𝗿𝗶𝗹𝗼𝗰𝗿𝗮𝘁𝗶𝗲» 𝗻’𝗲𝘀𝘁 𝗽𝗮𝘀 𝗹𝗮 𝗱𝗲́𝗺𝗼𝗰𝗿𝗮𝘁𝗶𝗲 𝗲𝘁 𝗰’𝗲𝘀𝘁 𝘂𝗻 𝗷𝗲𝘂 𝗱𝗮𝗻𝗴𝗲𝗿𝗲𝘂𝘅 𝗹𝗼𝗿𝘀𝗾𝘂𝗲 𝗹𝗲𝘀 𝗺𝗲́𝗱𝗶𝗮𝘀 𝘀𝗲 𝗰𝗵𝗲𝗿𝗰𝗵𝗲𝗻𝘁 𝘂𝗻𝗲 𝗽𝗮𝗿𝗲𝗻𝘁𝗲́ 𝗮𝗺𝗼𝘂𝗿𝗲𝘂𝘀𝗲 𝗮𝘃𝗲𝗰 𝗹𝗮 𝗰𝗮𝘀𝘀𝗲𝗿𝗼𝗹𝗮𝗱𝗲. 𝗖’𝗲𝘀𝘁 𝘂𝗻𝗲 𝗶𝗻𝘀𝘂𝗹𝘁𝗲 𝗮̀ 𝗹𝗮 𝗹𝗶𝗯𝗲𝗿𝘁𝗲́, 𝗮𝘂𝘅 𝗴𝗿𝗮𝗻𝗱𝗲𝘀 𝘁𝗿𝗮𝗱𝗶𝘁𝗶𝗼𝗻𝘀 𝗷𝗼𝘂𝗿𝗻𝗮𝗹𝗶𝘀𝘁𝗶𝗾𝘂𝗲𝘀 𝗱𝗲 𝗹𝗮 𝗙𝗿𝗮𝗻𝗰𝗲.»

© Kamel Daoud

https://www.lepoint.fr/postillon/la-grande-trahison-des-medias-05-05-2023-2519008_3961.php

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