Louise Gaggini. Pessah, Israël, des miracles et des hommes!

Demain pour le premier  « seder », les Juifs de la diaspora, en mangeant des galettes de pain non levé et des herbes amères, se souviendront de la violence de Pharaon contre eux, de leur fuite d’Egypte, de leur errance dans le désert en attente d’un signe divin, tandis que les enfants liront des chapitres de cette histoire originelle et commune à tous puisque c’est d’elle dont naquit Jésus, juif, devenu représentant d’une chrétienté en gestation. 

Demain les Juifs du monde seront fédérés autour de leur histoire, mais conscients que pharaon a traversé les siècles, a pris d’autres visages, celui d’Hitler pour le pire qui fut, tandis que les enfants inconscients du mal qui pourrait les atteindre, liront et écouteront comme un roman ce fantastique exode dans le désert.

Demain c’est le premier Seder. 

Et autour du repas les yeux des enfants brilleront d’admiration devant les récits de ceux qui furent eux, un jour. 

Ils retiendront la beauté des eaux ouvertes de la mer, la défaite de pharaon, le bras d’honneur fait aux méchants, avec l’impression d’une justice enfin juste et rendue. 

Avec aussi la beauté d’un peuple derrière son « leader ». 

C’est ce que l’on dirait de Moïse aujourd’hui, qui sauva les siens de l’esclavage pour les amener sur une terre dont ils firent leur terre pour tous les temps à venir. 

Quoi de plus puissant vraiment et de bienfaisant, d’utile aussi ?

Souvent aujourd’hui j’ai l’impression que l’histoire se répète et que certains hommes politiques Israéliens ressemblent à ceux fondateurs de l’histoire juive.

Loin de moi l’idée du blasphème. D. est Dieu, et Moïse ne peut être comparé, mais avec un peu d’imagination, et nous en avons, nous les juifs qui donnons mille réponses à une question posée, mais aussi avec quelques connaissances géopolitiques, le parallèle devient facile et s’ancre naturellement.

Alors même si un chemin de terre entre des eaux écartées pour les Juifs, refermées et meurtrières en un instant pour les soldats de Pharaon, semble aux yeux de certains, impossible et irrationnel à leurs regards angoissés devant l’inconnu ; que si la traversée du désert longue et incertaine jusqu’au pays de Canaan, 40 années, leur fait dire « laïques et athées nous ne croyons pas à ces manipulations de l’histoire », Canaan a été atteint, nous l’avons atteint et nous l’avons investi.

Le cours tragique de l’humanité nous en avait rejetés, mais de ces coins du monde où nous avons erré de diasporas en décennies, perpétuant sans nous connaître, à des milliers de kilomètres les uns des autres et sur des continents différents, les rites fondateurs de ce qui fait de nous « des juifs », nous avons préservé l’essentiel : la pensée universelle du judaïsme, que nous tentons d’appliquer, contre nous-mêmes si longtemps, ayant plié le dos plutôt que de résister par la violence, allant vers la mort par millions plutôt que de nous battre et de risquer d’ôter des vies, courbés comme le kaf de l’alphabet qui, heureusement dans la modernité des temps nouveaux, enfin s’est redressé, et qui fort du libre arbitre, nous a ramenés en Terre Sainte et nous tient droit debout face à l’adversité, aux guerres et aux malveillances.

Le libre arbitre permettant de n’être plus jamais des moutons à abattre, mais des êtres capables de résistance contre l’adversité. Un libre arbitre donné par D. pour récompense d’être sans défense, montés si haut.

Ce n’est pas parce que certains ne l’approchent pas que le divin n’existe pas. A moins d’être un athée qui sous le couvert d’un rationalisme sécurisant s’écarte des chemins non balisés, par peur du vide et de ce qu’il pourrait découvrir qui le mettrait à genoux, incertain et bouleversé d’une foi nouvelle.

Le divin est partout pour ceux qui savent qu’il est univers et universalité. Loin des dogmes et des consensus, il réside dans les particules, les molécules, vous et moi : nous sommes tous un petit bout de dieu ! Mais Nous les Juifs, allez j’ose parce que c’est Pessah et que j’ai l’âme en fête, Nous les Juifs, nous le sommes un peu plus ! 

© Louise Gaggini

Ecrivain, journaliste, mais aussi sculpteur et peintre, pianiste, bref une “artiste plurielle”. Diplômée de lettres, d’Histoire de l’Art et de Conservatoire de musique. Auteur de nombreux dossiers pour la presse et la télévision, dont certains ont été traduits par l’Unesco, des organismes humanitaires et des institutions étrangères à des fins d’éducation et de prévention et d’autres furent diffusés par l’EN, Louise Gaggini est l’auteure d’essais et de romans dont La résultante ou Claire d’Algérie et d’un livre d’art pour l’UNICEF: Les enfants sont la mémoire des hommes. Elle est aussi l’auteure d’essais de société, et expose régulièrement, récemment à New York.
elle a publié son premier roman pour littérature jeunesse en 2001, et son premier roman pour adultes en 2004.

Où la trouver :

http://www.nananews.fr

http://www/louise-gaggini.com

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2 Comments

  1. Les mythes de la Bible Hébraïque sont tous directement inspirés de mythologies plus anciennes. Par exemple le mythe du déluge existait bien avant et se retrouve dans les mythologies des cinq continents. Chez les Aborigènes d’Australie également. (Ce qui semble d’ailleurs vouloir dire que ce mythe s’inspire plus ou moins de faits climatologiques réels). Le personnage et l’histoire de Moise ressemblent de très près à ceux de mythologies plus anciennes (sumérienne notamment).
    Ces précisions n’enlèvent rien à la justesse du propos de Louise Gaggini.

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