Charles Rojzman. Monsieur Morel et l’hypothèse de la bêtise : Ukraine, Covid, Palestine, immigration, islam, écologie…

La bêtise incarnée par le personnage des Deschiens.

François Morel, le 8/10/22 à l’occasion du Festival du livre de Mouans Sartoux. PHOTO: Frederic DIDES/SIPA

Le débat démocratique à notre époque est miné par la bêtise qui n’est pas l’ignorance mais le refus péremptoire de toute discussion.


Il est habituel de critiquer les idéologies qui sont contraires à nos propres convictions. Pourtant, rien de plus naturel que de croire en ce qu’on pense et de l’affirmer avec force pour convaincre et gagner sur le plan des idées dans les controverses qui agitent l’époque : guerre en Ukraine, politique sanitaire, Palestine, islam, écologie … 

Le débat est nécessaire et il est une des caractéristiques de la vie démocratique. Certes. Mais il est une hypothèse qui n’est jamais évoquée: celle de la bêtise. On se souvient de la série Les Deschiens et de son personnage principal monsieur Morel, joué par l’acteur François Morel. 

Monsieur Morel ne sait rien ou plutôt pas grand-chose, mais il prétend savoir et il affirme avec aplomb ses points de vue et ses certitudes. En un mot, il est péremptoire. Pour moi, il est l’incarnation de la bêtise qui consiste à parler avec aplomb de ce qu’on ne sait pas ou de ce qu’on croit savoir par ouï-dire, en suivant aveuglément les préjugés de l’époque ou ceux d’un milieu. La bêtise n’est pas dans cette certitude, dans cette conviction, mais dans son caractère péremptoire qui ne souffre pas de discussion et qui n’accepte pas le débat. Elle peut être présente chez des personnes très instruites car elle ne dépend pas du niveau d’études, et parfois au contraire, elle y est davantage présente, car les connaissances obtenues dans le système éducatif peuvent servir d’aplomb à cette bêtise péremptoire et sûre d’elle-même. 


En réalité, la bêtise n’existe pas ou plutôt elle n’est pas une affaire de nature. L’enfant n’est jamais bête : il réfléchit à partir de ce qu’il voit, de ce qu’il sent, de ce qu’il entend. La pensée est une fonction naturelle de l’esprit mais cette pensée peut être empêchée, bloquée par un flux d’émotions, par des peurs elles-mêmes générées dans l’enfance dans le milieu familial et social, par une violence subie d’humiliation, de maltraitance, de culpabilisation. 

La bêtise est héritée à la fois de préjugés transmis mais aussi des préjugés qui sont construits par l’adulte pour retrouver un sens à ce qu’il vit. Malheureusement ce sens est déformé par le besoin de certitude et la peur d’affronter le réel. La croyance idéaliste en des héros intouchables : Hitler, Mussolini, Mao, Zelinsky, Arafat, Mahomet prépare et assure le triomphe des totalitarismes. 

Cette bêtise héritée de la violence infligée à l’enfant persiste chez l’adulte et explique cet esprit moutonnier qui ne remet jamais en question des dirigeants ou des gourous. Ce n’est pas la religion qui est responsable de la soumission et de la violence contre les contradicteurs, les blasphémateurs ou les infidèles mais la bêtise qui accepte et diffuse les superstitions et les croyances des idéologies manichéennes, qu’elles soient religieuses ou athées. La bêtise triomphe quand l’esprit critique et le bon sens disparaissent. Elle prépare les esprits à l’acceptation de la dictature et du totalitarisme. Nous n’en sommes pas loin.
© Charles Rojzman

Essayiste et fondateur d’une approche et d’une école de psychologie politique clinique, ” la Thérapie sociale”, exercée en France et dans de nombreux pays en prévention ou en réconciliation de violences individuelles et collectives.

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4 Comments

  1. Excellent ! Mais Mr Rojzman, vous avez osé critiquer Zelensky…Attention aux retombées ! En tout cas, vous allez être persona non grata dans certains milieux !
    Au sujet de l’instruction je remarque que le degré d’obscurantisme au sein de certaines universités n’a rien à envier à celui des Talibans et des platistes. D’ailleurs on peut lire des dizaines de milliers de livres et ne pas comprendre la signification et la valeur de ce qu’on lit. Un tas d’universitaires et d’enseignants correspondent à ce cas de figure. Quand je rencontre quelqu’un qui brandit ses diplômes comme des médailles, je sais d’emblée que j’ai affaire à un imbécile.

  2. Pour conclure cet intéressant exposé, voici, extrait du célèbre opéra “La vie quotidienne”, l’air fameux entre tous, “Salut à toi Dame Bêtise”
    Salut à toi Dame Bêtise
    Toi dont le règne est méconnu
    Salut à toi Dame Bêtise
    Mais dis-le moi, comment fais-tu
    Pour avoir tant d’amants
    Et tant de fiancées
    Tant de représentants
    Et tant de prisonniers
    Pour tisser de tes mains
    Tant de malentendus
    Et faire croire aux crétins
    Que nous sommes vaincus

    https://www.youtube.com/watch?v=zR52xwAC7jM

  3. François Morel est l’une des personnes les moins bêtes du PAF. (Paysage Audiovisuel Français, évidemment ; et NON Police de l’Air et des Frontières).
    Il est donc dommage que cet article ne précise pas assez qu’il dresse la caricature, non de l’homme Morel mais du personnage qu’il incarne dans « Deschiens ».
    Comme par exemple ici : « Monsieur Morel ne sait rien ou plutôt pas grand-chose, mais il prétend savoir et il affirme avec aplomb ses points de vue et ses certitudes. En un mot, il est péremptoire ».

    Sinon, « péremptoire » pourrait effectivement être un synonyme de “bête”.
    MAIS que faire si je trouve cet article péremptoire ?

  4. Quand on voit le nombre de célébrités et de gens “éduqués” qui soutiennent BLM, l’une des 2 plus grandes vagues de racisme (avec le nazisme des années 30) que l’humanité ait connues, on se rend compte non seulement du racisme mais aussi de la moutonnerie et de l’illettrisme (*) règnant dans cette prétendue élite qui est en réalité la lie (exceptions à part) de la société.

    (*) n’importe qui ayant de bonnes connaissances en Histoire peut démonter en un tour de main l’idéologie raciste de BLM et des décoloniaux.

    Quant à Zelensky il faut comprendre pourquoi les Russes parlent de “denazifier” l’Ukraine. Évidemment c’est une expression de propagande mais ce que l’immense majorité des occidentaux ne savent pas (ils ne savent pas grand chose d’ailleurs) c’est que Hitler et les Allemands réservaient aux Russes un sort guère plus enviable qu’aux Juifs et ils l’ont prouvé dans toute la Russie qu’ils ont occupée. Donc dans l’esprit des Russes (et c’est tout à fait logique si on se met à leur place) le nazisme des années 30 renvoie autant à la haine des Russes qu’à celle des Juifs. L’expression denazifier l’Ukraine est certes excessive par rapport à la population ukrainienne mais pas si l’on se réfere à certains membres du régime ukrainien depuis 2014 et au bataillon Azov. Un exemple de la propagande en France qui m’a fait beaucoup rire : une reporter de BFM sur le terrain expliquait que les Ukrainiens avaient bombarde infrastructures (et civils) et aussitôt l’image et le son ont été coupés…”Oh on a perdu la liaison” a fait le propagandiste de BFM… 😂

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