Pierre Saba. Accord inique et incertain entre Israël et le Liban

Au Proche-Orient, l’Etat d’Israël signe avec la république libanaise et les Etats-Unis d’Amérique (EE-UU) un accord de délimitation méthanière en mer Méditerranée. Cet accord pose certaines questions relatives à l’accord, aux positions et intérêts réciproques, au Droit international public (DIP) et au respect des traités.

A- Principaux points de l’accord indirect

Protocole indirect de l’accord: Le refus rituel de Beyrouth de négocier directement avec les israéliens a conduit à la médiation internationale des EE-UU.
Ce refus libanais provient de la peur des dirigeants libanais de mécontenter leurs maîtres iraniens, de se voir contester leur légitimité par le peuple libanais qui n’en peut plus de la rapine institutionnelle qu’il subit et finalement de la perspective d’un accord de paix avec Jérusalem qui jetterait les dirigeants libanais définitivement dans les poubelles de l’Histoire en en terminant avec leurs privilèges mafieux exorbitants prélevés iniquement sur leurs contribuables affamés et appauvris par de telles méthodes.

Absence d’agrément maritime: Fidèle à son refus de reconnaître Israël & d’entamer des pourparlers de paix, le Liban a refusé les propositions américaine et israélienne d’adjoindre un accord relatif à la frontière maritime avec Israël.

Agrément libanais: En obtenant la concession maritime israélienne en échange d’un accord financier digne des pratiques du XIX eme siècle, le Liban gagne l’exploitation méthanière revenant de Droit à Israël qu’il agrègera à l’exploitation de ses propres gisements méthaniers en territoire maritime libanais.

Agrément israélien: En concédant au Liban la cession d’une large partie de sa zone économique exclusive (maritime), Jérusalem perd son droit légitime à l’exploitation maritime du méthane au profit du Liban.

B- Positions nationales

Position libanaise: La découverte de gisements méthaniers en Méditerranée orientale, aux confins israélo-libanais, avait conduit le parlement et le président de la république du Liban à renouveler leur extrême hostilité à l’existence d’Israël et à son droit légitime à l’exploitation de ces gisements gaziers.
Le président Aoun revendiquait l’appartenance libanaise des gisements en zone israélienne. Il évoquait régulièrement le risque d’une nouvelle guerre contre l’Etat hébreu dans l’hypothèse où celui-ci engagerait des forages dans sa propre zone contestée par le Liban.

Position israélienne: Devant le blocage imposé par le Liban, son prescripteur iranien, et le risque d’un conflit, Jérusalem sollicitait la médiation internationale des Etats-Unis d’Amérique. Beyrouth l’acceptait à l’expresse condition qu’elle soit indirecte, c’est-à dire sans contact direct entre les négociateurs libanais et israéliens…
Dommage collatéral à signature de l’accord indirect israélo-libano-américain: la démission du principal négociateur israélien, Amos Hochstein.

C- Intérêts réciproques

Intérêts libanais: Dans le climat de délitement politique, commercial et financier de l’Etat libanais, de la prévarication de ses représentants, dénoncés par la population dont les manifestations sont réprimées dans le sang, l’Exécutif et le Législatif libanais ont toutes raisons d’être satisfaits de l’accord indirect avec Israël.

Intérêts israéliens: Le Premier-Ministre israélien Lapid se félicite de l’accord aux motifs suivants :
-succès de l’intervention française auprès du Liban  via le président Macron et Total industrie
-succès de l’excellence des relations diplomatiques entre Lapid et Macron
-succès de l’accord permettant l’exploitation méthanière sans risque de conflits avec le Liban

D- Accord non conforme au DIP

Aux noms de la paix et de l’intérêt des peuples, ni la charte de l’ONU, ni la réglementation internationale relative au Droit de la guerre, ni le DIP n’autorisent l’absence de négociation directe entre Etats belligérants.
Ces mêmes principes internationaux prohibent la résolution des conflits par voie de guerre et le refus de reconnaissance d’un Etat (ici Israël) par un autre (ici le Liban) 
En dépit des arguments diplomatiques positifs avancés par Jérusalem et Beyrouth pour des raisons fort différentes, cet accord n’est conforme ni DIP, ni à la charte de l’ONU ni à l’intérêts des peuples libanais et israéliens.

E- Respect des traitésRespect des traités par le Liban

Le Liban a déclaré la guerre à Israël depuis sa création en 1948. Les fantassins libanais sont les soldats arabes qui ont pénétré le territoire israélien le plus profondément, jusqu’à Ako.

Les agressions libanaises & depuis son territoire contre Israël ne se comptent plus.
L’accord de paix signé entre Jérusalem et Beyrouth en 1983 s’est soldé par l’assassinat du président libanais Genayel et la violation immédiate de l’accord.
D’années en années, le Liban proclame urbi et orbi son opposition à l’existence d’Israël, refuse toute concertation directe et prétend des arguments et des territoires contraires au DIP et conformes aux intérêts iraniens.
Les violations récurrentes par Le Liban des traités, cessez-le-feu, accords militaires et civils contractés avec Israël constituent une violation réitérée & flagrante des dispositions de DIP relatives aux traités.
L’exemple du Liban est frappant : violation des accords de cessez-le-feu, de l’accord unique de paix, des frontières et limites territoriales et maritimes, hébergements et protections de milices et organisations hostiles à Israël passant à l’acte due guerre régulièrement, etc.

Ces violations constituent de surcroît une violation réitérée de la signature du Liban aux protocoles de l’ONU relatifs à la charte et aux droits des peuples à vivre en paix.

Enfin, la mainmise iranienne par la milice Hezbolla sur le Liban ne permet pas de s’assurer le respect de l’accord. Ce ne serait pas la première fois que Beyrouth se cache devant les agressions anti-israéliennes sous l’excuse du “ce n’est pas moi, c’est le Hezbolla”

Respects des traités par Israël: Le respect des traités signés par Jérusalem avec ses ennemis sous l’égide de l’autorité internationale n’a d’égal que leurs violations par leurs co-contractants.
Comme décrit plus haut, aucun des accords de paix, de cessez-le feu, de frontières et limites, etc, signés par Israël depuis 1948 avec le Liban n’ont été respectés par la partie libanaise ! 

F- Par conséquent…

Les conditions, le protocole et les termes de l’accord indirect israélo-américano-libanais rendent difficiles tout optimisme

En ce qui concerne celui-ci, il convient d’en délimiter les imperfections :
Non seulement les menaces libanaises de guerre contre Israël ne conduisent à aucune sanction, mais Jérusalem les valide par son accord !
La position israélienne est considérée au Liban et dans les pays hostiles à son existence comme un acte de faiblesse (media-gouvernements…), une attestation supplémentaire de son illégitimité, et une victoire diplomatique, territoriale et commerciale du Liban sur Israël.
En piteuse posture démocratique et institutionnelle, les dirigeants libanais se gaussent déjà auprès de leurs publics de l’efficacité de leurs positions anti-israéliennes dont il convient de rappeler ici qu’elles sont les plus intransigeantes du monde arabe et musulman.
Les attestations de mensonges nationaux à destination de leur peuple qui leur conteste tiute légitimité sont désormais quotidiennes.  Comment créditer, dans ces conditions connues depuis 1948, la fiabilité de la signature libanaise au bas d’un accord international…
Israël a vécu une série de désappointements relatifs aux violations des accords passés avec le Liban et ses alliés. Cet accord ne semble pas a priori en tenir compte.
Les concessions maritimes accordées par Jérusalem à Beyrouth comprises en l’accord sont importantes en termes territoriaux, militaires et commerciaux. 
L’accord ne mentionne, ne précise, ne conduit nullment les deux pays vers un accord de paix. Il reste un accord ponctuel par lequel Jérusalem cède une partie de sa souveraineté commerciale à un Etat ennemi qui lui refuse sa souveraineté et son existence.
La contrepartie financière réglée par Beyrouth est bien mince en termes de vie et de survie…
enfin, on retrouve une fois de plus la France comme assesseur des intérêts pacifiques fondés sur ceux d’une partie à l’exclusion d’une autre!
Certes, tout accord, même inique et peu prometteur est supérieur à la guerre… jusqu’à un certain point de suicide.

© Pierre Saba 6 octobre 2022

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