Daniel Sarfati. Sigmund Freud. Benedictus de Spinoza. Correspondance. 1676-1938

Sur les conseils de son ami, l’écrivain Romain Rolland, Sigmund Freud découvre les écrits de Spinoza, assez tardivement, à l’aube de ses 80 ans. 
Il est aussitôt fasciné par ce juif banni de sa communauté qui, loin de profaner le judaïsme, n’a cessé d’en exprimer les valeurs. 
Freud et Spinoza n’auraient jamais pu se rencontrer. 260 ans les séparent. 
Mais le philosophe Michel Juffé a imaginé une correspondance entre les 2 hommes. 
C’est à la fois très intelligent et jouissif. 

Benedictus de Spinoza à Sigmund Freud 

“Très cher Sigmund Freud,

Là où je ne m’accorde plus avec vous, c’est lorsque vous évoquez le meurtre du père qui justifierait la haine ancestrale des autres peuples à l’égard des juifs. 
Les Pères de l’Eglise ont commencé dès le IIème siècle à accuser les juifs d’avoir tué Dieu, en la personne du Fils. Ce qui d’ailleurs est absurde car Jésus est un homme, certes exceptionnel mais mortel. Dieu ne peut s’incarner. 
Ce qu’il faut comprendre, c’est pourquoi les juifs s’obstinent à penser qu’ils sont les “élus” de Dieu et les chrétiens s’obstinent autant à croire en leur Trinité.

Votre ami dévoué,
Benedictus de Spinoza”


Sigmund Freud à Benedictus de Spinoza

“Mon cher Benedictus,

Être “élus” pour les juifs n’est pas se croire supérieur, mais être obligé de remplir une mission confiée par Dieu, quelles que soient les “qualités” du peuple en question. 
Les juifs, selon la Bible, ont plus de défauts que de qualités et commencent très tôt à s’égarer…
Quand à la Trinité des chrétiens, j’en ai donné une autre explication psychanalytique : il y a inversion du meurtri et du meurtrier, puisque selon mes spéculations sur l’histoire ancienne de l’humanité, ce sont les fils qui tuent le père puis en éprouvent grande honte et chagrin…

Votre ami
Sigmund Freud”

© Daniel Sarfati

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