Daniel Sarfati. Les épinards de Rosh-HaShanah

Je hais les épinards.
Le soir de Rosh-HaShanah, je n’ai pas le choix. 
L’épinard est présent sous toutes ses formes chez les séfarades. 
Frit, très épicé, revenu avec des oignons et des haricots blancs, c’est la pkaïla, un plat tunisien emblématique. 
Pour beaucoup c’est un délice. 
Pour moi, avant d’y goûter, je dois prendre un comprimé de Tahor + un comprimé de Mopral 20 mg, et tenter de ne pas reconnaître l’épinard sous l’huile de friture. 
Chez les Algériens, c’est la tefina d’épinards. Une sorte de compotée filandreuse et verdâtre, marinée dans l’huile d’olive. Je conseille également Tahor et Mopral. 
Chez les Marocains, des épinards panés sous forme de beignets saisis dans l’huile. Tahor et Mopral indispensables. 
Hier j’étais cerné.
Sur la table, que du vert. 
En plus, j’avais oublié de passer à la pharmacie pour le Tahor et le Mopral. 
J’ai, hypocritement, séparé dans mon plat, le couscous et la pkaïla. 
J’ai tout de suite été repéré. 
Tu n’aimes pas ?
Si, si mais j’ai un peu mal à l’estomac et je dois surveiller mon cholestérol. 
L’hôtesse de la maison a été formidable. 
Elle m’a tout de suite préparé une salade d’épinards frais. Sans huile d’olive. 
Le sourire contraint, j’ai mâchonné une feuille. 
Au bout de la deuxième feuille, j’ai repoussé mon assiette avec un soupir de satiété en disant, je me réserve pour les desserts. 

L’année prochaine, j’espère être invité chez des amis ashkénazes. 
Mais je n’aime pas trop le poisson bouilli et sucré avec sa rondelle de carotte.

© Daniel Sarfati

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