Jacques Neuburger. La femme, la rentrée, le gigot et l’entrecôte…

Rentrée, rien que ce mot et mon ventre se noue d’angoisse, encore aujourd’hui: j’ai très tôt détesté ce retour dans les locaux de l’école, ces bousculades dans les escaliers, dans la cour, le préau sonore terriblement, le préau où le long d’un mur courait ce long, triste, gris lababo collectif et ses savons à la rance odeur, fixés au mur, en forme réduite de ballon de rugby. 

À vrai dire, les hurlements, la bêtise, la violence des petits mâles qu’il fallait côtoyer en ces lieux était la vraie cause de ma hantise du retour en des lieux où l’on pouvait apprendre, lire, découvrir, toutes choses passionnantes. 

Pour être franc il n’y avait pas que la bêtise souvent violente de trop de petits mâles en blouse grise déjà blancs et pour la plupart cisgenres sans le savoir, il y avait celle de leurs aînés, eux aussi en blouse grise, martelant leurs mots, les scandant de coups frappés au sol de ce grand bâton, leur pédagogique armement avec lequel ils indiquaient les éléments les plus importants de ce qu’ils avaient de leur craie crissante écrit au tableau ou les points à regarder sur les grandes cartes qu’ils accrochaient au mur.

Madame Rousseau est sans doute assez insupportable, coercitive de tempérament, castratrice de caractère, et bien souvent cocasse malgré elle, pratiquant ce langage automatique quasi mécanique des communistes staliniens de jadis. Il n’est pas impossible cependant qu’elle dise quelque chose de non entièrement dépourvu de fondements: nous sommes habitués à notre monde mais il n’est pas impossible que conçu, géré, essentiellement par des brutes sans grande finesse il soit effectivement marqué au coin par une mentalité qualifiable de “masculine”, mais pas uniquement blanche ni uniquement “cisgenre” comme le prétend la brave dame. 

La guerre, cette malédiction omniprésente et récemment réveillée en Europe  est un sport viril au départ. La prétention de certains pays à avoir toujours raison, à proclamer le vrai, ou à se croire autorisés par on ne sait quel dieu, ou plutôt on le sait: jadis paraît-il crucifié et ressuscité en Galilée, blond évidemment et cisgenre par nature, à se pretendre du monde les gendarmes, c’est bien une idée de mâle. 

Cet univers dominé, exploité jusqu’à la racine, ravagé, hérissé de tours, bétonné jusqu’à la mort et où les puissants ne rêvent que bombes portant la mort et fusées finalement aussi dérisoires que celle de Tintin, c’est bien un univers de mecs sans humour. 

À vrai dire un monde uniquement géré par des femmes, un univers d’amazones lesquelles sont des guerrières incapables de ressentir pitié ou tendresse, ne vaudrait pas mieux. 

Il faudrait rêver un monde où l’on chercherait l’harmonie et où l’on résoudrait les oppositions avec aussi peu de violence possible. 

Pour en finir, et avec la rentrée et les mâles vus par la bonne madame Rousseau, notre chantre du féminisme vert et néostalinien, décolonialiste et néowoke, son histoire d’entrecôte est risible et inquiétante et à simplement songer à un filet de boeuf au poivre, flambé, accompagné de frites au couteau, on entend déjà la voix du Père ou plutôt de la Mère Ubu crier à notre oreille: À la trappe! Et puis ce propos lapidaire est aussi marqué au sceau de l’inconscience et à ce titre, scandaleux: car ce propos fait fi de ces zones d’ombre de l’humanité, les zones et les catégories sociales de grande pauvreté: dans certaines régions du monde,  et puis aussi chez nous, dans certains quartiers, et puis tout près de nous, dans la rue, juste sous nos fenêtres, à dix pas même de cette assemblée où siège désormais l’élue, il y a des êtres humains, il y a des enfants, qui crèvent de faim, de misère, et qui donneraient beaucoup pour une entrecôte….

Pour terminer: un souvenir personnel de cette “virilité” de l’alliance de la flamme et de la côte de boeuf….
Moi qui aime bien faire griller ma viande, et si possible à l’âtre, sur un feu allumé à l’ancienne de brindilles et de fougères sèches, ayant jadis vu ma mère faire de même parfois, laissant même la marmite mijoter au coin du feu, quelle ne fut pas ma surprise de découvrir un jour, invité à partager, une veille de rentrée, un déjeuner de corps au jardin de quelque syndiqué collègue, que le banlieusard barbecue était une affaire d’homme, un enjeu de virilité, et que dans cet univers fortement marqué de théorie marxiste la mouclade était une affaire purement masculine, les crevettes citron mayonnaise une affaire de femmes, la salade de nouilles une oeuvre féministe au même titre que le tricot, les merguez pour les mecs et les gambas pour les nanas et d’entendre, lorsque l’heure du gigot pommes boulangère fut venue, la maîtresse des lieux qui en son four l’avait cuisiné, par ailleurs membre éminente du Comité central, tendre à son mec les couverts aux manches en pieds de chevreuil momifiés, et luidire, à son mec évidemment militant, homme de progrès et anticolonialiste: Tiens, Albert, à toi l’honneur, couper le gigot, c’est une affaire d’hommes…

Jacques Neuburger

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4 Comments

  1. Grâce à Rousseau, de Haas, Couffin, Despentes et aux “afro féministes ” (le nom à lui seul est déjà assez explicite) nous savons qu’il existe une féminité toxique au même titre qu’une masculinité toxique dans notre monde occidental moderne (devenu un repoussoir pour le reste du monde et également pour la plupart des occidentaux intelligents et dotés d’esprit critique). L’auteur est beaucoup trop complaint. J’ignore qui a inventé le néo logisme Féminazisme mais il ou elle a eu un véritable coup de génie. Car ce qui caractérise ce néo fascisme c’est moins en fin de compte une haine des hommes (que les néo féministes jalousent et veulent en vain imiter) qu’un puritanisme digne des intégristes religieux, un racisme chimiquement pur (anti blancs et anti Juifs), une haine de la culture, un anti universalisme identitaire.et un virilisme inconscient (haine et peur de la féminite) : le néo féminisme est l’une des nouvelles forme d’extrême droite. Elle va de pair avecle decolonialisme et ces néo fascismes ne cessent de progresser car ils ne sont jamais nommés. C’est pourquoi je ne trouve aucune excuse à ceux qui continuent à nous bassiner avec les rengaines du siècle dernier : ils/elles contribuent à la progression de ces fascismes réels jamais nommés par eux.

    (L’auteur nous dit que les guerres sont surtout le fait des hommes. Chaque fois que les femmes ont été au pouvoir elles se sont comportées de la même manière. Hitler aurait très bien pu être une femme)

    • Oui, Luc, il est évident que les néo-féministes jalousent les hommes et tentent de rivaliser avec eux, de façon ridicule parfois. Comme en atteste la grotesque sortie (une de plus) de Rousseau : “pour 2020 je fais le vœu que la prochaine académicienne mette un clitoris en pommeau !”
      Au lieu d’être fières et heureuses d’être femmes, différentes des hommes, et il ne manque pas de raisons pour l’être, fières et heureuses d’être femmes du moins en Occident, elles semblent en avoir honte et veulent être des hommes “bis” de second ordre.

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