Sacha Bergheim. L’histoire, les Juifs et la guerre en Ukraine

Juifs ukrainiens forcés à se déshabiller avant leur massacre par des détachements d’Einsatzgruppen. Cette photo, originellement en couleur, faisait partie d’une série prise par un photographe de l’armée allemande. Des copies de cette collection servirent plus tard de pièces à conviction dans les procès de crimes de guerre. Lubny, Union soviétique, 16 octobre 1941

Lorsqu’en 1653 Nathan ben Moses Hannover publie à Venise Yeven Mezulah (“l’Abîme du désespoir”), il ne sait pas encore quelle résonance le Gzeyres Takh Vetat,[1] les destructions liées au soulèvement ukrainien de 1648 (5408) contre les Polonais auront pour la vie juive. Même si, à la différence d’évaluations plus anciennes,[2]  “l’impression de destruction était plus impressionnante que la destruction elle-même”, Shaul Stampfer admet cependant que près d’un Juif sur deux au sein d’une communauté de 40.000 individus sera massacré.[3] Si le territoire de l’Ukraine a marqué l’histoire du peuple juif, par la forte présence juive, notamment un habitant sur quatre à Kiev avant 1939,[4] ou comme berceau du hassidisme ou ferment du sionisme contemporain, il n’en demeure pas moins que l’émergence d’un récit national ukrainien volontairement ignorant de ses pages sombres demeure problématique.

En effet, de nombreuses figures formant l’ossature de la mythologie nationale ukrainienne contemporaine sont entachées d’un antisémitisme violent, et se sont vues systématiquement réhabilitées et honorées dans l’Ukraine dite pro-européenne, de Iouchtchenko à Zelenski: Petlioura, Bandera, Shukhevych et d’autres sont connues pour avoir participé ou pris la tête de mouvements ayant conduit à l’assassinat de dizaines de milliers de juifs.

Dès la période soviétique, le poète Yevgeny Yevtushenko avait déjà dénoncé le silence coupable des autorités soviétiques qui refusaient de reconnaître que les victimes à Babi Yar l’avaient été parce que juives, avec des complicités locales. Alors que des peuples entiers, comme les Tchétchènes, avaient été punis collectivement et déportés en Sibérie sur la base d’accusations de collaboration, les Ukrainiens, bien plus nombreux, ne pouvaient faire l’objet d’un traitement identique. Tout en luttant en Galicie contre les derniers membres de l’OUN (Organisation des nationalistes ukrainiens), issus des groupes pro-nazis ukrainiens, l’URSS privilégie la négation de ces vastes épisodes de collaboration ou de violence antijuive en Ukraine.

Au moment où il rattache la Crimée à l’Ukraine pour célébrer l’anniversaire du traité de Pereïaslav de 1654 liant Russie et Ukraine, Khrouchtchev fait changer le nom de la ville de Proskurov en Khmelnitsky. La statue de l’hetman cosaque fait toujours face à la cathédrale Sainte Sophie de Kiev, et son effigie figure sur le billet de 5 hryvnia. Encore aujourd’hui, il existe une unanimité conférée à ce “héros” pour près de 73% des Ukrainiens qui conservent une opinion positive à son égard.[5]  La glorification de héros nationaux a une fonction essentielle: ancrer la perception d’une Ukraine qui existe en affrontant ses voisins, même si cela conduit à omettre aujourd’hui que Bogdan Khmelnitsky s’allia avec Moscou contre le joug polonais, initiant un mouvement d’inclusion dans le giron russe pour plusieurs siècles.

Sur le fond, il ne s’agit pas d’un processus uniquement ukrainien. La fonction du juif comme bouc émissaire en réaction aux rancoeurs sociales ou ethniques parcourt aussi l’histoire contemporaine européenne. Mais ce qui est plus spécifique, c’est  le fait que le récit national ukrainien ignore volontairement que la brutalité aveugle des progroms n’a pas visé les archétypes du “juif complice”, accusé de servir d’intermédiaire fiscal du noble polonais honni, ou du “juif traître”, censé être vendu aux Bolchéviks, ensuite traqué par les nationalistes de l’OUN. Derrière ces justifications honteuses, il y a des familles, des gens simples, vulnérables, pauvres, des lieux de prières et des livres saints qui sont victimes répétées d’une violence brutale.

Dans ce processus de construction nationale, le récit manichéen identifie ceux qui se plient à ce récit (le “youpin-bandériste” revendiqué[6]) et ceux qui sont les ennemis d’une Ukraine ethniquement pure. Cette préparation culturelle à la guerre constante, façon de mobiliser l’opinion publique sur cette ligne manichéenne se retrouve jusque dans les manuels scolaires des classes de secourisme[7], propédeutique à l’engagement militaire du citoyen. Cette militarisation croissante qui a pris un tournant plus radical avec l’invasion russe de 2022 n’est pas sans faire écho à d’autres situations dans le monde, notamment dans les territoires sous contrôle de l’Autorité Palestinenne, où le processus de construction nationale passe par l’endoctrinement des enfants en particulier dans les manuels scolaires et une idéologie simpliste, postulant un ennemi à vaincre comme salut national. Dans ce cadre, nier  ce passé sanglant est une précondition pour construire une identité collective “honorable”, centrée sur des figures marquant le combat pour la “liberté nationale”.

La corrélation entre sursauts nationalistes et épisodes d’antisémitisme violent ne représente malgré tout pas une constante. Toutefois, ce “culte” envers des ultra-nationalistes[8] prend une tournure plus spécifiquement politique avec le statut de “héros de l’Ukraine” décerné au collaborateur Shukhevych en 2007 suivi de Stepan Bandera en 2010 par le président issu de la “Révolution orange” de 2004, Viktor Iouchtchenko. Cette reconnaissance fut bloquée par le Tribunal administratif de Donetsk, future région sécesionniste soucieuse de conserver l’aura anti-fasciste de l’héritage soviétique, puis annulée tant par le président pro-russe Yanoukovitch que par le parlement ukrainien lui-même en 2019 (pour motif que Bandera ne possédait pas la “nationalité ukrainienne”). Mais en 2021, des députés de la Rada déposent une proposition de loi invitant le président Zelenski à poursuivre cette procédure de reconnaissance à son terme.[9] Ces figures historiques controversées n’en sont pas marginales pour autant, et en 2002, elles obtiennent encore 32% d’approbation dans l’opinion publique, un an avant le conflit selon un sondage (sondage incluant la population russophone viscéralement hostile à ces figures nationalistes, ce qui par conséquent donne une proportion plus élevée de soutien auprès de la population ukrainophone).[10] C’est sans doute pour cela que le président Zelenski n’ose pas affronter cette part importante de l’opinion publique qui estime que le passé antisémite et meurtrier de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne ne les disqualifie pas dans la mémoire collective.

Très récemment, en juin 2022, l’apologie de Stepan Bandera par l’ambassadeur ukrainien en Allemagne Andriy Melnyk permet de mesurer l’ampleur de l’influence de l’idéologie ultra-nationaliste, banalisée au sein de l’opinion publique.[11] Le plus surprenant est essentiellement qu’il n’ait pas été désavoué par le gouvernement Zelenski. Suite aux plaintes polonaises et israéliennes, ce dernier s’est contenté d’un communiqué disant que cela ne représentait que l’opinion personnelle de l’ambassadeur, qui continue d’officier dans un pays fondamental dans le soutien ukrainien à la guerre. Que dirions-nous si un ambassadeur allemand niait publiquement Oradour-sur-Glane et si le gouvernement allemand esquivait la question en considérant que cela ne relevait que d’une opinion? En tant que représentant d’un pays, un ambassadeur ne peut pas tenir ce type de propos, à moins que cela ne soit précisément plus une opinion marginale.

Le révisionnisme ukrainien transforme des collaborateurs et assasins pro-nazis en icônes héroïques de la liberté, par le biais d’un glissement hiérarchique où le véritable ennemi ne serait plus le national-socialisme mais uniquement le bolchévisme – ce qui finalement s’inscrit en droite ligne de la pensée d’extrême droite, ajustée à la réalité ukrainienne qui devient une zone frontière entre le monde dit civilisé (blanc, aryen, chrétien) et le monde de la barbarie, judéo-asiatique. Il n’est pas alors surprenant, dans ces conditions, qu’un homme politique d’extrême-droite qui déclare vouloir libérer son pays de la “mafia judéo-moscovite”[12] puisse être reconnu par l’Union Européenne.[13]

Pour autant, pour beaucoup, évoquer ce passé pro-nazi du nationalisme ukrainien serait fournir des “arguments à Poutine” ou légitimerait l’invasion par l’armée russe, ou même donnerait du crédit au motif de la dénazification invoqué par le président russe. Doit-on, pour dire non à Poutine, dire oui à Shukhevych?

Cette censure dangereuse obère une compréhension sérieuse et objective du soutien voire des compromissions occidentales envers des criminels de guerre ou sympathisants de l’OUN au nom de la guerre contre le communisme. Ce ne sont pas seulement quelques figures marginales mais des institutions académiques, des centres de recherche, des journaux, des professeurs, qui à l’instar de Valeriy Bebik, entendent restaurer une Ukraine millénaire formée par l’appartenance ethnique, et à laquelle les minorités doivent se soumettre.[14] Si, du point de vue électoral, à l’exception du fief de l’extrême droite Lviv, les candidats néonazis n’ont jamais reçu un soutien massif de la part des électeurs ukrainiens, s’agit-il d’un mouvement si marginal que cela, qu’on devrait balayer d’un revers de main?

“De toute évidence, ces gens n’ont pas le monopole du pouvoir en Ukraine, mais ils ont progressé et les Etats-Unis sont derrière le parti Svoboda [coalition de partis d’extrême droite] et ces nationalistes ukrainiens”[15] déclare Russ Bellant dans le journal The Nation dès 2014. Il insiste sur le fait que cette collaboration[16] commence dès la période de la guerre froide, notamment autour de la figure de Yaroslav Stetsko,[17] qui n’hésitait pas à déclarer dans son Autobiographie: “Je soutiens l’annihilation des Juifs et l’opportunité d’introduire les méthodes allemandes d’extermination des Juifs en Ukraine, mettant fin à leur assimilation.”[18]

En effet, en 1943, l’idéologue nazi Alfred Rosenberg met en place, avec l’Organisation des nationalistes ukrainiens, un Comité des Nations dominées, destiné à coordonner l’action de groupes fascistes contre l’URSS. Dès 1946, parmi les exilés nationalistes ukrainiens en Allemagne, s’organise le Bloc des nations anti-bolchévique (ABN en anglais) grâce au financement occidental et dont le groupe le plus actif est l’OUN (Organisation des nationalistes ukrainiens).

“L’ABN devient bientôt la coqueluche des partisans de la guerre froide, et ses personnalités douteuses obtiennent un accès sans restriction à Radio Liberty et aux autres organes de propagande. Radio Liberty elle-même fut âprement critiquée pour être devenue la porte-parole de l’antisémitisme et de la glorification des collaborateurs nazis d’origine ukrainienne”.[19]

Durant les années 1950 et 60, Yaroslav Stetsko participe aux réunions de la Ligue anticommuniste des peuples d’Asie. Fondée en 1954 à l’instigation de régimes soutenus par les USA, comme la Corée du Sud, le Vietnam, Taiwan et les Philippines, elle s’associe avec l’ABN et d’autres groupes ouvertement pro-fascistes d’Europe ou d’Amérique latine pour constituer en 1966 la Ligue mondiale anticommuniste. Soutenue par des sénateurs et membres du congrès américain, ainsi que des institutions religieuses, notamment catholiques, l’ABN et ses organisations parentes ne sont pas des groupes d’influence mais “un instrument pour pratiquer la guerre non-conventionnelle (assassinats, escadrons de la mort, sabotages) partout dans le monde.[20] A la chute de l’Union Soviétique, la Ligue devient la “Ligue mondiale pour la liberté et la démocratie.”

Quel lien y a-t-il avec la question contemporaine? Derrière Yaroslav Stetsko et sa femme Slava, qui fondera le Congrès des Nationalistes Ukrainiens en 1992 dans l’Ukraine ayant récemment acquise son indépendance, se retrouvent les réseaux des exilés ukrainiens en occident, dont bon nombre sont des partisans de la version la plus xénophobe du nationalisme ukrainien. Ce sont des organes de presse, des organisations politiques mais aussi des institutions académiques qui tous cherchent à influencer le discours et le cadre politique des relations de l’occident avec l’Ukraine.

Plusieurs exemples permettent d’éclairer cette constellation ultra-nationalistes et négationniste. Peter Savaryn[21], fier d’être vétéran de la  Waffen SS Galicia de 1943 à 1945, deviendra recteur de l’université d’Alberta, où le Canadian Institute for Ukrainian Studies, financera l’élaboration d’une Encyclopédie de l’Ukraine, sous la direction de Volodymyr Kubijovych: ce dernier dirige le Comité central ukrainien pendant la guerre, lui-même sous la houlette nazie. Ce travail académique, financé par le gouvernement canadien, adopte une posture fermement révisionniste qui n’hésite pas à réduire ces pages sombres à de supposées calomnies soviétiques[22]. Dans le domaine de la presse communautaire, le journal Ukrainian Weekly contribue aussi au lobbying en faveur des thèses nationalistes, jusqu’aux plus hautes sphères: ainsi un de ses auteurs, Myron Kuropas, est assistant du président Gerald Ford sur les questions ethniques et tient une ligne dure négationniste dans ce magazine.

C’est dans ce cadre que se nourrit un effort concerté de falsification de l’histoire.[23] Parmi les contributeurs de l’Ukrainian Weekly ou de l’Encyclopédie de l’Ukraine apparaît une figure importante, la ministre de l’économie canadienne Chrystia Freeland. Pressentie pour être la future première ministre du Canada, elle incarne à la fois la posture négationniste et révisionniste du nationalisme ukrainien en occident mais éclaire aussi la façon dont la falsification historique s’inscrit dans la perspective d’une instrumentalisation des juifs à l’intérieur d’un dispositif idéologique de confrontation contre le monde russe.

Elle est la petite-fille de Mikhailo Chomyak, collaborateur zélé du nazisme à la tête d’une imprimerie volée à des Juifs. L’historien John-Paul Himka, lui-même oncle de Chrystia Freeland, souligne “qu’il est clair que la propagande antisémite du journal Krakivski Visti [dirigé par Chomyak], a contribué à nourrir l’atmosphère conduisant à l’assassinat massif de Juifs”.[24] S’il n’y a pas de culpabilité familiale héritée, il est pourtant particulièrement gênant que Freeland, dans un geste de triche exemplaire, exonère son grand-père collaborationniste en l’associant aux soldats qui se sont battus pour la libération de l’Europe occidentale du nazisme.[25]

Dans quelle mesure les Juifs tiennent-ils un rôle instrumental dans la volonté des nationalistes ukrainiens de s’affranchir du monde russe?

Il y a tout d’abord la concurrence victimaire, qui prend la forme d’une thèse révisionniste accusant les Juifs d’instrumentaliser à leur profit politique ou financier un statut de victime qui serait moindre que celui des Ukrainiens, comme l’affirme l’essai publié par Youri Choumatski, avec le financement des vétérans de l’UPA (armée insurrectionnelle ukrainienne, émanation de l’OUN), essai paru en 1986 et intitulé “Pourquoi un holocauste vaut-il plus qu’un autre?”[26]

L’inflation victimaire a pour objectif de passer sous silence la compromission profonde du nationalisme ukrainien avec l’antisémitisme et avec le nazisme, ce qui pourrait le disqualifer au nom de l’opinion publique occidentale. La promotion de l’Holodomor comme équivalent sémantique et culturel de l’Holocauste ne répond pas à la recherche d’une justice pour les victimes de la famine de 1932/33, qui affecte par ailleurs de nombreuses régions de l’URSS au moment de la réalisation forcenée du premier plan quiquennal[27], mais la prétention à une immunité politique. Il ne s’agit pas de minimiser les victimes de la famine de 1933 mais de mesurer leur instrumentalisation. Les chercheurs Karyn Ball et Per Anders Rudling insistent sur le fait que les nationalistes “ont utilisé souvent une compétition victimaire en exagérant le décompte des victimes associées à la famine ukrainienne de 1932-33 dans le but de s’approprier ce qui est perçu comme le capital moral du génocide des Juifs.”[28]

Cela s’inscrit dans une perspective ouvertement négationniste. John-Paul Himka souligne que “l’on niait le fait que le mouvement ukrainien durant la Seconde Guerre mondiale avait une prédisposition idéologique qui pouvait avoir facilité la participation à des actions génocidaires. Le vétéran de l’UPA et l’historien militaire Lev Shankovsky par exemple assénait dans une table ronde que l’antisémitisme organisé “n’avait jamais existé en Ukraine. Mais il existe un mythe concernant l’antisémitisme ukrainien qui est soutenu par Moscou”.”[29] Autrement dit, ce serait l’influence trouble de la Russie qui ternirait l’image de l’Ukraine et non les actions criminelles de ses nationalistes durant la Seconde Guerre mondiale.

Dans un geste similaire, lorsque le passé collaborationniste de son grand-père sera connu, Chrystia Freeland n’hésite pas à accuser la Russie de propagande, et à faire de son cas individuel uniquement une tentative de déstabilisation de l’occident, façon peu glorieuse d’effacer sa compromission personnelle envers ce passé pro-nazi. Elle affirme ainsi: “Je ne pense pas que ce soit un secret. Les officiels américains ont publiquement dit, et même Angela Merkel l’a dit publiquement, qu’il y a des efforts du côté russe pour déstabiliser les démocraties occidentales, et je pense que cela ne devrait pas surprendre si des efforts similaires étaient utilisés contre le Canada. Je pense que les Canadiens et d’autres pays occidentaux devraient se préparer à de tels efforts dirigés contre eux.[30]

Entre manoeuvre politique et falsification historique, la position intellectuelle de Freeland n’est pas exempte d’un antisémitisme latent que l’on retrouve dans sa propension à colporter l’idée d’un pouvoir corrupteur de la finance juive en affirmant, à tort, que le monde des oligarques russes serait contrôlé à 85% par des juifs:[31] “En Russie, il se trouve que la plupart des oligarques étaient juifs.”[32]

Depuis Sale of the Century jusqu’à Plutocrats, elle persiste sur cette même approche en affirmant que “la plupart des oligarques russes qui étaient suffisamment intelligents et motivés pour avoir des diplômes des meilleures universités de Moscou avant l’effondrement de l’Union Soviétique, mais étaient principalement juifs et par conséquent pas totalement membres de l’élite soviéique, ont pour origine un complexe identique initié/outsider”.[33]  La minimisation ou la dissimulation des crimes antisémites de ce nationalisme ukrainien est aussi caractéristique du travail de proches collaborateurs de Freeland  comme le relève l’historien Grzegorz Rossolinski-Liebe.[34] Entre Radio Liberty ou le Financial Times, c’est toute la représentation même des relations de l’occident à la Russie et une figuration volontairement trompeuse et malveillante envers les Juifs qui se dessine.

Il n’est donc pas étonnant que les idéologues et lobbyistes ukrainiens aient trouvé un appui favorable dans le monde américain si l’on en juge ce qu’écrit le général Patton au sujet de la Russie.

“La difficulté à comprendre le Russe est que nous ne prenons pas conscience du fait qu’il n’est pas Européen, mais Asiatique et pense sournoisement. Nous ne pouvons pas comprendre plus un Russe qu’un Chinois ou un Japonais, et de ce que j’ai vu d’eux, je n’ai aucune envie particulière de les comprendre si ce n’est évaluer quelle quantité de plomb ou de fer il faut pour les tuer. Outre cette caractéristique appréciable, le Russe n’a aucun respect pour la vie humaine et n’est qu’un véritable fils de p…, un barbare et un ivrogne chronique.[35]

Certes, cette posture révisionniste et négationniste appartiendrait seulement à la diaspora ukrainienne si Chrystia Freeland n’était pas proche des milieux d’extrême droite ukrainien que l’on retrouve à des postes d’influence dans les gouvernements successifs ukrainiens dits pro-européens. Elle apporte ainsi son soutien à Andriy Parubiy[36], fondateur du Parti social-nationaliste d’Ukraine[37], président de la Rada entre 2016 et 2019. On retrouve dans les coalitions dites pro-occidentales le parti Svoboda dont la branche militaire, incarnée par les milices comme le Praviy Sektor, Dniepr, Aidar ou le fameux Azov posent un problème fondamental: comment un pays européen peut-il fermer les yeux sur l’idéologie pro-nazie, négationniste de ces groupes intégrés ultérieurement à la Garde nationale?

Ce n’est pas anodin si l’ABN utilise dans son emblème le même Wolfsangel que le bataillon Azov, ni que ce dernier participe aux commémorations en faveur des anciens combattants de la Légion SS lettone par exemple en 2016.[38] Quant au leader Andriy Biletsky, qui se qualifie lui-même de “fürher blanc”, ne sera-t-il pas décoré par le président Poroshenko de l’ordre du courage le 2 août 2014?[39]

L’influence que ces milieux d’extrême droite issus de collaborationnistes ou criminels de guerre alignés sur le Troisième Reich dans le cadre universitaire, institutionnel ou politique européen éclaire sans aucun doute l’influence politique que l’idéologie et les cadres d’extrême droite exercent en Ukraine bien au-delà de leur représentation politique dans l’électorat ukrainien, mais aussi la couverture médiatique du conflit où nous retrouvons à la fois la même caricature biaisée dans la représentation du rôle de l’ultra-droite en Ukraine.

Ce n’est pas non plus un hasard si l’Institut pour la mémoire nationale, fondé en 2005 sous la présidence du pro-européen Viktor Iouchtchenko, a mis en place une politique ouvertement négationniste et révisionniste, à l’initiative de son épouse, américano-ukrainienne et issue de groupes d’extrême droite américain: on y apprend même que les SS ukrainiens seraient des “victimes de guerre”.[40]

On peut aussi s’étonner du silence de Chrystia Freeland à l’égard de l’oligarque juif Ihor Kolomoïsky, patron de la chaîne de télévision qui a assuré le lancement de Volodymyr Zelenski[41] ainsi que sa fortune[42] (selon les Pandora Papers[43]), mais le même oligarque est accusé d’avoir dérobé 5% du PIB ukrainien[44] et de financer[45] des milices d’extrême droite[46], et est aussi impliqué dans des affaires embarrassantes de blanchiment d’argent.[47] Là encore, le tableau dont nous esquissons les contours est plus complexe que le discours manichéen habituel qui nie la question du néonazisme ou de l’antisémitisme structurel du nationalisme ukrainien. Sans doute le soutien apporté à l’occident à d’anciens criminels de guerre, au nom de la lutte anti-communiste, est une page difficile à rouvrir à l’heure où l’invasion du territoire ukrainien par la Russie a conforté l’ethno-nationalisme ukrainien, mais aussi rappelé cette complaisance occidentale à l’égard de ceux qu’elle affirme pourtant vouloir combattre: l’extrême droite.

De tout évidence, la Russie utilise l’essor de ce nationalisme xénophobe en Ukraine et son insertion dans les cercles du pouvoir principalement pour son radicalisme antirusse, illustré de manière pathétique sur les chaînes de télé française,[48] et non pour la réhabilitation des figures antisémites. Cet exercice de communication destiné à la politique intérieure de la Fédération de Russie n’offre pas non plus un casus belli légitime. Si refuser au Kremlin tout alibi pour l’invasion d’un pays souverain importe, nier la captation du discours et du pouvoir en Ukraine par des cercles issus de l’extrême-droite révèle une faillite à promouvoir les valeurs qui sont censées être celles que l’on défend en occident. Et paradoxalement, nous retrouvons le même paradigme avec la cause palestinienne dans ses expressions les plus antijuives, qui ne trouvent en Europe aucune contestation de fond au niveau institutionnel. Faut-il en raison de l’illégalité de l’invasion russe et de la dévastation causée par la guerre initiée par Moscou fermer les yeux sur un processus d’ultra-droitisation de la politique ukrainienne qui forge un récit national réhabilitant des assassins de Juifs?

Mais, dira-t-on immédiatement, Zelenski n’est-il pas juif? Doit-on considérer son ascendance juive comme un déni d’antisémitisme dans un pays qui connait, à l’instar des autres pays européens des attaques antijuives allant jusqu’à la désacralisation de lieux religieux.[49] Sans être un pays sans antisémitisme, l’Ukraine n’est pas non plus un pays exclusivement antisémite. Le problème porte sur le déni de cet antisémitisme tant en Ukraine que dans l’ouest et sur l’influence notoire des milieux d’extrême-droite sur la politique du pays.

Son président n’a pas été élu sur une base identitaire mais sur des promesses de lutte contre la corruption massive et endémique et sur la paix négociée dans l’est. Non sans cynisme, il n’hésite pas à utiliser dans des sketches des préjugés grossièrement antisémites[50], et recourt au motif de l’histoire juive dans ses discours de mobilisation de l’opinion publique internationale. Il accuse la Russie de détruire le monument commémoratif de Babi Yar[51] ou de plan d’extermination,[52] tous deux infondés. De son côté, la Russie également joue sur le registre du motif juif sur une partition différente: elle prétend prévenir un “génocide” et affirme renouer avec l’antifascisme soviétique pour “dénazifier” le pays voisin.

Si Zelenski ne peut pas être tenu pour responsable des politiques d’inclusion des milices d’extrême droite par Kiev, jusqu’à des financements par le biais de politiques dites d’éducation nationaliste[53], il n’hésite pas pourtant à rencontrer leurs leaders[54] et son premier ministre peut participer à un concert néo-nazi à Kiev[55] sans que cela choque personne.

Pire encore, l’extrême droite travaille main dans la main avec les services de sécurité ukrainiens[56], obtenant de fait une emprise concrète qui s’illustre dans l’émergence de milices validées par l’Etat pour patrouiller les rues.[57] Lorsque Zelenski apporte son soutien au footballeur Roman Zolzulya[58], il affirme qu’il agit en bon patriote en s’affichant dans la lignée de Bandera. Quant à Dmytro Yarosh, il est recyclé durant le mandat Zelenski comme conseiller du chef d’Etat-major Zalujny.[59] De la même façon, Zelenski nomme un ancien commandant du bataillon Aidar comme gouverneur d’Odessa[60], alors qu’Amnesty le mentionne pour de nombreux cas de crimes de guerre[61].

 Loin d’être un fantasme du Kremlin, le rôle instrumental de l’extrême-droite dans la “Révolution Maïdan”[62] et le contrôle de la société ukrainienne jusqu’à utiliser le bâtiment officiel de l’administration municipale de Kharkov comme quartier général[63] quelques jours avant d’être bombardée par l’aviation russe sont à noter. De fait, la judéité de Zelenski, dont la femme est orthodoxe et les enfants baptisés, ne représente rien de plus qu’une opération de communication destinée à couvrir l’emprise de l’idéologie d’extrême-droite dans un Etat qui désormais interdit toute expression venant de l’opposition.[64]

Si le président Zelenski élu par les Ukrainiens à une large majorité n’est pas qualifié pour parler au nom des Juifs et dicter leur choix dans le conflit, qui peut parler en leur nom? Certains Juifs s’expriment comme porte parole tacites des organisations les plus radicales en Ukraine.[65] Cette posture de déni ne masque pas la propension à l’antisémitisme de l’extrême droite ukrainienne dont les actions violentes avaient été soigneusement relevée avant le conflit.[66] Les citoyens israéliens engagés aux côtés des forces armées ukrainiennes soit en combattant soit en formant des soldats locaux, le sont de leur propre initiative et non avec l’approbation ouverte du gouvernement israélien. Jugé neutre par les deux parties du conflit, le gouvernement Bennett est intervenu dès le début de la guerre et s’est engagé à ne pas livrer des armes notamment réclamées par l’Ukraine. Néanmoins, certaines armes israéliennes ont bien rejoint le théâtre des opérations, que ce soient les armes anti-char d’une filiale de Rafael[67], ou encore la version ukrainienne sous licence du Tavor israélien[68]. Mais ni les missiles Spike ni les systèmes anti-aériens Iron Dome n’ont pris la route de Kiev. Il y a une raison évidente: Israël demeure un pays soumis à des menaces réelles de la part d’organisations terroristes et le pays ne dispose pas de suffisamment de batteries / radars qui pourraient être simplement livrés sans mettre en danger la sécurité des habitants d’Israel.

Un Etat se doit d’avoir en priorité l’intérêt premier du pays et de ses habitants. La coordination avec la Russie[69] est sans doute aussi le prix à payer d’une certaine neutralité israélienne face à l’implantation militaire iranienne en Syrie ou à l’acquisition par Téhéran de l’arme nucléaire, le tout face au poids accru des USA dans la politique étrangère israélienne. Dans ce jeu délicat, le gouvernement israélien ne peut se payer le luxe d’entrer en co-belligérance aux côtés de l’Ukraine sans pouvoir ignorer que la Russie se tient du point de vue stratégique du côté des ennemis d’Israël. Le soutien envers les 40 000 Ukrainiens qui s’identifient comme Juifs[70] paraît être l’option la plus raisonnable et la plus juste éthiquement, quitte à affronter la critique de ceux qui pensent que l’Etat juif devrait agir sans distinction. Le pays est petit et n’a pas les capacités d’accueil que peuvent avoir la France, réticente à accueillir autant que l’Allemagne.

Nombreux sont les rabbins ou représentants de différentes congrégations qui ont exprimé non seulement un soutien aux juifs d’Ukraine mais aussi au peuple ukrainien et une dénonciation de la guerre. Une telle posture, tout à fait légitime du point de vue moral, ne peut dissimuler la cécité à l’égard des pages sombres et des compromissions persistantes d’une part fondamentale de l’élite ukrainienne, en Ukraine ou en diaspora, envers un révisionnisme qui devrait alerter plus d’une conscience juive. L’unanimisme militant et l’engagement sans conscience historique peuvent certes temporairement soutenir l’effort militaire ukrainien contre une armée envahissant son territoire souverain, mais faire l’impasse sur les origines ouvertement antisémites du nationalisme ukrainien dans sa version dominante actuellement est aussi une forme de nouvelle condamnation pour les victimes de la haine antijuive. Si aujourd’hui elle est principalement dirigée contre les Russes, il n’en demeure pas moins qu’on ne saurait à peu de frais se satisfaire de ne pas être la cible principale d’une haine xénophobe en trahissant la mémoire de ceux qui n’ont eu de cesse de se battre contre le nazisme.

Du point de vue juif, la question ne devrait pas être de dire simplement non à Poutine. En refusant de tout réduire à des affirmations simplistes, tronquant d’une réalité plus complexe, il est primordial de refuser l’instrumentalisation de l’histoire du peuple juif et de ses drames les plus tragiques. C’est sans doute à partir de là qu’une réponse juive pertinente peut être donnée à ce nouveau conflit qui ensanglante l’Europe.

© Sacha Bergheim

Sacha Bergheim est un blogueur franco-israélien

[1] https://yivoencyclopedia.org/article.aspx/gzeyres_takh_vetat

[2] Israel Zinberg, A History of Jewish Literature IV (New York, 1975), translated by Bernard Martin, pp. 122-23

[3] Shaul Stampfer, “What Actually Happened to the Jews of Ukraine in 1648?” Jewish History, 17:2 (2003), pp. 221-222

[4] Antony Polonsky The Jews in Poland and Russia. Volume III: 1914 to 2008. The Littman Library of Jewish Civilization. Liverpool University Press, 2012

[5] https://emerging-europe.com/after-hours/the-contested-legacy-of-bohdan-khmelnitsky/

[6] https://www.jta.org/2014/04/25/culture/a-neologism-used-as-a-weapon-in-the-fight-over-ukrainian-jewry

[7] https://pidruchnyk.com.ua/1270-zahyst-vitchyzny-11-klass-gudyma-med.html

[8] https://brill.com/view/journals/fasc/5/1/article-p26_3.xml?language=en

[9] https://w1.c1.rada.gov.ua/pls/zweb2/webproc4_1?pf3511=72398

[10] https://www.pravda.com.ua/news/2021/05/7/7292752/

[11] https://www.tagesschau.de/ausland/europa/kiew-distanziert-sich-von-melnyk-101.html

[12] https://www.nouvelobs.com/monde/20131214.OBS9588/ukraine-combien-de-fascistes-dans-l-opposition.html

[13] https://www.lemonde.fr/international/article/2014/02/17/faute-de-consensus-l-union-europeenne-opte-pour-l-attentisme-et-menage-moscou_4367954_3210.html

[14]https://zakarpattya.net.ua/News/97043-Valerii-Bebyk-U-nas-zaraz-neukrainska-pravliacha-politychna-elita

[15] https://www.thenation.com/article/archive/seven-decades-nazi-collaboration-americas-dirty-little-ukraine-secret/

[16] Old Nazis, the New Right and the Reagan Administration: The Role of Domestic Fascist Networks in the Republican Party and Their Effect on U.S. Cold War Politics

[17] https://en.wikipedia.org/wiki/Yaroslav_Stetsko

[18] https://training.ehri-project.eu/sites/training.ehri-project.eu/files/EHRI_UKRAINE_A_7_translation.pdf

[19] Jonathan Levy, The Intermarium: Wilson, Madison, and East Central European Federalism, 2006, p.319 et 321. (PhD thesis, Poli. Sci.)

[20] Scott Anderson and Jon Lee Anderson, Inside the League, 1986, p.11

[21] Grzegorz Rossolinski-Liebe, “Celebrating Fascism and War Criminal-ity in Edmonton: The Political Myth & Cult of Stepan Bandera in Multicultural Canada,” Kakanien Revisited, Dec. 29, 2010, p.7

[22] http://www.encyclopediaofukraine.com/display.asp?linkpath=pages\P\R\ProclamationofUkrainianstatehood1941.htm

[23] https://www.academia.edu/577931/_Falsifying_World_War_II_History_in_Ukraine_

[24] Shatterzone of Empires: Coexistence and Violence in the German, Habsburg, Russian, and Ottoman Borderlands

[25] Tweet original effacé (https://twitter.com/cafreeland/status/768200606695776256) et repris par plusieurs captures d’écran comme https://coat.ncf.ca/P4C/70/FreelandBRD-tweet.jpg Pour une approche plus complète https://readpassage.com/chrystia-freeland-must-account-for-her-nazi-collaborator-grandfather/

[26] https://nla.gov.au/nla.cat-vn7862818

[27] https://www.monde-diplomatique.fr/2018/03/LACROIX_RIZ/58455

[28] Karyn Ball and Per Anders Rudling, “The Underbelly of Canadian Multiculturalism: Holocaust Obfuscation & Envy in Debate about the Canadian Museum for Human Rights,” Holocaust Studies, Winter 2014, p.47

[29] https://soi.journals.yorku.ca/index.php/soi/article/view/7999/7147

[30]  https://www.theglobeandmail.com/news/politics/freeland-warns-canadians-to-beware-of-russian-disinformation/article34227707/

[31] Affirmation de Freeland contredite par l’étude de https://www.sscnet.ucla.edu/polisci/faculty/treisman/Papers/blamin.pdf

[32] https://hbr.org/podcast/2012/12/the-rise-of-the-global-super-r.html

[33] Chrystia Freeland, Plutocrats: The Rise of the New Global Super Rich and the Fall of Everyone Else, 2012. Page disponible: https://www.rulit.me/books/plutocrats-read-262812-42.html

[34] Grzegorz Rossolinski-Liebe, Stepan Bandera: The Life and Afterlife of a Ukrainian Nationalist, 2014, p.453-54.

[35] Chris Kaspar de Ploeg. Ukraine in the Crossfire. Clarity Press, 2017., pp. 118-119.

[36] https://m.facebook.com/freelandchrystia/posts/met-with-andriy-parubiy-the-speaker-of-the-verkhovna-rada-and-discussed-the-role/2190336787687216/?locale2=fr=FR

[37] https://en.wikipedia.org/wiki/Andriy_Parubiy

[38] https://www.youtube.com/watch?v=2HzcOtsEQ_E selon les images diffusées par le vlogeur pro-russe d’origine britannique Graham Philips.

[39] https://www.researchgate.net/publication/359204652_THE_UNWARRANTED_WAR_The_avoidable_war_that_will_penalize_severely_Ukraine_Russia_the_US_and_the_NATO_Europe_developing_countries_and_the_global_economy

[40] https://www.youtube.com/watch?v=2HzcOtsEQ_E

[41] https://worldcrunch.com/world-affairs/volodymyr-zelensky-pandora-papers/igor-kolomoisky-billionaire-zelensky

[42] https://www.kyivpost.com/ukraine-politics/reactions-in-ukraine-to-pandora-papers-revelations.html

[43] https://www.courrierinternational.com/revue-de-presse/economie-parallele-le-president-ukrainien-zelensky-dans-la-tourmente-des-pandora

[44] https://www.courrierinternational.com/article/enquete-comment-ihor-kolomoisky-vole-5-du-pib-ukrainien

[45] https://www.businessinsider.com/the-pocket-army-controlled-by-sacked-ukrainian-billionaire-igor-kolomoisky-2015-3?r=US&IR=T

[46] https://www.vox.com/2015/3/23/8279397/kolomoisky-oligarch-ukraine-militia

[47] https://www.jewishpress.com/news/us-news/ny/dozens-of-jewish-institutions-tied-to-alleged-money-laundering-scheme/2021/03/07/

[48] https://www.youtube.com/watch?v=rAXboSc8wVo

[49] https://forward.com/news/breaking-news/357747/uman-synagogue-vandalized-with-pig-s-head-bearing-swastika/

[50] https://www.jewishrenaissance.org.uk/blog/the-ukrainian-presidents-jewish-jokes

[51] https://www.jpost.com/international/article-699318

[52] https://fr.timesofisrael.com/la-comparaison-ukraine-shoah-de-zelensky-suscite-des-reactions-mitigees-chez-les-elus/

[53] https://web.archive.org/web/20180617020140/https://hromadskeradio.org/derzhava-finansuye-c14

[54] https://www.youtube.com/watch?v=VavqTg7SLEg

[55] https://www.timesofisrael.com/ukrainian-pm-minister-attended-neo-nazi-concert-in-kyiv/

[56] https://web.archive.org/web/20220129134515/https://news.liga.net/politics/interview/s14_kto_oni_i_pochemu_im_pozvoleno_bit_lyudey

[57] https://www.reuters.com/article/us-cohen-ukraine-commentary/commentary-ukraines-neo-nazi-problem-idUSKBN1GV2TY

[58] https://www.vocativ.com/falsestart/414086/did-espn-let-a-nazi-soccer-player-off-the-hook/index.html

[59] https://www.facebook.com/dyastrub/posts/4533858036691045

[60] https://www.ukrinform.net/rubric-ato/3417806-zelensky-replaces-heads-of-odesa-cherkasy-regional-state-administrations.html

[61] https://www.amnesty.org/en/documents/eur50/040/2014/en/

[62] https://twitter.com/RealAlexRubi/status/1497747535783411714

[63] https://t.me/nationalcorps/11126

[64] https://www.theamericanconservative.com/ukraine-bans-political-opposition/

[65] https://fr.timesofisrael.com/les-juifs-ukrainiens-laffirment-non-leur-pays-nest-pas-neonazi/

[66] https://www.thenation.com/article/politics/neo-nazis-far-right-ukraine/

[67] https://www.israeldefense.co.il/en/node/54058

[68] https://www.israeldefense.co.il/en/node/54616

[69] https://www.reuters.com/world/middle-east/russia-sees-military-coordination-with-israel-syria-continuing-2022-02-26/

[70] https://katz.sas.upenn.edu/resources/blog/ironies-history-ukraine-crisis-through-lens-jewish-history

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5 Comments

  1. Article minutieux exhaustif, avec une pléthore de liens internet : n’y a t il pas des articles ou livres classiques imprimés . Ceci dit l’antisemitisme est malheureusement la chose la mieux partagée en ce bas monde ne nous enseignent t on pas St Louis ! massacreurs de juifs devant l’eternel ! et que dire de la Pologne actuelle…Je constate également que les USA dans cet article n’ont pas un role bien enviable . Pourtant c’est notre meilleur allié . Donc article qui dit des vérités qui ne justiifent pas l’action de Poutine dont le pays la russie n’est pas spécialement philosémite !
    Doit-on conclure qu’il ne sert à rien d’aider l’Ukraine ??

    • Les USA de Biden et BLM sont notre pire ennemi. (Le soutien des USA à Israël appartient au passé même si les apparences peuvent laisser croire le contraire : l’antisionisme est aujourd’hui majoritaire dans le parti du senile Biden et les universités américaines wokisées).

  2. Bravo a Sacha Bergheim et a Tribune Juive
    en ces temps où trop de Juifs preferent par russophobie fermer les yeux sur la realité de l’Ukro-nazisme qui comme l auteur de l article le demontre avec une superdocumentation, n est pas un epiphenomene, mais est la colonne vertebrale du nationalisme ukrainien.
    Jean Pierre Lledo

  3. Un texte bien écrit et parfaitement clair, documenté, et solidement charpenté intellectuellement. — Sans doute un des 10 ou 15 textes les plus intéressants publiés sur ce sujet, qui mériterait une diffusion — et une discussion, pour aller plus loin — internationale.

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  1. Sacha Bergheim. L’histoire, les Juifs et la guerre en Ukraine – B.N.V.C.A News

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