Les apartés de Félie. Posture, imposture, désinvolture, déconfiture ?

On y est ! À ce jour tant attendu et détesté par certains. C’est dimanche. Un dimanche particulier, un « dimanche de fiançailles », un dimanche d’engagement.

On met ses plus beaux habits choisis longtemps à l’avance. C’est le jour J. On se regarde dans le miroir, s’envoie un léger clin d’œil, esquive un sourire et soudain une ombre noire et le doute qui étreint. Le cœur palpite, les mains sont moites, l’angoisse nous envahit. Il va falloir dire oui.

Il va falloir dire oui. S’engager. Aujourd’hui est le début d’un nouveau chapitre de notre vie. Entre nos mains tremblantes deux petits bouts de papier. Nommés ci-devant bulletin. Un dernier regard dans le rétro. On soupire, expire, relève la tête. Le doute est toujours là. On tente de se reprendre. On change de posture, on tente l’approche de la désinvolture. Mais, le noeud est bien présent. La boule fleure les lèvres, crispe le ventre et l’envie de fuir nous envahit.

Serait-ce si grave de prendre la fuite ? De manquer ce rendez-vous qui va changer notre vie ? Ça toque à la porte de notre conscience. Toc, toc, toc. Qui est là ? Non ce n’est pas le plombier ni la bonne praline. On se tourne vers la porte.

Les coups s’intensifient. Ouvrir ? Rester tapi dans le refuge de la pièce, prendre la fuite, aller à la pêche aux moules font partie des options.

Toc, toc, toc. Un pas de côté et non de bourrée même si le sentiment qui nous étreint ressemble à l’ivresse, au vertige d’une coulée de fée verte qui se mélange à notre sang et nous laisse, immobile, sous le ressac.

Abandonner alors que nous avons en vue les derniers mètres de ce sommet durement grimpé ? Ce serait regrettable mais envisageable.

Toc, toc, toc. Valse hésitation. « Tu veux ou tu veux pas ? Si tu veux pas tant pis, j’en ferai pas une maladie. »

Erreur de la banque en notre défaveur.

Si, on peut en faire une maladie.

Deux alternatives. Le regard se fixe sur les bulletins. Deux noms sinon rien. L’un ou l’une. Mais, « un plus une », ça n’existerait donc qu’au cinéma ? Parce que là, c’est une histoire d’amour ou de désamour.

Si on envoyait notre doublure ? Celle en soie qui porte le doux nom de liberté ? Évidemment, dans doublure, il y a double. Mais, notre malaise provient-il d’un double jeu ?

Légitime, sommes-nous légitimes ? Ou frôlons-nous l’imposture ?

Un choix. Juste deux voies. Et une urne. Non, point celle des cendres d’une crémation, mais celle de notre morale. Laquelle prendre ? Mais non pas l’urne ! Enfin ! L’urne n’étant pas une option mais un réceptacle à deux noms cachés.

Donc, quelle route choisir ? Celle de la borne d’arrêt d’urgence ou l’artère dégagée qui nous amène aux portes de la liberté ?

Cornélienne notre histoire. Ou racinienne. Parce qu’on y tient à nos racines, à notre patrimoine, à nos origines. On s’y accroche, même parfois, avec l’espoir qu’elle ne se répète pas.

Acteur ou spectateur ? Banc de touche, ailier droite ou gauche ? But tiré et réussi ou penalty de la honte ?

Dilemme. On inspire et on expire. On passe les mains sur les plis de sa toilette. Défroisse les quelques plis.

Toc, toc, toc. Oui, on arrive et on ouvre grand la porte. Sur la petite table du couloir, notre regard est attiré. On y porte notre attention. C’est un pot de confiture. Un rire nerveux nous secoue. On se souvient de l’avant. Des confitures partagées, des doigts plongés dans les pots. Ça met la larme à l’œil ces secondes de nostalgie.

Mais, avant ? On balaie (brosse, évidemment) la poussière de la mémoire. C’est maintenant que tout se joue. C’est un signe dominical. Hors d’idée d’être, ce soir, responsable d’une déconfiture. Un souffle d’espoir s’empare de l’air. L’engagement est la seule posture possible. Celle de la liberté.

© Felicia-France Doumayrenc

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Image-1-2-3-768x1024.jpg.

Felicia-France Doumayrenc est autrice, critique littéraire, éditrice et peintre.

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