Pierre Saba – La république des salauds

Sur les faits

Le 17 février 2022, à Bobigny (banlieue parisienne), le jeune Jérémie Cohen, marchant dans la rue, est pris à partie par une bande de voyous. En cherchant à leur échapper, il se fait percuter par un tramway en marche et il meurt.

Le parquet est saisi et un juge d’instruction est désigné.

Certains témoignages évoqueraient la présence d’une kippa (signe confessionnel juif) à l’alentour du corps de Jérémie.

Le pays apprend les faits deux mois après la mort du jeune garçon.

Sur le décès

Il revient au juge d’instruction de déterminer si la mort de Jérémie est accidentelle ou meurtrière.

Dans le premier cas, seul l’accident mortel sera retenu sans liaison avec la fuite de Jérémie. Il faudra alors expertiser la responsabilité civile du conducteur du tram.

Dans le second cas, l’accident sera lié à la nécessité vitale pour Jérémie de fuir ses agresseurs. Sans l’agression, il n’aurait pas fui et n’aurait pas percuté le tramway en mouvement.

Sur le délai entre le décès de Jérémie et l’information au public

Qu’elles qu’en soient les raisons, le délai de deux mois entre les faits et la diffusion de l’information est exceptionnel et exceptionnellement long.

Immédiatement après la publicité de l’information, certains journalistes prétendent n’avoir pas été tenus informés, d’autres affirment n’avoir rien voulu cacher.

Quant aux politiques, la proximité de l’élection présidentielle les incline à prendre position avec les indignations sincères ou circonstanciées.

Sur l’interrogation du caractère antisémite de l’agression subie par Jérémie

En France, la triste et détestable habitude pénale des juges est de s’interroger ou de rejeter le caractère aggravant d’antisémitisme y inclus dans les cas les plus attestés, les plus factuels et les plus évidents.

La mort de Jérémie n’y fait pas exception. Comme de bien entendu, le juge d’instruction est en charge d’examiner la retenue ou le rejet du caractère antisémite de l’agression fatale de Jérémie.

La présence d’une kippa près du corps du jeune homme est pour le juge un élément principal de son dossier. Compte tenu du cadre géographique et administratif, l’absence de kippa est d’un intérêt pénal limité.

En effet, Bobigny et son département de Seine-S-Denis ont le déshonneur d’être un bassin antisémite avec agressions publiques et privés récurrentes, bien connues de la police, de la justice, des fonctionnaires, des parlementaires et des media. L’absence de responsabilité de l’Etat a conduit à une telle insécurité que la quasi-totalité des résidents juifs ont dû déménager de cette zone de haine.

L’expérience judiciaire en matière d’antisémitisme, déjà ancienne sur le territoire français, ne l’exonère d’aucune incongruité ni des anomalies procédurales (cfr. L’assassinat de madame Halimi). Il appartient donc au conseil de la famille de s’en préoccuper avec la plus extrême vigilance.

Sur la notion de république

Pas un jour ne passe en France sans que des politiques et des journalistes n’évoquent ad nauseam la république.

Pourtant, rien ne semble plus éloignée de la notion républicaine que la pratique de ceux qui passent leurs temps à l’évoquer.

Si les principes républicains étaient respectés, il y a de fortes chances que Jérémie serait encore en vie. C’est la béance entre la pratique et l’évocation de la république qui cause tant d’effrois, d’injustice, de décès, de haine etc. Il conviendrait de rétorquer à ces adeptes du grand écart que la république est une institution fondée sur la liberté, l’égalité et la fraternité, et que plutôt que de procéder par incantation et litanie, ils feraient mieux d’appliquer ces principes constitutifs et fondamentaux. Leur responsabilité est immense.

Quand un magistrat est seul à ne pas constater l’antisémitisme manifeste et attesté dans un crime ou un délit, il “dit le droit” et doit être respecté!

Quand des forces de police stationnent, inactives, à quelques arpents des tortures et du crime infligé à une dame respectable par un djihadiste antisémite, elles “attendaient les ordres”!

Quand des journalistes, mega et poly connectés, affirment n’avoir pas été informés de la mort de Jérémie, il faut les croire !

Quand la période électorale incite les politiques à s’indigner avec tout de même de la circonspection, alors que les mêmes se taisent ou doutent régulièrement à chaque agression antisémite soulevée, il faut l’accepter!

Pendant ce temps, des Juifs meurent, sont blessés, agressés en toute quiétude et la plupart du temps impunément.

C’est la république des salauds.

Pierre Saba

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3 Comments

  1. Il me semble que le handicap,de Jeremy etait le premier facteur discriminant , attention car le systeme va essayer d etouffer l affaire en poussant l antisemitisme en avant

  2. Tout a fait juste et TOUS les autres pays occidentaux (le fameux monde libre, vous savez…) sont dans le même cas de figure. Autre exemple tout aussi atroce et sordide : le viol collectif d’Evry (début 2014). Vous devriez rappeler les faits de manière à montrer l’ampleur du phénomène.

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