Le Billet de Maxime Tandonnet. Retraite à 65 ans, réflexion sur une proposition

Le président candidat Emmanuel Macron a annoncé sa proposition de retour à un âge de la retraite à 65 ans. Cette annonce est intéressante sur ce qu’elle nous dit de la politique actuelle.

En soi, elle n’a pas une grande importance. Qu’elle soit annoncée ne signifie pas qu’elle sera mise en œuvre. Peu de promesses, allant dans le sens contraire de celui de la pente, sont jamais mise en œuvre – comme la promesse phare de 2017 de rétablir un service universel obligatoire.

Et puis, tout dépend des modalités. On peut imaginer une réforme des retraites portant l’âge de départ à 65 ans, assortie de la trop célèbre clause grand père, aux termes de laquelle son application effective n’interviendrait que dans 40 ans…

Le président de la République, lors de sa grande réforme avortée de 2019-2020, était réticent face à l’instauration d’un âge pivot à 64 ans proposée par le Premier ministre de l’époque. En deux ans, il aurait radicalement changé d’avis?

Non, tout ceci n’a pas grand chose à voir avec le réel, avec l’intérêt général du pays. Nous baignons dans la tactique politicienne, électoraliste. L’âge du départ à la retraite est un sujet emblématique, un chiffon rouge, un marqueur…

Par cette annonce, M. Macron tend franchement la main à la droite. Il préempte l’électorat Fillon. Il manifeste son dédain des Gaulois réfractaires et de ceux qui ne sont rien, ne peuvent même pas se payer un costume. Il se montre dans sa meilleure posture, celle du transgressif, qui n’a peur de rien. Il achève, pense-t-il, d’enterrer la candidature Pécresse (en lui reprenant une proposition phare) la seule qui aurait pu, à un certain moment, l’inquiéter. Il consacre son duel avec Mme le Pen – longtemps favorable à l’abaissement de l’âge de la retraite de 62 à 60 ans – un duel qui rend absolument certain sa réélection. Il sait que face à cette dernière, la gauche votera pour lui mais il souhaite consacrer son triomphe par une allégeance en bonne et due forme de la droite.

Mais aussi, il applique la méthode du contre-feu: mettre en avant une annonce explosive pour couvrir, faire oublier, l’échec de la réforme des retraites sous son quinquennat et l’immobilisme à peu près complet d’un mandat qu’il avait placé sous le sceau de la transformation de la France. Cette annonce trouble encore un peu plus les repères et prépare de nouveaux ralliements. Bref, la politicaillerie dans ce qu’elle a de plus sournois et de plus nocif.

© Maxime Tandonnet


Fin observateur de la vie politique française et contributeur régulier du FigaroVox, Maxime Tandonnet a notamment publié André Tardieu. L’incompris (Perrin, 2019). A paraître le 3 mar: Georges Bidault, de la Résistance à l’Algérie française. Maxime Tandonnet. Perrin Editions.

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