Sylvain Merle. Amir va incarner Alfred Nakache, le nageur d’Auschwitz, au théâtre

Amir va incarner Alfred Nakache, le nageur d’Auschwitz, au théâtre : «Ce type de témoignage est capital».

EXCLUSIF. À 37 ans, le chanteur Amir fera ses débuts sur les planches à partir du 26 avril au théâtre Édouard-VII dans «Sélectionné», un seul en scène dans lequel il incarnera Alfred Nakache, le nageur d’Auschwitz. Les places seront en vente ce mardi.

«Quand on me lance un challenge avec un soupçon d’espoir, je donne tout. Les défis ça me botte», souligne le chanteur Amir. LP/Delphine Goldsztejn
«Quand on me lance un challenge avec un soupçon d’espoir, je donne tout. Les défis ça me botte», souligne le chanteur Amir. LP/Delphine Goldsztejn

Amir aura dit non à beaucoup d’autres projets, « au théâtre, au cinéma ou dans les téléfilms » avant de se jeter dans le grand bain et de faire ses premiers pas de comédien. L’ancien candidat de “The Voice” et représentant de la France à l’Eurovision le fera en incarnant Alfred Nakache, le nageur d’Auschwitz, plusieurs fois champion de France de natation avant et après sa déportation parce que juif. Un destin et un caractère hors norme que le chanteur entend mettre en lumière dans « Sélectionné », que met en scène Steve Suissa à partir du 26 avril, au théâtre Édouard-VII et dont les places sont en vente à partir de ce mardi. Il nous en parle en avant-première.


D’où vient ce spectacle ?

AMIR. D’abord d’un rêve d’enfant, du petit Amir qui faisait des pièces de fin d’année en chantant et en jouant la comédie. La vie a fait que la musique a pris plus de place, mais le souhait de jouer n’a cessé de grandir. Il a juste fallu attendre le bon moment, le bon projet, celui qui me donne envie de m’y consacrer totalement.

Pourquoi celui-ci ?

AMIR. Il y a des choses qui paraissent comme des appels du destin. En 2016, j’ai tourné le clip de « J’ai cherché » (la chanson qui lui a assuré une 6e place à l’Eurovision) à la piscine Alfred-Nakache, à Belleville. Je me suis intéressé à sa vie et ça m’a bouleversé de constater que son incroyable destin était oublié. J’ai trouvé ça encore plus tragique… Et puis j’ai continué ma route et, un jour, Steve Suissa m’a appelé, il avait pensé à moi pour incarner Alfred Nakache… Je lui ai demandé s’il m’en croyait capable, il m’a dit oui et qu’en travaillant dur, on y arriverait. Quand on me lance un challenge avec un soupçon d’espoir, je donne tout. Les défis ça me botte. Il y avait plein de choses que j’allais vivre pour la première fois, jouer au théâtre, seul en scène, incarner un personnage au destin incroyable, apprendre des pages de texte… Mais je savais que je pouvais tout donner pour y parvenir.

Comment se prépare-t-on à un tel défi ?

AMIR. Je suis très scolaire de caractère, je continue à prendre des cours de chant par exemple, j’ai ce côté bon élève qui lit, se documente, apprend, absorbe le maximum de données… J’ai regardé des films, je suis allé nager aussi, avec un champion olympique pour entrer dans le personnage…

«Alfred Nakache m’a inspiré, je l’admire et n’ai pas voulu prendre les choses à la légère», confie Amir.
«Alfred Nakache m’a inspiré, je l’admire et n’ai pas voulu prendre les choses à la légère», confie Amir. LP/Delphine Goldsztejn

Vous avez pris des cours de jeu ?

AMIR. Non, mais j’ai répété la pièce bien plus qu’un comédien. Quand il n’y avait pas Steve, c’était son assistante ou un répétiteur. Et sinon, je jouais devant ma famille. J’avais besoin d’une immersion absolue pour ne rien laisser au hasard. Alfred Nakache m’a inspiré, je l’admire et n’ai pas voulu prendre les choses à la légère.

Vous l’avez déjà jouée, cette pièce ?

AMIR. Une fois, oui, mon baptême sur scène. C’était à Tel Aviv au festival de théâtre de Steve dans lequel sont passés Richard Berry, Thierry Lhermitte ou Francis Huster… Je savais qu’il allait me jeter dans le grand bain, mais que j’étais bien accompagné. J’ai douté jusqu’à la première minute, mais j’ai très vite senti qu’Alfred était avec nous, qu’il avait donné sa bénédiction à la pièce comme il avait fait à ce clip. Quelque part je lui renvoyais la pareille en lui disant : « Merci, à moi maintenant de mettre en avant ton destin extraordinaire. »

Qu’est-ce ce destin nous dit aujourd’hui ?

AMIR. Que l’espoir fait vivre. C’est ce qui l’a fait traverser la pire épreuve que sont les camps de concentration, l’espoir de renager, de revoir sa femme et sa fille. Il va redevenir champion après avoir traversé l’enfer. Pour le résumer en un mot, c’est la résilience à part entière et il peut nous inspirer. Après une pandémie mondiale, une guerre se déclenche entre la Russie et l’Ukraine, on vit dans un monde d’incertitudes où une catastrophe peut survenir tous les jours. C’est sa foi inébranlable en la vie et en l’humain qui lui a permis de continuer, son message reste actuel : aimons-nous, aimons la vie et essayons de faire du bien dans le temps qui nous est imparti.

Un message qu’on retrouve dans vos chansons…

AMIR. C’est l’une des raisons principales pour lesquelles je me suis senti aussi proche de ses valeurs et aussi volontaire pour porter sa voix le plus loin possible.

Grand sportif français, il a été déchu de sa nationalité parce que juif en 1940… Qu’est-ce que cela vous inspire quand vous entendez Éric Zemmour dire que Pétain a protégé les juifs français ?

AMIR. Ça me froisse, énormément. Ce qu’ont fait Pétain et les collaborateurs est impardonnable, on sait les conséquences humaines, les vies perdues, c’est une page noire et trouble de l’histoire qu’il ne faut ni pardonner ni oublier. Alfred Nakache l’a subie, je vais le retracer tous les soirs… Ce type de témoignage est capital.

«La pression n’a jamais été très présente chez moi», explique Amir.
«La pression n’a jamais été très présente chez moi», explique Amir. LP/Delphine Goldsztejn

Vous avez rencontré des membres de sa famille ?

AMIR. Oui, il était important de leur donner le manuscrit, ils ont apporté quelques petites précisions très utiles. Mais au-delà, ce qui m’a énormément touché, c’est qu’ils me pensent à même de l’incarner. Je viens de loin, j’avais énormément de doutes et voir ceux qui l’ont connu venir me voir après et pleurer dans mes bras, me remerciant parce qu’ils ont eu l’impression de l’avoir vu, ça a été bouleversant et très intense.

Commencer au Théâtre Édouard-VII, à Paris, est-ce une pression supplémentaire ?

AMIR. La pression n’a jamais été très présente chez moi. Je mesure ma chance et ça m’amène plutôt de l’excitation, comme un enfant émerveillé à Noël devant un jouet qu’il veut apprendre à maîtriser. Je me sens heureux et extrêmement chanceux, l’angoisse, le trac et la pression se traduisent en envie de bien faire.

Ces premiers pas sur les planches ne sont qu’un début ?

AMIR. Je l’espère. Si ça se passe bien, évidemment que j’aimerais diversifier, aller vers d’autres projets et pouvoir dire à l’enfant que j’étais : « Voilà, tu as réussi. »


« Sélectionné, l’incroyable destin du nageur d’Auschwitz Alfred Nakache », à partir du 26 avril 2022 pour 18 représentations. Mise en vente des places le 1er mars.

Suivez-nous et partagez

RSS
Twitter
Visit Us
Follow Me

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*