Le Billet de Pierre Saba. Si vis pacem, Para bellum

“Si vis pacem, para bellvm / Si tu veux la paix, prépare la guerre”

Cette recommandation latine a fait ses preuves, tant par son exécution que par son inexécution. L’agression de l’Ukraine par la Russie semble attester l’impréparation objective de la première et la préparation militaire de la seconde.

Culpabilité de la Russie

Quelles que soient les “raisons” invoquées par Moscou, l’invasion du territoire de la république d’Ukraine par l’armée de la  fédération de Russie constitue une violation de la charte des Nations-Unies (ONU) & du Droit international public (DIP) qui prohibent la résolution des conflits par la force et les épreuves militaires.

Fragilité de l’Ukraine agressée

Le président ukrainien Zelenski constate la solitude de son pays face à l’invasion russe. Il appelle l’Union-Européenne (UE) à  plus de solidarité et à l’augmentation des mesures de rétorsions bancaires, financières, commerciales et diplomatiques contre la Russie. Il organise la défense de son pays dans le cadre mineur des mesures militaires et diplomatiques dont il dispose.

Faiblesse de la solidarité internationale envers l’Ukraine 

S’agissant de la “communauté internationale”, les signes d’intervention militaire en soutien à l’Ukraine attaquée sont inexistants. 

L’Ukraine n’étant pas membre de l’ OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord), elle ne bénéficie pas de sa défense militaire à l’invasion russe.

A ce jour, aucun Etat n’a manifesté de solidarité militaire active envers l’Ukraine. Des quantités progressives d’armements sont destinées à l’armée ukrainienne qui finirait par en manquer face à la pléthore auto et aéro-mécanique de l’armée russe.

Les solidarités qui se manifestent envers l’Ukraine sont les déclarations diplomatiques, les blocages bancaires, financiers et immobiliers de dirigeants russes et les sanctions destinées à la Russie. Compte tenu des réciprocités commerciales et financières, les sanctions sanctionneront avec la Russie les Etats prescripteurs. C’est l’effet « boomrang » bien connu des boycotts.

Culpabilité internationale dans l’invasion de l’Ukraine par la Russie

L’Ukraine et la Russie avaient contracté à Minsk (Belarus/Biélorussie) en 2014 et 2015 une série d’accords sous authentification internationale. Ni Kiev ni Moscou ne sont parvenus à leurs parachèvements ni même à leurs exécutions. L’invasion russe consacre la responsabilité internationale qui n’a pas su procéder ni faire procéder à l’application des protocoles d’accords.

Culpabilité de L’ONU 

Phagocytée par les dictatures antisémites et anti-israéliennes, l’ONU passe un temps trop imposant à incriminer et délégitimer Israël pour en avoir assez à consacrer au conflit entre Kiev et Moscou. La culpabilité d’Etats périphériques (France – Belgique – Espagne, Etats arabes etc) qui mènent une guerre diplomatique contre l’Etat hébreu portent une responsabilité patente dans l’abandon des dossiers ukrainiens. Ces dossiers,« ouverts « en 2014, sont morts de langueur et d’inattention. Il s’agit pourtant de la responsabilité directe de l’ONU. Tels sont les tristes prolégomènes de l’invasion russe de l’Ukraine.

Pire! La Russie, qui viole en Ukraine la charte de l’ONU et le DIP, continue de siéger comme membre permanent du conseil de sécurité de l’organisation et bloque ainsi toute réserve et condamnation à son endroit…

Pourtant, l’ONU connaît les pratiques antérieures de la Russie en la matière: agression de la Géorgie, sécession des républiques autonomes  d’Abkhasie et d’Ostéite du sud sous autorité et par armée russes. L’ONU ni les Etats qui la composent n’on aucune excuse de Droit ni de fait ni même de circonstances, puisqu’elles sont les mêmes.

L’exemple de l’Etat d’Israël est un interrupteur de DIP

La tolérance internationale (ONU…) à l’avantage des multiples agressions territoriales subies par Israël depuis 1948 et des Etats agresseurs place la « communauté des nations » au pied de ses responsabilités et surtout de sa culpabilité.  Loin d’isoler les Etats agresseurs, cette tolérance a isolé la victime: Israël, violé le DIP et encouragé les agressions telles que celle menée par la Russie en Ukraine. L’ONU est particulièrement coupable de la situation que vit l’Ukraine et responsable de l’agression commise par la Russie.

Culpabilité  de l’UE

Bloquée par ses décisions prises à l’unanimité des Etats membres et par ses désaccords internes, l’UE n’a pas plus intégré l’Ukraine, lui retirant ainsi une protection supplémentaire.

Les chefs d’Etats et de gouvernements qui se sont entretenus avec le président fédéral russe l’ont considéré comme s’il était un démocrate et un russe alors que tout dans son comportement gestuel, institutionnel, sémantique et même vocal le signifiait comme un dictateur soviétique. Il  a ainsi pu jouer des failles que la démocratie permet entre membres de son club alors qu’il en était un ennemi. 

Responsabilité de L’OTAN

L’organisation militaire n’a impliqué aucune intégration de l’Ukraine à son organisation. Motif invoqué : la volonté de ne pas provoquer la Russie, qui, quoi qu’il en soit, ne manque pas de se déclarer provoquée à chaque nécessité d’invasion (Géorgie, …) et  n’éprouve aucune gêne à la provocation. L’alarmante actualité le démontre.

Responsabilité des Etats-Unis d’Amérique

Les avertissements du président américain Biden à Poutine se sont soldés par un refus de l’invasion de l’Ukraine et une tolérance  d’incursions en territoire ukrainien. C’est ce qu’a commencé à faire Poutine : il a envoyé ses armées en incursion en Ukraine avant de l’envahir.

Et maintenant, l’irrédentisme!

Si les méthodes du camarade Poutine sont identiques, ses menaces à l’égard de ceux qui oseraient interférer dans l’invasion de l’Ukraine marque une modification brutale des rapports internationaux.

Il convient de les considérer avec la plus extrême  sévérité, la plus attentive inquiétude et de se préparer militairement à de nouveaux « coups » de Poutine. C’est peut-être ce que commence à faire certains Etats de l’OTAN en exportant des soldats et armements aux confins de la fédération de Russie. La réthorique de Poutine est soit artificielle, soit l’augure  d’autres agressions en Europe.  

L’argument avancé par Poutine pour justifier l’invasion de l’Ukraine est dangereux, ethnique et culturel! Il s’appuie sur la présence russe sur des territoire non russes (irrédentisme) et des prétendues « persécutions » des populations russes et russophones par le pouvoir ukrainien. 

L’application du principe de Poutine est criminogène. L’Allemagne doit-elle à nouveau envahir l’Alsace, les « oostkantons » belges? la Suisse alémanique, etc? L’Italie doit elle céder le val d’Aoste francophone à la France? Le Tessin italophone suisse doit il être transféré à l’Italie? etc, etc… la liste est longue en Europe et dans le monde. Le DIP ne prévoit pas la langue ni l’ethnie comme justification d’agression militaire. Au contraire, il le prohibe comme il prohibe toute agression militaire. 

Hélas pour les populations et le Droit, le dénouement de l’invasion russe de l’Ukraine est prévu. Certes, l’intervention d’éléments imprévus et extraordinaires est toujours possible. Pour l’instant, il faut se rendre à la réalité sur le terrain. Si, comme observé, la solidarité internationale envers Kiev se limite à des sanctions « boomrang »plus ou moins efficaces contre Moscou et à des réprimandes oratoires, si les véritables sanctions ne sont pas prises  (isolements hermétiques, diplomatiques, financiers, bancaires et généraux), il est à craindre que Poutine considère le faible niveau de réactions comme un encouragement à poursuivre à l’avenir ce qu’il nomme ses « opérations militaires spéciales » avec toutes les conséquences désastreuses pour l’Europe et pour le monde. 

L’augmentation progressive des armements en provenance des Etats-Unis & du continent européen est un signe positif. Il reste à espérer qu’ils soient suffisants & qu’ils parviennent à destination et à temps. 

Il est difficile de ne pas s’indigner d’avoir à revendiquer tel espoir. Cet espoir ne masque pas l’impréparation internationale à la protection de l’intégrité territoriale la république d’Ukraine face aux revendications territoriales déjà anciennes de la fédération de Russie.

© Pierre Saba

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1 Comment

  1. Ça me paraît une description honnête de la situation contrairement à ce que raconte un certain Lucien et qui semble émaner directement de l’ambassade de Russie à Paris.

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