Le poète Baktash Abtin, mort en prison en Iran pour la cause de la liberté, a déclaré avant son décès : “Nous avons suffisamment de bons artistes. Ce qui nous manque, ce sont des gens qui se battent. Et je voudrais sacrifier ma douce âme dans ma jeunesse”. Après sa mort, ses codétenus ont scandé: “A bas le dictateur”.
Pour le deuxième anniversaire de la mort tragique des 176 passagers de l’avion ukrainien, les parents de deux victimes ont déclaré à Ensafnews que les pasdarans avaient délibérément abattu l’avion afin d’empêcher des représailles américaines, après leur tir de missiles sur une base américaine en Irak.
Le 28 décembre, une femme a jeté à terre le turban d’un mollah et l’a piétiné. Son clip a été viral. Le même jour, dans une manifestation de retraités, une femme qui a perdu ses deux enfants dans la guerre Iran-Irak a crié : “Nous avons donné notre jeunesse pour faire de cette patrie une (très bonne) patrie. Mais vous avez tout détruit. C’est à votre tour d’être détruits”.
Ces événements montrent que les gens n’ont plus peur de s’exprimer
Mohammad-Reza Zaeri, un mollah bien connu du régime pour s’être rendu à Paris dans l’affaire de l’attentat de Villepinte en 2018 avec le diplomate poseur de bombe Assadi, a déclaré sur Instagram que la colère et la haine envers les mollahs ont augmenté au point d’avoir en dix jours reçu un crachat et deux insultes.
350 exécutions en 2021 n’ont pu endiguer la colère des Iraniens. Trois soulèvements au Baloutchistan, au Khouzistan et à Ispahan ont éclaté en 2021 à presque 4 mois d’intervalle.
Le 6 janvier, la statue de Qassem Soleimani, icône de l’influence régionale et du terrorisme du régime iranien, honni pour la mort de centaines de milliers de Syriens et la répression sanglante de l’opposition iranienne, a été incendiée par des unités de résistance quelques heures après son inauguration.
Les Unités de Résistance, avec les femmes à leur avant-garde, connaissent comme dans la France occupée par les nazis une expansion incroyable dans l’Iran occupé par les mollahs. Elles brisent le mur de la peur.
Sur le plan sociologique, c’est une réponse populaire aux politiques de Khamenei axée sur la production de l’arme nucléaire qui a grevé l’économie de deux milliards de dollars et l’ingérence militaire dans la région. Ce budget astronomique a poussé 60 millions d’Iraniens sous le seuil de pauvreté.
L’annonce d’une nouvelle ère
La nomination à la présidence d’Ebrahim Raïssi, qui selon Amnesty International et l’ONU est impliqué dans le massacre de 30 000 prisonniers politiques en 1988, et l’élimination de la faction adverse dite réformiste, annoncent une nouvelle ère.
Le guide suprême iranien n’a fait venir Raïssi que pour contenir les soulèvements à venir. L’arrivée de 30 commandants des pasdarans dans le gouvernement de Raïssi et aux postes de gouverneur a pour seul but de faire face aux vagues de fortes protestations populaires.
Les négociations nucléaires ne sont plus une priorité pour le Régime
Avec le début de cette nouvelle ère, la peur a changé de camp pour s’installer dans le pouvoir. Les négociations nucléaires ne sont plus une priorité pour le régime. Accord ou pas, cela s’avère inefficace face à une société au bord de l’explosion. Les jeunes et les femmes en particulier veulent déterminer leur propre destin et visent un Iran sans nucléaire.
Au lieu de chercher à tout prix un accord nucléaire avec les mollahs, l’Occident devrait accélérer le processus de dénucléarisation au Moyen-Orient en soutenant les aspirations à la démocratie des jeunes et des femmes en Iran.
© Hamid Enayat
Hamid Enayat est un analyste iranien basé en Europe. Militant des droits de l’homme et opposant au régime de son pays, il écrit sur les questions iraniennes et régionales et en faveur de la laïcité et des libertés fondamentales.
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