Nidra Poller. La Revue de Presse du Vendredi

Le Moyen-Orient vu par les médias anglo-saxons

Iran : breaking news, Dernières nouvelles !

Israël demande aux grandes puissances l’arrêt immédiat des pourparlers avec l’Iran

JERUSALEM, 2 décembre (Reuters) – Aujourd’hui, le premier ministre israélien Naftali Bennett a téléphoné au Secrétaire d’Etat Anthony Blinken, pour demander l’arrêt immédiat des pourparlers de Vienne. Citant l’annonce de l’AIEA sur l’enrichissement de l’uranium à 20% avec une seule cascade de centrifugeuses 166 IR-6 avancées, à l’installation de Fordow, Bennett a dénoncé la tactique iranienne de négociation par chantage nucléaire. Les puissances mondiales devraient répondre avec fermeté. Bennett a insisté sur son opposition à toute levée de sanctions, plus particulièrement dans le cadre d’un accord intérimaire, qui dégagerait un flot massif de fonds. Dans un entretien par vidéo sur le site du YNet news, le ministre de la défense Benny Gantz s’est dit confiant qu’Israël n’est pas seul, mais qu’il doit se préparer à agir seul. Une attaque militaire contre l’Iran est une option, disait-il, mais ce n’en est pas la première.

https://www.reuters.com/world/middle-east/israel-calls-world-powers-stop-iran-nuclear-talks-immediately-2021-12-02/


Iran : suite [et fin ?] des pourparlers de Vienne

Iran connaît le numéro nucléaire de Biden, à composer pour transmettre la demande d’un accord intérimaire

Quelques jours avant la reprise des pourparlers de Vienne, le pessimisme domine : l’Iran refuse de faire des concessions et  les Américains  s’impatientent, mais il ne faudrait pas sous-estimer le besoin de l’administration Biden de conclure un accord… n’importe quel accord. Depuis des mois, les Américains supplient les Iraniens de revenir à la table des négociations, tout en restant eux-mêmes en dehors, réduits à travailler par Européens interposés et, semble-t-il, points découragés par cette humiliation intentionnelle. Depuis l’interruption des pourparlers, cet été, l’Iran a élu un président extrémiste, a accéléré l’enrichissement de combustible nucléaire et a limité l’accès aux inspecteurs de l’AIEA. Rafael Mariano Grossi, le chef de l’Agence, a qualifié de « peu probants » les résultats de sa dernière visite. C’est de la novlangue diplomatique pour dire qu’il a échoué. Les Américains et leurs alliés européens n’ont pas cru bon de sanctionner cette intransigeance.

Aux dernières nouvelles, les USA seraient prêts à offrir, dans le cadre d’un accord intérimaire, l’allègement de sanctions en échange de modestes limites sur le programme nucléaire iranien, ce que Mark Dubowitz, de la  Foundation for Defense of Democracies, appelle « [donner] moins pour plus ». Le Guide Suprême et le Président Raissi ne font rien pour ralentir la course à la bombe. La Chine achète du pétrole iranien, au mépris des sanctions américaines, sans susciter de reproche. Téhéran intensifie son soutien aux agressions régionales, notamment une attaque de drones sur un base américaine en Syrie et une tentative d’assassinat du premier ministre irakien, sans provoquer de riposte. A croire que les supplications de l’Equipe Biden ont renforcé la détermination des Iraniens de décrocher un accord encore plus faible que celui de monsieur Obama. Un accord qui ne rassurera personne, à l’exception des fauteurs de révolution à Téhéran.

https://www.wsj.com/articles/iran-has-biden-nuclear-number-antony-blinken-robert-malley-jake-sullivan-bomb-jcpoa-deal-11636487314?mod=opinion_lead_pos3

Spécialistes: Les Américains devraient équiper Israël de moyens militaires pour dissuader un Iran nucléaire

Dmitriy Shapiro / JNS/ 1 décembre

Un panel virtuel de spécialistes du Jewish Institute for National Security of America (JINSA), s’est penché sur la question des pourparlers de Vienne.  Les participants–  le président du JINSA, Michael Makovsky, un des vice -présidents, Blaise Misztal, l’Ambassadeur Eric Edelman, et  JINSA senior fellow John Hannah—n’attendent pas des résultats probants des pourparlers repris cette semaine.

Hannah et Edelman: l’élection de l’extrémiste  Ebrahim Raissi signale que l’Iran n’est pas intéressé à réintégrer le JCPOA. [Hannah]: les Iraniens ont accepté de revenir aux pourparlers pour court-circuiter le passage d’une motion de censure par le conseil des gouverneurs de l’AIEA. Ils pensent peut-être, en faisant le strict minimum, pouvoir garder leurs alliés  russes et chinois dans le processus. Quoi qu’il en soit, il ne se passera rien, surtout dans la première semaine, car les Iraniens posent des conditions que les Américains n’accepteront pas : la levée préalable des sanctions, le versement d’une compensation pour  le retrait unilatéral et la garantie d’un accord pérenne.

Edelman: les Iraniens ne veulent pas retourner au JCPOA, qu’ils estiment défavorable. Ils  demandent un nouvel accord. L’accélération dramatique de leur programme nucléaire leur donne un avantage.

Hannah: Au contraire, l’Iran voudrait bien réintégrer le JCPOA pour bénéficier de l’allègement des sanctions sans frein sur leur programme nucléaire en attendant d’en être libéré, au bout de quelques années, par les sunset clauses. Ou bien, ils ont l’intention de faire trainer les négociations, tout en poursuivant la course à la bombe, sachant qu’il y a, aux USA et à  l’international, des voix opposées à l’action militaire.

Makovsky, de retour d’Israël où il a rencontré des responsables profondément pessimistes :  les Israéliens, menacés directement par l’Iran, absents des pourparlers, voyant les Etats-Unis affaiblis par le retrait désastreux d’Afghanistan, sont choqués et consternés par l’absence de riposte américaine à l’attaque contre leurs forces par des proxies iraniens. Au fond, il n’y a pas de dissuasion. Bien que déterminé à empêcher l’Iran d’obtenir l’arme nucléaire, le nouveau gouvernement israélien n’a pas obtenu grand-chose en retour de sa tactique d’éviter des tensions avec l’administration américaine.  A mon avis, les Israéliens devraient se repositionner, chercher à obtenir les moyens nécessaires. Quoi qu’il se passe à Vienne, les Israéliens entendent le tictac de l’horloge, ils doivent se préparer et les Américains devraient les équiper au plus vite. Des hauts responsables de la sécurité israélienne ont perdu l’espoir d’une action militaire américaine. Si la fourniture d’armes et d’équipements est clairement annoncée, elle sera un avantage dans la démarche diplomatique.

La patience de nos alliés européens s’amenuise sans qu’ils mettent la pression sur l’Iran. Ils se contentent de propos sévères et de gesticulations. La Chine et la Russie semblent contentes de permettre à l’Iran de trainer les pieds et de mettre des bâtons dans les roues américaines. Edelman : si les Russes poursuivaient logiquement leur intérêt national, ils ne seraient pas moins inquiets que nous, mais ils sont à l’aise avec un Iran au seuil de l’arme nucléaire sans véritables tests et explosions. La priorité russe, c’est toujours de nous mettre un doigt dans l’œil. La menace la plus importante pour l’Iran viendrait des pays européens encore dans le JCPOA s’ils décident, en cas d’une motion de censure de l’AIEA, de réimposer des sanctions. La décision prise à la prochaine réunion du Conseil, prévue d’ici 30 jours au lieu des trois mois habituels, risque de déterminer l’éventuelle action européenne.

https://www.jns.org/experts-us-needs-to-give-israel-military-tools-it-needs-to-deter-a-nuclear-iran/

De grosses fissures minent les pourparlers sur le JCPOA, voués à l’échec 

Nahal Toosi et Stephanie Liechtenstein / Politico / 27 novembre

Les Iraniens formulent des exigences irréalistes tout en envoyant promener le chien de garde nucléaire onusien. Les Israéliens, de nouveau, menacent  d’une action militaire. Et les Américains préviennent qu’ils sont prêts à s’en aller. L’ambiance à la reprise des pourparlers de Vienne est maussade, la rhétorique est passée de ferme à criarde, Washington et Téhéran sembleraient prêts à encaisser l’échec, au dépit des Européens et d’autres nations au chevet de  la diplomatie. Ce n’est pas nouveau. On était sur la corde raide en 2015, avant la conclusion du JCPOA. Mais l’enjeu aujourd’hui est plus élevé. Le programme nucléaire iranien a beaucoup avancé et ils sont moins optimistes sur les bénéfices d’une levée éventuelle de sanctions. Ils ont réussi, la semaine dernière, à refuser de coopérer avec  l’AIEA, sans subir des conséquences.

Les Etats-Unis ne peuvent pas compter sur l’unité avec ses partenaires, notamment la Chine et la Russie, avec lesquels les relations se sont détériorées. Après tout, c’est Trump qui s’est retiré du JCPOA. Un haut responsable de l’administration Biden répète qu’ils ne plaisantent pas ;  leur objectif est de détromper la nouvelle équipe de négociateurs iraniens du « faux espoirs » d’indulgence.

Qu’est-ce qui a changé depuis le retrait américain du JCPOA en 2018 ?  Joe Biden est président. Voulant restaurer le JCPOA avant de négocier un accord plus durable, il  refuse de lever des sanctions avant que l’Iran ne se conforme aux conditions du départ. L’Iran, de son côté, minimise la question des limites sur son programme nucléaire et exige une levée totale de sanctions y compris celles, nombreuses, sans rapport avec ses ambitions nucléaires. L’Iran demande également une garantie de pérennité, que Biden ne peut pas offrir, n’étant  même pas certain  d’obtenir l’aval du Congrès pour un  accord a minima. Même des élus Democrats sont sceptiques. Un diplomate occidental nous dit que le régime iranien veut projeter une image de force et d’intransigeance ; les calculs économiques ne pèsent pas lourds à présent.

Le “Plan B” est-il déjà enclenché ?

Des négociateurs américains pessimistes, des anciens et actuels responsables, le Secrétaire d’Etat Anthony Blinken et d‘autres encore ont averti que leur patience n’est pas éternelle et qu’une action militaire n’est pas, d’emblée, exclue. Fin octobre, Blinken avait  dit : « Toutes les options sont sur la table ». Et pourtant, les Américains veulent aller au bout de la démarche  diplomatique, ne serait-ce que pour montrer aux partenaires comme au monde que c’est Washington, pas l’Iran qui a les meilleures intentions. Même si les deux,  l’Iran et les Etats-Unis, se résignent à l’impossibilité d’un retour au JCPOA, il est peu probable que l’ administration Biden ferme totalement la voie diplomatique. Cette option va demeurer même si les Américains donnent un tour de vis aux sanctions ou un feu vert aux actions de sabotage du programme nucléaire iranien.

https://www.politico.com/news/2021/11/27/iran-nuclear-deal-talks-fissures-523408

Les pourparlers avec l’Iran remis en cause par la poursuite de son programme nucléaire

Laurence Norman / Wall Street Journal/30 novembre

Des diplomates européens de haut niveau mettent en garde contre le risque d’un arrêt des pourparlers si l’Iran procède à l’enrichissement d’uranium à 90%. L’Iran ne peut pas, disent-ils, avancer l’enrichissement à la qualité militaire tout en cherchant le retour à un accord dont le but est de garantir la nature civile de son programme nucléaire. S’ils ne donnent pas preuve du sérieux cette semaine, « nous avons un problème ».

Iran’s Nuclear Enrichment Could Imperil Talks, European Diplomats Say

Ms. Jalina Porter du Département d’Etat / Briefing / 29 novembre  :

Au sujet du rapport sur l’enrichissement à 90%, nous avons clairement averti l’Iran que la poursuite de l’escalade nucléaire est contreproductive, contraire à l’objectif déclaré d’un retour au JCPOA et ne donnera pas d’avantage à l’Iran dans les négociations.  Simon Lewis de Reuters : Après l’ouverture des pourparlers aujourd’hui, les diplomates européens et iraniens donnent une impression d’optimisme. Mais je me demande, étant donné  l’insistance iranienne sur une levée de sanctions, si cet optimisme est justifié.  Le chef négociateur iranien, Ali Bagheri Kani a déclaré que toutes les parties en présence sont d’accord sur le fait qu’il faut d’abord régler la situation des sanctions illégales et injustes. Est-ce vrai ? Ms. Porter : Nous ne sommes pas présents aux réunions. Depuis le début nous avons été sincères et constants dans la poursuite d’une voie véritablement diplomatique, afin d’arriver au retour mutuel à la conformité avec le JCPOA et à la résolution de toute la gamme  des problèmes avec l’Iran.

ttps://www.state.gov/briefings/department-press-briefing-november-29-2021/#post-295133-IRAN3

© Nidra Poller


Nidra Poller, née aux Etats-Unis dans une famille d’origine mitteleuropéenne et posée à Paris depuis 1972,  est une romancière devenue journaliste, le 30 septembre 2000, par la force des choses, dit-elle, par  l’irruption brutale, dans mon pays d’adoption, d’un antisémitisme génocidaire, Nidra Poller est connue depuis comme journaliste, publiée entre autres dans  Commentary, National Review Online, NY Sun, Controverses, Times of Israel, Wall Street Journal Europe, Jerusalem Post, Makor Rishon , CauseurTribune Juive, Pardès

Elle rédige le vendredi une Revue de la Presse anglophone pour le newsletter d’ELNET

Elle est l’auteur d’une œuvre élaborée en anglais, en français, en fiction et en géopolitique, dont L’Aube obscure du 21e siècle (chronique), madonna madonna (roman), So Courage & Gypsy Motion (novel)

J’assume la contradiction, ajoute Nidra, me disant romancière mais pas auteure.

Observatrice des faits de société et des événements politiques, elle s’intéresse particulièrement aux conséquences du conflit israélo-palestinien et aux nouvelles menaces d’antisémitisme en France. Elle fait partie des détracteurs de Charles Enderlin et France 2 dans la controverse sur l’Affaire Mohammed al-Durah  et soutient la théorie d’Eurabia (en particulier avec Richard Landes).

Elle a fondé les Éditions Ouskokata.

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