La Banque d’Israël va devoir agir sur le shekel

3 shékels 1 pour un dollar : la devise israélienne n’avait plus atteint un tel cours face au billet vert depuis 1996.

En fait, au cours des dix dernières années, le shékel a gagné 30% et a même progressé de 20% depuis trois ans. Un long chemin parcouru par la devise israélienne qui n’est devenue convertible qu’en 2003. Le shékel actuel, qui s’appelle d’ailleurs « nouveau shékel » existe depuis 1985.

A l’époque, Israël se débat dans une hyperinflation et ce nouveau shékel est censé être une mesure parmi d’autres pour tenter de réguler le marché. Un nouveau shékel équivaut à mille anciens. Mais la réforme a un effet quasi-immédiat et rétablit la confiance. En un an, l’inflation chute de 450 à 20%.

Quant à la parité de ce nouveau shékel, elle a subi des fluctuations, mais elle s’est accompagnée d’une politique monétaire beaucoup plus prudente que lors des décennies précédentes, et avec l’essor de l’économie israélienne, le shékel s’est donc progressivement renforcé.

En 1986, un dollar valait 1,30 shékel, car à l’époque la devise américaine restait la monnaie de référence. Dix ans plus tard, le dollar s’échangeait à 3,30 shékels, donc presque le cours actuel. Et la devise israélienne s’est aussi renforcée face à l’euro depuis la création de la devise européenne, pour retrouver aujourd’hui pratiquement la parité originelle de 2001.

A priori, une monnaie forte est un signe de bonne santé économique. Cela veut dire qu’Israël a une balance commerciale positive. Et de fait, le secteur du high-tech n’a pratiquement pas souffert du ralentissement dû à la crise sanitaire mondiale.

Non seulement ses exportations continuent, mais les entreprises de haute technologie attirent toujours les investisseurs étrangers. Sans compter que le shékel est très recherché sur le marché des devises, ce qui fait encore grimper son cours. Et ce qui a obligé ces dernières années la Banque d’Israël à acheter des dollars pour freiner cette hausse constante du shékel.

Car une monnaie trop forte a aussi un impact négatif sur l’économie, au détriment des exportations, en tout cas pour tous les secteurs qui ne relèvent pas directement du high-tech, qui reste encore préservé.

A ce stade, la forte valeur du shékel devrait permettre d’atténuer les effets de la hausse mondiale des prix pour les consommateurs israéliens, en particulier pour la facture d’énergie, ou pour les importations d’automobiles ou d’équipement ménager. Sauf que ces secteurs ont subi les effets de la pandémie sur la production, entrainant notamment des problèmes de pénurie. Et il n’est pas certain que pour les Israéliens, l’avantage de leur monnaie forte soit suffisant pour les mettre à l’abri d’une hausse du coût de la vie.

Pour les dirigeants politiques et financiers du pays, il s’agit maintenant d’analyser cette nouvelle situation. Quelles sont les tendances durables qui peuvent garantir que la forte cote du shékel est un reflet fidèle de la réalité économique ? Et quels sont les facteurs temporaires, liés à la conjoncture mondiale particulière de la pandémie et qui sont susceptibles de changer rapidement ?

C’est la Banque d’Israël qui va devoir trancher : soit laisser le shékel continuer à grimper s’il est le reflet d’une solidité économique durable, soit intervenir et racheter massivement des dollars, comme elle l’a déjà fait, pour maintenir l’équilibre et empêcher le shékel de devenir un outil spéculatif.

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