En Israël, ramasser les ordures peut faire gagner de l’argent virtuel

Elishya Ben Meir montre l’application mobile “Clean Coin” qui permet de localiser des déchets abandonnés, près de Haïfa, en Israël, le 20 octobre 20211/5© AFP, JACK GUEZ

Au cours de ses balades, Elishya Ben Meir ramasse des déchets abandonnés et qu’elle a localisés grâce à “Clean Coin”, une application mobile qui récompense son geste via une monnaie virtuelle .

Des emballages alimentaires aux carcasses de bouteilles en plastique en passant par bouteille en verre et autres detritus laissés après pique-nique et barbecue, Elishya amasse dans un sac: pour chaque sac rempli et jeté à la poubelle, elle reçoit une dizaine de “Clean Coins”, cette nouvelle monnaie virtuelle lancée par une start-up israélienne éponyme et qu’elle pourra dépenser auprès d’enseignes partenaires.

Le mode d’emploi: photographier les sacs avant de les jeter aux ordures, cela pour prouver son dépôt: “J’ai gagné environ 30 “Clean Coins” aujourd’hui”, se réjouit-elle.

Adam Ran, 35 ans, cofondateur et directeur général de “Clean Coin”, société sise à Haïfa, montre une carte sur son téléphone: “Chaque point noir sur la carte représente un spot de déchets signalé par un utilisateur”, précise-t-il. “Nous avons déjà plus de 16.000 utilisateurs dont 1.200 sont actifs chaque semaine”, poursuit Gal Lahat, cofondateur et directeur technique de “Clean Coin”.

Ils nous expliquent que la plateforme a été pensée comme une chasse au trésor, avec différents niveaux et des points: “Vous pouvez voir votre progression par rapport aux autres utilisateurs. Nous voulons que cela ressemble à un jeu”.

La rétribution? Elle est là pour inciter tout à chacun à faire un geste pour l’environnement.

Ce que confirme Elishya, allée échanger ses “Clean Coins” contre un t-shirt dans un magasin de vêtements de surf à Haïfa. 

“Clean Coin” n’est pas une cryptomonnaie basée sur un “minage” énergivore des données par des microprocesseurs qui tournent en continu pour valider des blocs de transaction, mais une sorte de “crédit d’échange” pour bonne conduite écologique.

Plus de 25 enseignes “engagées pour l’environnement” ont d’ores et déjà rejoint le réseau, permettant aux utilisateurs d’acquérir des objets, de s’offrir des activités telles de l’escalade en salle, mais encore des nuitées à l’hôtel, et, nous assure-t-on, de bientôt faire leurs courses au supermarché.

La monnaie virtuelle est subventionnée par plusieurs organismes privés et publics, notamment par des municipalités et des conseils régionaux qui y voient un outil pour optimiser la gestion des déchets, un véritable problème en Israël.

Du Gagnant-Gagnant: Utilisateurs, Marques, collectivités territoriales trouvent tous leur compte dans cette solution qui combine écologie et économie.

Amiad Lapidot, expert au sein de l’organisation écologiste Adam Teva V’din, observe l’arrivée de “Clean Coin” comme “une très bonne chose dans un des pays qui produit le plus de déchets par habitant”.  Il nous explique que l’Etat hébreu traîne la réputation d’être accro au plastique, notamment aux sacs qui, abandonnés, polluent ses côtes et ses espaces verts: Israël produit environ un million de tonnes de déchets plastique par an, soit 18% de la totalité des déchets, contre 12% dans les pays européens, c’est-à-dire en moyenne 1,7 kilo de déchets par personne et par jour contre 1,4 en moyenne dans les pays européens…  

Ainsi, pour lui, des initiatives comme “Clean Coin” viennent s’ajouter aux mesures que défend son ONG: comme l’extension de la loi sur la consigne des bouteilles ou encore la taxe sur les couverts en plastique, plébiscités en Israël. 

Sarah Cattan

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