Sarah Cattan. “Liliane, Sandra, Sarah et les autres : J’ai rencontré des Femmes d’exception prônant une orthodoxie qui les inclue”

Alors que, comme il arrive chaque premier jour du mois dans le calendrier hébraïque, les Femmes du Mur venues prier devant le mur des Lamentations à Jérusalem, rouleau de la Torah à la main, pour défendre avec une obstination qui nous oblige les droits des femmes juives à prier de la même manière que les hommes, se sont vues conspuer à coups de jets de bouteilles assortis d’insultes par des centaines de haredim, à Paris, LectureSefer, qui fêtera bientôt ses dix ans d’existence, prépare son office de Shabbat en minyan orthodoxe participatif.

Communauté LectureSefer – Minyan Orthodoxe Participatif

Lecture Sefer ? Je me suis vite rendue compte en allant à la découverte de ces Femmes que j’étais loin d’être la seule à savoir si peu à leur sujet.

Fondé en 2012 à l’occasion de Sim’hat Torah 5773 par la Professeure Liliane Vana, ce Groupe a pourtant organisé depuis sa création plus de quarante lectures de la Torah et de la Meguila d’Esther sans discontinuité, ainsi que la célébration de nombreuses Bat mitzvah quasi égalitaires, et plusieurs dizaines de femmes de tous les âges ont appris au cours de ces années à lire dans le Rouleau de la Torah et la Meguila d’Esther à l’occasion de ces lectures publiques.

Pour un judaïsme orthodoxe éclairé et ouvert à toutes et à tous

Il me fallait impérativement en savoir davantage sur ce Groupe devenu La Communauté LectureSefer – Minyan Orthodoxe Participatif, lequel, toujours guidé par Liliane Vana, se développe à tout va à l’initiative de bénévoles dont Muriel Oiknine, Sandra Yerushalmi, Catherine Lellouch-Kammoun, Sarah Lacombe, Nathalie Tenenbaum, Charles Tenenbaum, Lior Toledano et d’autres encore qui y contribuent depuis plusieurs années, œuvrant de concert pour un judaïsme orthodoxe éclairé et ouvert à toutes et à tous.

La Professeure Liliane Vana

Avant même de vous la présenter, écoutez Liliane Vana se souvenir de cette première Lecture lors de Sim’hat Torah 2012, fête d’origine rabbinique au cours de laquelle il est d’usage, à la synagogue, que des orants défilent autour de la bima en chantant et dansant avec les rouleaux de la Torah.

Je suis plutôt … une activiste, commence Liliane Vana, qui m’explique que trois sujets majeurs sont au centre de son action : le Statut des femmes en général et le problème du guet en particulier, le traitement des animaux et l’abattage selon le rite juif (shehita), l’inclusion des femmes dans la liturgie synagogale, sujets auxquels est venu se greffer un combat au sujet des conversions, parce que, précise Liliane Vana, là encore, les exigences du Consistoire témoignent d’un intégrisme qui n’a souvent rien à voir avec la Loi, avec la halakhah. Elle reconnaît cependant que l’accueil s’est amélioré depuis l’arrivée d’un nouveau responsable au Service des Conversions.

Elle m’explique que, concernant le statut des femmes, elle s’intéresse de près au guet, ce document légal rédigé à la main sur un parchemin et au moyen duquel un mari répudie son épouse selon la Loi juive : Trente ans de combat pour les Agounot, ces femmes enchaînées qui attendent inlassablement leur Guett, précise Liliane Vana, qui évoquera l’épineuse question de l’abattage rituel qui l’a vue s’opposer aux prises de position du Consistoire, du Grand Rabbin de Bruxelles et de celui de Paris.

C’est que cette spécialiste en droit hébraïque, dont les compétences optimales en Loi halakhique ne sont jamais controversées, base tous ses combats en formulant des propositions qui heurtent, bien qu’en totale conformité avec la halakha[1] : Mes opposants, pour s’en sortir, me renvoient à mon statut de Femme, à mon identité sexuelle. Tout cela m’a mise en délicatesse avec le Consistoire, duquel je me plais à dire que je suis la meilleure … défenderesse, puisque je n’ai aucune volonté de nuire au Consistoire : je cherche à corriger ses dysfonctionnements, ce fonctionnement par copinage, ces déclarations aberrantes par rapport au don d’organes par exemple…

A la question de savoir si elle se bat de façon isolée, elle répondra : Je ne suis pas isolée, je suis seule. Ce n’est pas la même chose : je m’exprime. En mon âme et conscience je sais que je me bats pour le bien de mon judaïsme orthodoxe. Une attente du public sur ce point existait, mais je me heurtais à des résistances venues des Institutions. Je crois sincèrement et profondément à la petite goutte rajoutée à l’océan. Malheureusement, les rabbins et dirigeants de communautés qui me soutiennent le font discrètement, par crainte des réactions de l’institution consistoriale.

Revenantsur cette première Lecture pour Sim’hat Torah, Liliane Vana se souvient d’un accueil euphorique en présence de quelque 90 personnes, hommes et femmes, alors qu’on lui avait dit que cela n’intéressait personne et qu’elle avait rétorqué être déterminée à le faire, fût-ce pour deux femmes intéressées.

Cette spécialiste rigoureuse explicite son projet : inclure les femmes tout en respectant les exigences de la halakha. Être inattaquable quant au respect strict de la Halakha est son leitmotiv : La halakha, chasse gardée des hommes, c’est le travail de l’Assemblée nationale, les décrets d’application, tout le travail d’élaboration de la Loi, de A à Z. L’État moderne d’Israël, en sa qualité d’État juif et démocratique, se fonde sur les lois élaborées par la Knesset, pas sur la halakhah exception faite du statut personnel qui est partiellement fondé sur la halakha orthodoxe. Prétendre connaître la halakha requiert des connaissances tentaculaires de la littérature halakhique. Peu d’hommes en France maitrisent la halakha. Connaître la halakha ne se réduit pas à la capacité de dire ce qui est interdit ou permis, comme par exemple « il est interdit de prendre la voiture le shabbat. Ça, c’est la règle à appliquer, c’est le din. Maîtriser la halakha c’est maîtriser la littérature talmudique, les codes de lois et la littérature très complexe des responsa, afin d’être en mesure d’élaborer une halakha nouvelle. La construction de la Loi, son élaboration, doit se faire en fonction de ces connaissances-là, des connaissances à la fois synchroniques et diachroniques de l’histoire de la Loi juive.

Liliane Vana développe : Bientôt la 40e lecture (sans compter celles qu’elle a organisées en d’autres lieux). Le nombre de personnes qui assistent et participent est très variable.  Aux premières lectures, il y avait surtout de jeunes Femmes, de jeunes mamans. Avec le temps, il y a eu de plus en plus de jeunes filles et de jeunes hommes. Il est arrivé que pour une Bat mitzva il y ait eu quelque 300 personnes, malgré les deux heures de marche aller et deux heures de marche retour demandées à certains, d’autres venant de plus près, d’autres enfin arrivant d’une autre manière. On apprend qu’à la différence de ce qui se pratique dans certaines communautés consistoriales, aucune Bat mitzvah ne se tient le dimanche dans la Communauté LectureSefer : On m’a dit que c’était mieux que rien, j’ai répondu que c’était pire que tout, parce que ce sont des habitudes qui vont s’installer et constitueront une exclusion supplémentaire des femmes. Je veux un office de Shabbat pour les filles comme pour les garçons, car rien dans la halakhah ne l’interdit.

A ceux qui m’opposent qu’on n’avait jamais vu ni fait cela, que ce n’était pas la tradition, je rétorque : Maintenant il existe une nouvelle tradition.

Il nous est expliqué que pour être en conformité avec la Halakha, deux ou trois différences subsistent, deux ou trois choses que les filles ne peuvent pas faire au cours de l’office. Mais elles lisent la Torah, la haftara, font l’office : Dans 50 ans, lorsque je serai là-haut, je regarderai et verrai que les pratiques ont évoluée, peut-être, en tout cas je l’espère, ajoute la fondatrice qui déplore certaines réactions : dès que l’on fait quelque chose pour les femmes dans le cadre de l’orthodoxie, il nous sera rétorqué : Ah ! Vous faites comme les Libéraux ! Non, répond-elle, je fais comme le dit la Barayta dans le Talmud. Qu’il me soit permis de rappeler que la pratique qui consiste à célébrer les mariages dans les synagogues consistoriales et non consistoriales en France est empruntée aux courants libéraux… Mais qui oserait le dire, l’avouer ?

Concernant les conditions d’accès à LectureSefer, il nous sera répondu que Tout le monde est bienvenu, invité, sinon à monter à la Torah, a minima à participer par quelques gestes liés à la lecture . On chante ensemble. On apprend des airs… Dans toutes les synagogues il y a bien des gens qui arrivent en voiture pour le shabbat . Chacun s’accroche à son judaïsme comme il l’entend, comme le peut. Ce n’est pas à nous de juger. C’est à nous de tendre la main. Est alors pointé avec intégrité une faiblesse du communiqué qui pourrait faire croire que seules les Femmes qui lisent et montent à la Torah seraient bienvenues : Tout l’office, toute la parasha, toutes les Berakhot, de même que la lecture de la Meguila pour Pourim sont lus par des femmes et des hommes, par des filles et des garçons.

Accueillir sans restriction

Venant clore ce propos, un commentaire sur la Loge B’nai B’rith de Deauville conclura au fait que cette Loge, qui ne fonctionne pas comme les autres loges du B’nai B’rith, a le grand mérite de réunir des Juifs autour d’activités annexes mais aussi de Conférences qui proposent une approche du judaïsme. Au sujet du Shabbat mondial, créé en 2013 par Warren Goldstein, rabbin sudafricain, selon le principe que toutes les synagogues orthodoxes du monde accueilleraient tout le monde pour un shabbat dans l’année : elle considère que dire au public de laisser portable et voiture à la maison (comme le font certains rabbins)pervertirait l’idée fondatrice, l’essence même, qui est d’accueillir sans restriction.

Elle ajoute qu’elle a complété ces études avec du Droit islamique et du Droit français pour pouvoir s’occuper du guet des femmes en maîtrisant la procédure, et aussi du Droit israélien. 

Liliane Vana voudrait que le public comprenne comment LectureSefer est passé  de quelques rendez-vous annuels pour arriver à une Communauté: LectureSefer Minyan Orthodoxe Participatif, cela veut dire qu’on va fonctionner régulièrement toute l’année comme une communauté. On a commencé à le faire. Les offices sont réguliers. Ils ont lieu le premier samedi de chaque mois. Progressivement, nous parviendrons à célébrer tous les shabbats ensemble.

Des activités autres que l’Office et la Lecture

Elle veut aussi faire connaître que la Communauté offrait des activités autres que l’Office et la Lecture de la Torah : on a récité des Seli’hot. On a fait des veillées d’étude notamment à sukkot. Nous aurons aussi des activités culturelles : notre projet est de créer des ateliers, d’inviter des Personnalités pour nous parler de sujets touchant aux problèmes/questionnements actuels de notre société ; j’ai moi-même beaucoup travaillé sur la PMA et la GPA. C’est ça aussi, la spécificité d’un halakhiste : pouvoir travailler sur tous les sujets. Être capable de s’ouvrir à la pluralité, entendre ce que chacun dit, la liberté d’expression étant vraiment un des fondements du judaïsme et c’est le Talmud qui nous l’enseigne. Le judaïsme, sans faire d’apologie, dispose d’un ensemble de sources religieuses le plus ouvert que je connaisse. Aucun sujet dans le talmud n’est interdit. Par ailleurs, j’ai eu l’occasion de donner une série de cours sur la question des rapports sexuels selon la halakhah. C’est un sujet qui me tient à cœur parce que nos jeunes aujourd’hui sont tellement perdus, surtout s’ils sont pratiquants et que garçons et filles sont séparés.

A la question portant  sur “La Relève”, Liliane Vanaraconte comment petit à petit le public s’est rajeuni et comment, un jour, est arrivée Sandra : Elle a été emballée dès la première fois : elle découvrait comme les autres tout ce qu’elle ignorait qu’on pouvait faire lors d’une Bat mitzvah. ( ndlr : Sandra s’exprimera en 2e partie d’article )

Liliane Vana se souvient que jusqu’en septembre elle était seule, avec une aide constituée de quelques Femmes autour d’elle pour l’aider à faire le kiddusch, et se félicite qu’à présent existe une Equipe : Je suis très reconnaissante à l’endroit de toutes ces femmes et tous ces hommes qui depuis le début ont contribué, telle cette femme qui mit deux années à se réveiller et qui, aujourd’hui, après 2 lectures, lui dit : Vous avez changé ma vie. Je suis venue à reculons. J’ai beaucoup hésité. Maintenant je comprends ce que vous faites…

Elle termine ainsi, me fournissant … la transition : Voyez-vous : Je suis sûre que ce que je fais aujourd’hui aura un prolongement dans l’avenir ; même si moi je n’en verrai pas le résultat, il y en aura un. Quelqu’un prendra le flambeau. Sandra par exemple.

Liliane Vana et Sandra Yerushalmi

Le “chemin” de Sandra Yerushalmi

Et justement : j’avais rendez-vous avec Sandra. Ma première question, en découvrant ce joli brin de fille, fut de lui demander comment elle était arrivée dans l’aventure. Sandra m’expliqua d’abord que depuis toujours , dans son milieu familial et/ou amical, elles avaient été nombreuses, face aux interdits, à se poser des questions sur la place des femmes et des filles dans la religion et elle avait ajouté : Que ce soient ma tante, ma cousine, ma grand-mère, bref les filles dans la famille, on se posait des questions : Pourquoi n’avait-on pas le droit d’étudier, de faire ci, de faire ça.  A l’époque de ma Bat mitzvah, je voyais mes frères relire leur parasha chaque année, et j’aurais tant voulu faire comme eux. Mais j’acceptais ce qui m’était dicté. C’était comme ça. De temps en temps je m’offusquais contre les rabbins qui affirmaient que les femmes avaient la Mitsva de s’occuper du foyer pour permettre aux hommes d’étudier.  Sandra avait tout de même précisé qu’avec sa tante et sa cousine, elles avaient pris l’habitude d’étudier ensemble la parasha de la semaine, de manière libre, en se posant des questions et en cherchant des réponses parmi les commentaires.

Quand il y eut une lecture de Sim’hat Torah organisée par LectureSefer, Sandra, qui ne sentait pas vraiment prête, -sic-, proposa à sa tante de s’y rendre : celle-ci, partie en ayant le sentiment d’aller en éclaireuse, revint, enthousiasmée. Une de ses amies aussi figurait parmi les femmes organisant les premières lectures et suivant le cours de Talmud de Liliane Vana (créé à la demande des hommes et des femmes suite à la première lecture de la Torah en 2012). Elle racontait à Sandra, encore observatrice, ce qui revêtait encore une vêture … expérimentale, lui parlait de ce qu’elle découvrait dans les textes, lui disait pourquoi elle lisait la Torah, lui expliquait que les Textes l’y autorisaient. Tout cela, tellement en accord avec les valeurs féministes de Sandra, ne manquait pas d’impressionner grandement celle qui n’était pas encore prête à aller à l’encontre des traditions qu’elle connaissait. Et puis, Sandra, dans le cadre de ses activités au sein de l’Université populaire du judaïsme, rencontra Liliane Vana et décida de lui donner un coup de main pour la lecture de la Meguila de Pourim en 2015, puis elle l’aida à trouver une salle pour une Bat mitzvah : Voilà comment Sandra lut la Torah pour la première fois : D’abord quand j’ai préparé la lecture, j’ai adoré ça, chanter le texte, travailler, améliorer. Et puis le jour J, c’était la première fois que j’approchais un parchemin d’aussi près. C’était magnifique. J’avais vraiment l’impression de m’approprier physiquement le texte de la Torah. L’émotion était indicible.

Nous voulons à la fois donner une place aux Femmes, et en même temps laisser de la place à tout le monde

Sandra résume dès lors la Communauté LectureSefer en employant ce “Nous” si éloquent :  Nous voulons à la fois donner une place aux Femmes, et en même temps laisser de la place à tout le monde ! Nos offices et activités sont des moments et des lieux d’ouverture et de pluralisme. Tout le monde peut venir, participer, qu’il connaisse ou non, qu’il pratique en dehors ou non. C’est ce pluralisme qui manque le plus dans le judaïsme en France aujourd’hui.

A son tour, Sandra explique le nom donné : Communauté LectureSefer minyan orthodoxe participatif : Nous sommes une Communauté, c’est-à-dire qu’en plus de nos offices de shabbat mensuels, nous organisons des événements culturels, comme nous l’avons fait avec des Seli’hot chantées en septembre, une veillée d’étude à Souccot, et des activités à venir pour Hanoucca. L’étude c’est important car c’est ce qui permet de comprendre de quoi nous parlons.

Le minyan orthodoxe participatif, comme son nom l’indique, est participatif en ce sens qu’il donne une place aux femmes, mais aussi à toute la communauté. Tout le monde peut lire une partie de la Torah, des prières. Des officiants se succèdent chaque shabbat (binômes d’hommes et de femmes). A noter : S’il n’y a pas de rabbin, c’est par volonté qu’une seule personne ne mène l’office, lequel doit être réparti entre les membres de la communauté. Et c’est évidemment orthodoxe, c’est-à-dire en accord avec la halakha, sous la tutelle de la Pr Liliane Vana, spécialiste en Droit hébraïque.

Le modèle est celui de beaucoup de communautés indépendantes. Les dons des fidèles sont indispensables à la survie. Les buffets du kiddusch sont financés par les dons, notamment ceux des familles qui offrent le kiddusch à l’occasion d’un anniversaire de décès d’un proche ou encore d’une naissance.

Moishe House

Mais Sandra m’a aussi parlé de Moishe House, organisation internationale à but non lucratif composée à travers le monde d’une collection de maisons servant de plaques tournantes pour la communauté juive des jeunes adultes. Il y en a 3 à Paris, et plus d’une centaine dans le monde. Sandra, qui fut résidente de la Moishe House de République, y a organisé avec sa colocataire Sarah plusieurs événements LectureSefer: un cours de Talmud avec Liliane Vana, une lecture de la Meguila de Ruth pour Shavouot, ou encore la lecture du soir de Meguilla d’Esther à Pourim, chaque année.

  Pourim 2021. Salle de l’ECUJE
Lectrices de Pourim 2021. Sarah Lacombe est debout, en train de lire

Le maître-mot de Sarah Lacombe: la convivialité autour du judaïsme

Pour info, Sarah Lacombe, jeune interne en médecine, réside depuis 3 ans dans la Moishe House de République avec deux colocataires, Léa et Irène : J’ai découvert la Moishe House par une connaissance à un chabbat. J’y ai ensuite emménagé en 2018. Le concept est simple, les colocataires bénéficient de la prise en charge de la moitié du loyer, et, en échange, ils organisent cinq à six événements par mois liés à la vie juive. Ces événements sont de quatre types : liés à la culture juive via des repas de chabbat et de fêtes, des événements en rapport avec le calendrier juif, de l’étude juive, et des actions de Tikkoun Olam via des événement sociaux et interreligieux, pour améliorer le monde et le rendre meilleur : Ces activités peuvent aussi être des anniversaires, des repas hors chabbat, des soirées entre nous. Le maître-mot est la convivialité autour du judaïsme, conclut Sarah, nous contant, des étoiles dans les yeux, ce chabbat turc où fut racontée l’histoire des Juifs de Turquie : Nous avons dû pousser les murs, mais ma plus belle récompense fut quand un participant d’origine turque m’a dit : c’est aussi bon que chez ma mère, finit la jeune fille.

Des “pionnières”. Des éclaireuses”

Enfin, comment connaître Sandra si on élude son lien avec « sa » communauté à Saint Leu la Forêt : J’ai grandi (avec Josiane Sberro) au CCEEE, mes grands-parents en étaient Fondateurs, et jusqu’à aujourd’hui je suis membre du CA. L’esprit de cette Communauté m’a tout appris. C’est vraiment une Communauté familiale, indépendante, où tout est fait par les membres. J’y ai appris l’engagement.

Sachez enfin que lorsque Sandra évoque les femmes qui ont créé les partnership minyan aux États Unis et en Israël, elle les qualifie de “pionnières”, d’”éclaireuses” : Liliane Vana en France est notre éclaireuse. Ma tante a été l’éclaireuse dans la famille. Toutes ces femmes ont un temps d’avance, se battent contre des murs… Mais une fois les murs brisés, elles nous montrent le chemin, elles nous montrent qu’un judaïsme éclairé est possible.

Pour info, on apprend qu’en Israël et aux Etats-Unis, beaucoup de communautés juives donnent une place aux Femmes depuis plus de 40 ans via les «partnerships minyan“.

Pour info encore, le groupe “Judaïsme et féminisme” sur Facebook est un groupe où de nombreuses femmes juives, ainsi que des hommes, découvrent l’étendue des possibilités dans le judaïsme en débattant de sujets de fonds.

En guise de Bilan…

Après 9 ans de lectures publiques de la Torah et de la Meguila d’Esther par les femmes, la Communauté LectureSefer a lancé depuis le mois de septembre des offices de Shabbat en minyan orthodoxe participatif.  Ces offices ont lieu à l’Espace Culturel et Universitaire Juif d’Europe ou l’ECUJE[2]  grâce à sa direction qui soutient LectureSefer de manière infaillible, le matin du premier samedi de chaque mois de l’année civile (pour 2021 : 4 septembre, 2 octobre, 6 novembre, 4 décembre…) : Toutes les dates sont à retrouver sur la page Facebook de l’initiative, mais encore sur la Page que Tribune juive a ouvert à Communauté LectureSefer .

Les femmes prendront une part active à l’office, participant à la lecture de la Torah, sans toutefois compter dans le quorum des hommes.

Hommes et femmes seront assis parallèlement, à distance égale de la Téba ou tribune centrale, rompant ainsi avec la mauvaise habitude d’installer les femmes derrière les hommes ou de les reléguer à l’étage. Les deux genres seront séparés par une cloison : la me’hitsa.

Pourim 2019. A l’ECUJE

Dans son communiqué, Communauté LectureSefer explique vouloir continuer à étendre son action pour un judaïsme orthodoxe éclairé et ouvert à toutes et à tous. La Communauté LectureSefer a pour objectif l’intégration des femmes dans la liturgie synagogale en conformité avec la halakha, comme l’a dit la fondatrice Liliane Vana.

La Communauté LectureSefer figure dans la liste des minyan partnership de la JOFA

A savoir : La Communauté LectureSefer est le premier et seul minyan orthodoxe participatif en France, mais La Communauté LectureSefer figure désormais dans la liste des minyan partnership de la JOFA ou Jewish Orthodox Feminist Alliance, qui définit un minyan partnership comme un groupe de prière qui s’engage à maintenir les standards et pratiques halakhiques tout en incluant les femmes dans les rituels et à des rôles de leadership autant que possible selon les limites de la halakha.

Pour info, si un minyan partnership requiert la participation d’au moins 10 hommes, une me’hitsa, et l’usage de la liturgie traditionnelle, eh bien le Minyan orthodoxe participatif de la Communauté LectureSefer répond à tous ces critères.

Rêvons un peu…

Rêvons un peu. Mieux : Osons faire bouger les lignes et espérer que des changements sans contrainte halakhique, comme l’assise parallèle, pourraient enfin être envisagés dans toutes les synagogues… Car il est tant d’événements qui se passent, tant de combats menés, tant de projets portés par des personnes enthousiastes, que l’on s’étonne un beau jour, tout conscient soit-on de ses lacunes, d’avoir si longtemps ignoré l’existence de l’un d’eux, lorsqu’on le découvre après dix années d’existence, et que l’on découvre qu’il s’agit d’un sujet majeur porté par des femmes … exceptionnelles – je pèse mes mots –


[1] Guide officiel de la vie religieuse et civile dans le judaïsme, décrétée par l’autorité compétente dans des formes déterminées, la halakha est obligatoire pour tout juif orthodoxe : elle a force de loi.

[2] 119, rue La Fayette. Paris. L’Espace Culturel et Universitaire Juif d’Europe existe depuis plus de cinquante ans pour promouvoir la culture juive et l’enseignement universitaire dans un dialogue ouvert et permanent avec la cité. L’ECUJE est un lieu pour tous, ou chacun peut participer à une expérience collective dans un brassage permanent des idées et des hommes, sans exclusive.

Sarah Cattan

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3 Comments

  1. Elles sont quand-même étrangement absente dès qu’il s’agit d’actes de Chesed dans la discrétion, par exemple veiller des morts ou les laver, participer à des enterrements.
    Certes, ça n’est pas très glamour mais c’est autrement plus prioritaire qu’une lecture publique de la Torah. Nous le regrettons profondément. Apparemment l’accessoire a pris le dessus sur l’essentiel pour ces dames.

    • Là vous parlez de “hevra kadisha”, vous connaissez certainement les conditions pour être accepté dans les communautés ……et qui vous dit qu’elles ne font pas ces gestes d’accompagnement dans leur entourage….

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