Levana Ederhy. Procès Affaire Mireille Knoll. Compte-Rendu d’audience du 3/11

Le procès du meurtre de Mireille Knoll.  Benoit PEYRUCQ / AFP

Audience de 10h à 12h30, Cour d’assises, Ile de la Cité
10h Début de l’audience :

Cour d’Assises de Paris

—Monsieur Alexandre Knoll appelé à la barre pour témoigner.
Déclaration + questions réponses du petit-fils de Mireille Knoll, Alexandre Knoll. Il travaille dans la sécurité et dans la protection rapprochée.
—> il qualifie sa grand-mère d’épicurienne, une profiteuse de la vie, tout en étant fragile et innocente. Ne connaissant pas le mal. Il cite « nous allons devoir vivre avec ça toute notre vie », porté par ce devoir toute sa vie. Se qualifie de Juif, mais « non croyant et non pratiquant. »
Présente beaucoup de rage selon ses dires, mais « a confiance en la justice de notre pays ». Si la Cour d’assises ne rend pas une décision assez satisfaisante pour les parties civiles, se dit « prêt à se battre jusqu’au bout. »
Mireille revendiquait fièrement ses origines juives, malgré qu’elle ne soit pas pratiquante.
Pour le prévenu, Yacine Mihoub, Mireille était « une grand-mère de substitution », ce à quoi Alexandre Knoll répond qu’ils ont de différentes façons de raisonner.
—> mobile des faits antisémites : Mireille Knoll ne cachait aucunement sa judéité, et elle était représentée par différents objets significatifs de la religion juive comme la mézouza à l’entrée de son appartement (qu’elle a dû rentrer par crainte), des vitrines immenses dans son salon avec des chandeliers, des textes en hébreu. Impossible d’ignorer son judaïsme. Yacine fréquentait depuis tout jeune son appartement, puisque sa mère habitait dans le même immeuble au 7e étage.

Intervention de Maître G-W Goldnadel :
—> pondération au niveau de l’antisémitisme.
Espère que les déclarations du Président de la République seraient vérifiées par la suite. Il tient à féliciter la prudence et la retenue de monsieur Alexandre Knoll.
Meurtre antisémite « crapuleux » c-à-d commis par intérêt, en raison d’un motif sordide
—> mobile pas uniquement pour tuer une Juive, mais aussi pour la voler, cf « plan thunes » évoqué par les prévenus pour voler « la juive ». Alex Carrimbacus, qui affirme que Mihoub aurait «reproché aux juifs d’avoir les moyens financiers»

—> 11 coups de couteau pour le crime + un incendie. Alexandre Knoll : « Yacine était une aide pour ma grand-mère ». Il lui faisait ses courses au marché, en échange d’argent de poche. Elle avait toute sa tête, disposait de son libre-arbitre

10h30 : Questions de l’avocat général à Alexandre Knoll :
Avocat Général : Pouvez-vous parler de votre arrière grand-mère ?
A.K—> C’était Sarah, mère de Mireille Knoll, arrière grand-mère maternelle d’Alexandre Knoll, décédée en 1985. Il n’aura connu Sarah que 3 ans.
Avocat Général : Parliez-vous souvent de la guerre ? C’était quelque chose de présent, ancré dans l’histoire familiale ou alors était-ce complètement refoulé ?
A.K —> le grand-père ne voulait pas qu’on oublie l’horreur que toute la famille a vécu, c-à-d l’Holocauste et la Shoah. Je me considère comme un rescapé de part les horreurs qu’ont vécues ma famille.

10h35 : Lecture des expertises psychiatriques par Franck Zientara, Président de la Cour d’assises.
Expertise psychiatrique de la mère de Yacine Mihoub, Zoulikha K. Zoulikha K. a changé trois fois de version pour finalement reconnaître que les suspects étaient bien montés chez elle après le meurtre. 15 traces de sang ont été découvertes à son domicile.
Femme de 59 ans, mise en examen pour avoir nettoyé le couteau du crime.
Sur le plan médicamenteux :
—> traitement neuropsychiatrique : paroxétine (ISRS), Xanax (anxiolytique), zopiclone (imovane).
Sur le plan clinique :
—> Absence de propos à mécanismes interprétatifs délirants. La thymie (l’humeur) est stable et neutre. Sans antécédents de troubles majeurs, ni de troubles de l’humeur, ni de la mémoire.
Toutefois, est notée une symptomatologie dépressive réactionnelle. Pas de
schizophrénie notée. Pas d’hospitalisation nécessaire. Mémoire fonctionnelle notée mais de qualité moyenne.

Durant l’entretien avec le psychiatre, un regard très fuyant, pas de
contact visuel avec le psychiatre. Une stratégie d’évitement nette.
Traits hystériformes discrets, avec un arrière plan anxieux.
Mise en invalidité, ne travaille plus et perçoit l’AAH (allocation aux adultes handicapés).
Impossibilité de penser son fils meurtrier de « Madame Mireille ».
A jeté la bouteille d’alcool pour empêcher son fils de continuer à boire. Elle rejette la faute du meurtre sur « l’autre », c-à-d Alex Carrimbacus, 22 ans, le second prévenu.
Toutes ces descriptions cliniques ont été relaté par le Dr en psychiatrie Roland Coutanceau.

11h : Audition de Xavier Frandon, 42 ans, directeur pénitentiaire, référent SPIP de Yacine Mihoub.

Les SPIP (services pénitentiaires d’insertion et de probation) sont des
services déconcentrés de l’administration pénitentiaire française.
—> Sont relatés «des entretiens très compliqués avec Monsieur Mihoub », car était très souvent alcoolisé durant les entretiens.
SPIP: Mission de prévenir les récidives. Signalement, travail sur les passages à l’acte.
Casier judiciaire déjà bien rempli du prévenu (agression sexuelle sur mineure, déclaration de fausse alerte à la bombe).
Une obligation de soins en psychiatrie qui n’a pas été respecté par le prévenu YM.
De plus, sont relatés des faits d’agressions sexuelles sur mineure (circonstance aggravante) sur une certaine Elsa Nagbire au domicile même de Mireille Knoll.
En effet, l’article 222-22 du Code pénal précise que : « Constitue une agression sexuelle toute atteinte sexuelle commise avec violence, contrainte, menace ou surprise, ou dans les cas prévus par la loi, commise sur un mineur par un majeur ».
Yacine M. a en fait été libéré en novembre 2017 après une condamnation pour agression sexuelle sur mineure, des faits qui s’étaient déroulés dans l’appartement même de Mireille Knoll. A ce titre, il lui est interdit de fréquenter cet immeuble du XIe arrondissement, élément qu’Alain Knoll, fils de Mireille Knoll, ignorait.

Mesure de mise à l’épreuve. Circonstances aggravantes : violence + menace. (deux conditions réunies de l’article 222-22 du Code pénal)
YM se rendait systématiquement alcoolisé aux entretiens avec son référent SPIP. Peine avec sursis, mise à l’épreuve du 11 septembre 2017 au 11 septembre 2019.
Article 741-1 du Code de procédure pénale : « En cas d’incarcération pour une condamnation à une peine d’emprisonnement assortie pour partie du sursis probatoire, il est remis au condamné avant sa libération un avis de convocation à comparaître devant le service pénitentiaire d’insertion et de probation dans un délai qui ne saurait être supérieur à huit jours à compter de sa libération s’il s’agit d’une personne condamnée ouayant été condamnée pour une infraction pour laquelle le suivi socio-judiciaire est
encouru et qui ne saurait être supérieur à un mois dans les autres cas. Le service pénitentiaire d’insertion et de probation est alors saisi de la mesure de sursis probatoire. ».

Relation avec la religion : contexte post-attentat Charlie Hebdo. Un discours où YM soitdisant respectait toutes les religions, et se positionnait contre la radicalisation. Discours presque incohérent : d’un coté il peut cautionner les actes barbares des attentats mais d’un autre, assure qu’il ne pourrait jamais commettre de tels actes. En 2015, alors qu’il se trouve en détention à Fleury-Mérogis, le jeune homme, alors âgé de 25 ans, commet sur le mur de sa cellule des dégradations faisant l’apologie des attentats de janvier 2015.

En effet, il avait inscrit sur les murs de sa cellule : « Les frères Kouachi [auteurs de la fusillade meurtrière au siège de Charlie Hebdo] ne sont pas morts pour rien. »
—> vécu comme un échec pour Monsieur Xavier Frandon, n’a pas réussi à réinsérer le prévenu dans la société. C’est le juge de l’application des peines et pas le SPIP qui doit autoriser le prévenu.

Maître Goldnadel répond à Monsieur Frandon qu’il n’a pas à s’excuser.
—> Mécanisme de transfert de victimisation par YM (qui a lui-même subi un viol lors de son internat, agressé qui devient agresseur).

12h : Questions de l’avocat général au SPIP :
Concernant l’empilement de mesures, qu’est-ce qui va être archivé et traité le plus rapidement ?
Mécanique et lenteur.
« Le dossier de la mesure à été très tardivement étudié en service », paroles du SPIP.
ACC—> Avis de comparution à comparaître.

12h15 : un avocat de la défense pose une question au SPIP
« Est-ce que quelqu’un d’influençable pendant la période post-attentat de janvier 2015 aurait-il pu commettre un meurtre? »
Apparemment, propos péjoratifs sur les trois religions. Mais selon AK, YM aurait accentué ses propos sur les juifs plus particulièrement, et n’aurait jamais mal parlé des musulmans.

12h30 : Fin de l’audience.

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