Najla Bouden, Chef du Gouvernement tunisien. Essai de décryptage

A handout picture provided by the Tunisian Presidency on September 29, 2021 shows Najla Bouden in the capital Tunis. Tunisia’s president named Najla Bouden as the country’s first ever female prime minister and tasked her with forming a government, two months after he grabbed power. “The President of the Republic Kais Saied charged Najla Bouden with forming a government as quickly as possible,” said a statement from his office published on Facebook. – === RESTRICTED TO EDITORIAL USE – MANDATORY CREDIT “AFP PHOTO / HO / PRESIDENCY PRESS SERVICE ” – NO MARKETING NO ADVERTISING CAMPAIGNS – DISTRIBUTED AS A SERVICE TO CLIENTS === (Photo by TUNISIAN PRESIDENCY / AFP) / === RESTRICTED TO EDITORIAL USE – MANDATORY CREDIT “AFP PHOTO / HO / PRESIDENCY PRESS SERVICE ” – NO MARKETING NO ADVERTISING CAMPAIGNS – DISTRIBUTED AS A SERVICE TO CLIENTS ===

C’est une femme, Najla Bouden, que le Président Kaïs Saïed a chargé de former dans les plus brefs délais, dans les prochaines heures ou jours, un nouveau gouvernement en Tunisie, nous a dit un Communiqué de la Présidence insistant sur le caractère « historique » de la nomination et soulignant l’ honneur pour la Tunisie et l’hommage ainsi rendu à la femme tunisienne.

Pour rappel, à la fin juillet, après des mois de blocage politique, Kais Saïed, sur la base de mesures exceptionnelles prises le temps de mener une série de réformes politiques, avait de fait, en limogeant le précédent cabinet, suspendant l’application de chapitres-clés de la Constitution et gelant le Parlement, s’octroyant le pouvoir judiciaire, présidant lui-même le Conseil des ministres, considérablement amoindri les pouvoirs octroyés au dit chef du gouvernement, amenant les commentateurs à parler de dérive autocratique.

Née en 1958 à Kairouan, Najla Bouden, docteur en géologie diplômée de l’Ecole des Mines de Paris, n’est pas du grand public bien que déjà Chargée de mission avant d’être nommée Directrice générale au ministère de l’enseignement supérieur.

A noter : alors que Habib Bourguiba avait, en 1956, interdit la polygamie et la répudiation et autorisé le divorce, faisant de la Tunisie le pays du Maghreb à la pointe sur le sujet de l’émancipation des femmes, le Président Saïed s’était, dès son arrivée au pouvoir, opposé au projet de loi mettant fin à l’égalité entre hommes et femmes dans l’héritage.

Le voilà insistant sur le caractère historique de ladite nomination de laquelle il fait un hommage rendu à la femme tunisienne, avant de préciser que la principale mission du futur gouvernement serait de mettre fin à la corruption mais encore au chaos qui s’est répandu dans de nombreuses institutions de l’Etat.

Quelles seront les marges de manœuvres de Najla Bouden ? Sera-t-elle la marionnette offerte en gage

aux pays occidentaux ou un pied de nez aux islamistes d’Ennahda.

Une femme Première ministre en Tunisie… Et alors ? titre dans Marianne Martine Gozlan, qui voit dans cette nomination la volonté présidentielle de donner des gages de sa supposée modernité et couper l’herbe sous le pied à ceux qui l’accusent de détourner la démocratie depuis les mesures d’exception promulguées le 22 septembre  et énumère les raisons conduisant à modérer notre enthousiasme : la nouvelle « Première ministre » se contentera de contresigner les décrets-lois du Président. Aura-t-elle la conviction de se battre pour l’égalité auprès d’un homme qui affirme ne pas vouloir “toucher au Coran” ? La journaliste évoque à raison un poste devenu une sorte de super-secrétariat de la présidence, si le régime d’exception se maintient.

https://www.marianne.net/monde/afrique/une-femme-premiere-ministre-en-tunisie-et-alors

“La nomination d’une femme de la part d’un KS est manifestement de la poudre aux yeux et un coup médiatique qui a pour seul but de promouvoir et de mettre en scène sa seule personne. Qu’aurait été un geste symbolique à mes yeux ? De s’engager sur la voie d’une législation garantissant l’égalité dans l’héritage”, écrit pour sa part notre contributrice Elham Buissière.

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5 Comments

  1. Elle est chef du gouvernement tunisien?
    Et alors? Cela intéresse qui?
    On s’en fout…Mais qu’est-ce qu’on s’en fout…
    Sera-t-on informés aussi de la nomination d’un(e) chef de gouvernement en Nikaragua? En Mongolie extérieure?

  2. La Tunisie est en état de chaos qui frise parfois la guerre civile depuis le départ de Ben Ali. AUCUNE gouvernance n’y tient débout longtemps.

    Comme TOUS les autres pays dits « arabes » (donc par définition les 22 pays de la ligue éponyme) une démocratie n’y a pas sa place (cf.la Syrie).
    L’Histoire, les traditions, la culture, la mentalité, la religion, l’état général d’ignorance et de sous-développement de la population l’interdisent.

    La Tunisie a donc le choix entre le chaos et la tyrannie.
    In fine la seconde issue sera infailliblement préférable.

    Ben Ali sera remplacé par son semblable. Qui s’appellera peut-être Kaïs Saïed. C’est encore le mieux qui puisse leur arriver.

  3. La Tunisie , forte d une population largement eduquée et influencée par la democratie occidentale est sans doute un ” laboratoire” du monde musulman , donc a suivre avec attention effectivement

  4. Kais Saied est fou, je l’avais croisé une fois, il est très bizarre, son driver est la haine de l’Etat d’Israel. Il utilise le Grand Rabbin de Tunisie comme un pot de fleur dans les nombreuses instances où il sévit mais je vous assure qu’il est fou.
    En revanche Najla Bouden est -elle- parfaitement équilibrée, nous l’avions eu comme élève à l’Ecole des Mines de Paris, elle était très bien , elle adorait cette science de la nature qu’est la géologie qu’elle a découverte aux Mines, elle est intelligente et créative, mais saura t elle travailler avec un fou ? les prochains mois nous le diront_

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