Le Billet d’Elham Bussière. “Afghanistan”, de Tahar Bekri

Aujourd’hui s’ouvre le procès des attentats du 13 novembre 2015. Ce poème de Tahar Bekri pour vous. Il a pour titre Afghanistan.

Répondre à la terreur par le soleil, l’amour, l’eau de la rivière, la lumière, la promesse de la lune, la colombe à la fenêtre, le printemps à l’automne.
J’ajoute la joie, la pensée libre, la danse, la musique et le rire.
Les fanatiques sont terrifiés par le rire.



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Si la musique doit mourir
Si l’amour est oeuvre de Satan
Si ton corps est ta prison
Si le fouet est ce que tu sais donner
Si ton coeur est ta barbe
Si ton refrain est une balle
Si ton chant est oraison funèbre
Si ton faucon est un corbeau
Si ton regard est frère de la poussière

Comment peux-tu aimer le soleil dans ta tanière ?

Si ton ciel n’aime guère les cerfs-volants
Si ta terre est un champ de mines
Si ton vent est alourdi par la poudre
Et non par le pollen fécond
Si ton mûrier est une potence
Si ta porte est un barrage
Si ton lit est une tranchée
Si ta maison est un cercueil
Si ton fleuve coule de sang
Si ta neige est un cimetière

Comment peux-tu aimer l’eau dans la rivière ?

Si tes montagnes courbent l’échine
Humiliées sans hauteur
Leurs dos pour les injustes citadelles
Leurs boyaux éventrés pour endurcir la pierre
Si ta vallée n’est pas pour nourrir ton rêve
Comme une rose dans le zéphyr
Si ton argile est pétrie de deuils
Non pas pour élever une école
Comme un abricotier en fleurs
Si ton roseau n’est pas un calame

Comment peux-tu habiter la lumière?

Si ton labour est semailles d’épouvantails
Une cache lâche pour les pavots
Si ton cheval est esclave de tes œillères
Méprise la course des flûtes dans les airs
Si ta vallée vomit ses saphirs
Aux seigneurs de la guerre
Si les tresses des femmes sont des cordes
Si ton stade est un abattoir
Si ton chemin est invisible
Si ta nuit est une tombe pour les étoiles

Comment peux-tu promettre la lune?

Si Gengis Khan est ton maître
Si ton enfant est graine de Tamerlan
Si ton visage est sans visage
Si ton sabre est ton bourreau
Si ton épopée est ruines et vautours
Si toute la pluie ne peut laver ton index
Si ton désir est un bois mort
Si ton feu est cendre
Si ta flamme est fumée
Si ta passion est grenades et canons

Comment peux-tu séduire la colombe à ta
fenêtre?

Si ton village est une caserne
Non un nid pour les hirondelles
Si ta maison est une caverne
Si ta porte est un barrage
Si ton ton habit est ton linceul
Si la mort est ton mausolée
Si ton Coran est un turban
Si ta prière est une guerre
Si ton paradis est enfer
Si ton âme est ta sombre geôlière

Comment peux-tu aimer le printemps ?

Tahar Bekri, poème Afghanistan IV, extrait du recueil Si la musique doit mourir, aux éditions Al Manar.

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1 Comment

  1. A l heure ou les massoudistes courent comme des zebres,sans que l aviation alliee-qui n a pas d adversaires dans les airs-ne frappe les poursuivants,on apprend que les femmes seront interdites de sport,sauf de sport en chambre pour honorer leurs guerriers…C est ce qu on appelle le droit de propriete.

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