Guy Konopnicki. La haine et l’antisémitisme passent par l’abaissement de la langue

Le traducteur de Mein Kampf, Olivier Mannoni, reprend presque mot pour mot ce que ma mère me répétait en me faisant travailler mes Die Der Das : “Hitler parlait un très mauvais allemand“.

Cela m’amusait, mais ce n’est nullement anecdotique. Le nazisme surgit, alors que la littérature de langue allemande connaît une
véritable apothéose, sur fond de déchéance des deux empires germaniques.

Franz Kafka  meurt quand Hitler commence. Il écrivait en ce bel allemand littéraire qui sera jeté dans les brasiers par les hordes des Jeunesses Hitlériennes, lors des cérémonies de purification ordonnées par Goebbels.

Kafka, Zweig, en priorité. Le nazisme ne peut triompher sans la destruction de la langue allemande, sans une régression de la syntaxe et du vocabulaire.

La fascination des foules remplacera bientôt la pensée. Une langue immonde va dominer l’Allemagne… L’expression ordurière est une constante du fascisme.

Or, nous la croisons sur les réseaux sociaux, jusque dans les commentaires que nous lisons ici même. Un vocabulaire pauvre, des phrases incohérentes, des fautes monstrueuses portent toujours la même haine…

Hitler s’est imposé en utilisant la radio, il a accompagné le développement de ce nouveau moyen d’expression. La technique moderne contre la novation littéraire et la pensée progressiste.

La régression d’aujourd’hui se propage en s’appuyant sur la technologie numérique. Une sorte de Mein Kampf s’écrit chaque jour, construit de la même manière, à force d’affirmations péremptoires, de fausses nouvelles, de détournement de l’histoire, dans un style vulgaire, souvent incohérent. La haine et  l’antisémitisme passent par l’abaissement de la langue.

 © Guy Konopnicki

Guy Konopnicki

Né après, du côté de La Place de la Nation, sur la Ligne 9 du métro parisien, sensible Au chic ouvrier, ce qui n’interdit pas l’Eloge de la fourrure et moins encore celui de La France du Tiercé, Guy Konopnicki redoute Le silence de la ville, s’inquiète de La gauche en folie, assume La faute des juifs et avoue avoir un peu évolué depuis Le jour où De Gaulle est parti… Ces titres et quelques autres le définissent, romancier et journaliste, Konop dans la Série Noire et chroniqueur à Marianne.

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