La Chronique de Michèle Chabelski

Bon
Lundi

   Echange un peu vif sur un site juif il y a quelques jours…

  Quelqu’un a publié une photo de deux Juifs religieux sortant de la synagogue un vendredi soir…

Ils ont l’air serein et semblent marcher d’un bon pas…

  Image d’Epinal de deux habitants d’un shtetel dans les années 20/30…

  Les années d’avant…

     De nombreux  lecteurs avouent  avoir le coeur serré devant cette quiétude qui signe l’ignorance de ce qui allait se passer…

   Un commentateur se rebelle  en affirmant qu’on ne peut définir  les Juifs des shtetels ( communauté juive essentiellement sise en Pologne, en Russie, et danstous les pays limitrophes) que par rapport à la Shoah…

   C’est-à-dire qu’il faudrait être capable de les considérer comme des membres d’une communauté  frottés de religion, de littérature, de musique, de cuisine qui font leur spécificité et leur excellence dans les domaines où ils sont autorisés à s’exprimer…

   Ce qui revient à demander au lecteur de désolidariser l’esprit de l’émotion…

  De ne pas réduire un être à son malheur, mais de voir en lui sa compétence…

   Est-ce pirater la dignité d’une victime que de lui témoigner de l’empathie et d’être sensible à son destin?

   La Shoah a foudroyé la yiddishskeit  en exterminant une grande partie de ses membres…

  Le monde n’a plus jamais été le même après…

  Comment peut-on réagir devant ces individus qui vivaient dans la relative paix d’un Chabbat en sortant de la synagogue et ignoraient le funeste destin qui les attendait ?

  Il est possible que dans un siècle des lecteurs regardent avec pitié des clichés de notre société frappée par un quelconque malheur…

 On ne peut faire l’économie d’une émotion quand il s’agit de la Shoah…

  Tous – ou presque tous – les Juifs portent en eux la cicatrice de ce désastre humain…
Comment dès lors en faire abstraction dans son regard sur les membres de ce peuple martyrisé ?

  Définir quelqu’un est souvent réducteur.

   Nous devisons gaiment sur les enfants rencontrés au parc…

   J’admire la vélocité de l’un d’entre eux…

  Lequel, Mamie?

    Celui avec lequel tu as couru… Le petit noir…

   Rebellion de Jacob…

   Mamie!!!!!

    Tu aimerais qu’on dise la blanche en parlant de toi?

    Ou la juive?

      Non. Je n’aimerais pas…

       Jacob a raison…

        Mais était ce insultant de définir cet enfant par ce qui était le plus évident ? Sa couleur de peau?

   Ce n’est pas raciste de dire d’un noir qu’il est noir ou d’un Juif qu’il est juif…

  Ce qui est raciste  c’est d’extraire cette spécificité pour définir un être humain…

   Jacob est parfois un sage…

    Et l’image de ces deux Juifs innocents, ignorant la catastrophe en marche, m’accable et me terrasse…

    On éprouve la même empathie pour toutes les victimes…

  Un policier tué induit la même émotion, qu’il ait été un merveilleux père de famille ou un joueur impénitent…

  Une victime est d’abord un objet d’empathie, le coeur s’unit à l’autre dans la douleur, il se fixe sur l’horreur avant de s’effacer pour offrir le relais à l’esprit…

   Que cette semaine qui préfigure un long week-end  vous remplisse de projets: Pour  nous  la vie va commencer …

    Je vous embrasse

© Michèle Chabelski

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