Les élus de Strasbourg et l’antisémitisme

Mesdames, Messieurs les Elus,

On ne peut décliner un plan d’action contre l’antisémitisme efficace si on ne veut pas définir ses ressorts.

Il vous est proposé d’adopter lors du prochain conseil métropolitain la définition de l’antisémitisme de l’IHRA, il est important de connaître les enjeux de cette motion dont vous aurez à débattre :

1) L’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA) est une structure intergouvernementale regroupant 34 pays dont la France. Son objectif est de renforcer et de promouvoir l’éducation, le travail de mémoire et la recherche sur l’Holocauste. Ce n’est donc pas une « officine sioniste » comme certains l’affirment. Elle traite aussi du génocide du peuple Rom.

2) La définition qu’elle a proposée, en 2016, est un constat de l’évolution de l’antisémitisme et de ses causes pour mieux les combattre. Ce constat relève, entres autres, le développement d’un antisémitisme basé sur la détestation d’Israël et l’amalgame qui est fait entre les juifs et Israël. C’est malheureusement une réalité incontestable qui a frappé à Strasbourg des juifs qui ont été agressés par haine d’Israël.

3) La définition précise bien (cf texte intégral infra): « critiquer Israël comme on critiquerait tout autre État ne peut pas être considéré comme de l’antisémitisme. »

4) Cette définition fait aussi référence aux législations pénales des pays qui peuvent avoir des approches différentes pour lutter contre l’antisémitisme : « Un acte antisémite est une infraction lorsqu’il est qualifié ainsi par la loi » Chaque pays est souverain et définit ses outils pour lutter contre l’antisémitisme.

5) Alors quel est l’enjeu de cette motion ? Il est symbolique et essentiel : c’est l’affirmation de la solidarité vis-à-vis des français juifs qui subissent la banalisation de cette haine : plus de 50% des actes racistes touchent les juifs qui représentent moins de 1% de la population. C’est aussi la caractérisation de l’antisémitisme pour mieux le combattre.

6) Quel est le problème alors ? La reconnaissance que l’antisémitisme n’est pas l’apanage de l’extrême droite mais qu’il existe à l’extrême gauche et qu’il est promu par l’ islamisme (dans la définition suivante du terme : idéologie manipulant l’islam en vue d’un projet politique : transformer le système politique et social d’un état en faisant de la charia, dont l’interprétation univoque est imposée à l’ensemble de la société, l’unique source du droit.)

7) Et surtout, certains veulent continuer à soutenir des manifestations diabolisant Israël qui par amalgame vont mettre en danger les concitoyens juifs de l’EMS. Vous ne pouvez pas être leur complice.

8) Elle a été adoptée démocratiquement par l’Assemblée Nationale ainsi que dans notre Région par la Région Grand Est, par la Collectivité européenne d’Alsace, par les villes de Mulhouse, Schiltigheim, Illkirch, Hœnheim…

9) Ne pas l’adopter divise notre société entre ceux qui luttent contre toute les formes d’intolérances et de radicalismes et ceux qui veulent politiser cette lutte à leurs fins, rejoignant ainsi l’extrême droite.

10) Il vous revient en votre âme et conscience de juger de la pertinence de cette motion et du message que vous transmettrez à vos administrés contre ce fléau.

Veuillez agréer, Mesdames, Messieurs les Élus, l’expression de notre haute considération. et de nos remerciements pour votre vote.

Pierre HAAS
Délégué du CRIF Alsace

La définition opérationnelle de l’antisémitisme, non contraignante, a été adoptée par les États membres de l’IHRA le 26 mai 2016 :

« L’antisémitisme est une certaine perception des Juifs qui peut se manifester par une haine à leur égard. Les manifestations rhétoriques et physiques de l’antisémitisme visent des individus juifs ou non et/ou leurs biens, des institutions communautaires et des lieux de culte.»

Les exemples suivants, destinés à guider le travail de l’IHRA, illustrent cette définition:

L’antisémitisme peut se manifester par des attaques à l’encontre de l’État d’Israël lorsqu’il est perçu comme une collectivité juive. Cependant, critiquer Israël comme on critiquerait tout autre État ne peut pas être considéré comme de l’antisémitisme. L’antisémitisme consiste souvent à accuser les Juifs de conspirer contre l’humanité et, ce faisant, à les tenir responsables de «tous les problèmes du monde». Il s’exprime à l’oral, à l’écrit, de façon graphique ou par des actions, et fait appel à des stéréotypes inquiétants et à des traits de caractère péjoratifs.

Parmi les exemples contemporains d’antisémitisme dans la vie publique, les médias, les écoles, le lieu de travail et la sphère religieuse, on peut citer, en fonction du contexte et de façon non exhaustive:

  • l’appel au meurtre ou à l’agression de Juifs, la participation à ces agissements ou leur justification au nom d’une idéologie radicale ou d’une vision extrémiste de la religion;
  • la production d’affirmations fallacieuses, déshumanisantes, diabolisantes ou stéréotypées sur les Juifs ou le pouvoir des Juifs en tant que collectif comme notamment, mais pas uniquement, le mythe d’un complot juif ou d’un contrôle des médias, de l’économie, des pouvoirs publics ou d’autres institutions par les Juifs;
  • le reproche fait au peuple juif dans son ensemble d’être responsable d’actes, réels ou imaginaires, commis par un seul individu ou groupe juif, ou même d’actes commis par des personnes non juives;
  • la négation des faits, de l’ampleur, des procédés (comme les chambres à gaz) ou du caractère intentionnel du génocide du peuple juif perpétré par l’Allemagne nationale-socialiste et ses soutiens et complices pendant la Seconde Guerre mondiale (l’Holocauste);
  • le reproche fait au peuple juif ou à l’État d’Israël d’avoir inventé ou d’exagérer l’Holocauste;
  • le reproche fait aux citoyens juifs de servir davantage Israël ou les priorités supposés des Juifs à l’échelle mondiale que les intérêts de leur propre pays;
  • le refus du droit à l’autodétermination des Juifs, en affirmant par exemple que l’existence de l’État d’Israël est le fruit d’une entreprise raciste;
  • le traitement inégalitaire de l’État d’Israël, à qui l’on demande d’adopter des comportements qui ne sont ni attendus ni exigés de tout autre État démocratique;
  • l’utilisation de symboles et d’images associés à l’antisémitisme traditionnel (comme l’affirmation selon laquelle les Juifs auraient tué Jésus ou pratiqueraient des sacrifices humains) pour caractériser Israël et les Israéliens;
  • l’établissement de comparaisons entre la politique israélienne contemporaine et celle des Nazis;
  • l’idée selon laquelle les Juifs seraient collectivement responsables des actions de l’État d’Israël.

Un acte antisémite est une infraction lorsqu’il est qualifié ainsi par la loi (c’est le cas, par exemple, du déni de l’existence de l’Holocauste ou de la diffusion de contenus antisémites dans certains pays).

Une infraction est qualifiée d’antisémite lorsque les victimes ou les biens touchés (comme des bâtiments, des écoles, des lieux de culte et des cimetières) sont ciblés parce qu’ils sont juifs ou relatifs aux Juifs, ou perçus comme tels.

La discrimination à caractère antisémite est le fait de refuser à des Juifs des possibilités ou des services ouverts à d’autres. Elle est illégale dans de nombreux pays.

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