Dominique Itzkovitch. Juive. J’ai 3 K dans mon nom, et avec moi, ça fera 4…

UN JE NE SAIS QUOI

Si Esther Esti Gerber, comme à son habitude, me demandait de me définir en tant que juive… Je lui dirais que je ne suis ni croyante ni pratiquante, que la notion de religion me fait parfois peur, lorsqu’ elle est fermeture à l’autre, et dogmatisme…

Mais, car il y a une condition… Si elle représente   le Grand AUTRE, selon la terminologie lacanienne, un référent nécessaire à certains, et qu’elle leur apporte protection, consolation à une vie de solitude et d’obstacles, alors, la croyance a une signification de l’ordre de l’essentiel.

Ce qui me semble important, c’est ce qui fait tenir l’homme, la femme… Car il y a tant de cailloux sur la route, et pas pour nous aider à retrouver notre chemin… Mais pour nous faire tomber…

L’errance est parfois nécessaire, si c’est pour trouver une voie nouvelle.

Le judaïsme est une religion que je connais peu, mais ce peu semble être en phase avec l’origine de ce mot… Religion… C’est le lien.

Et je dois dire, c’est paradoxal, mais je suis très intéressée par la pensée juive, d’autant plus depuis que je pratique la psychanalyse et que je lis les maîtres fondateurs, FREUD et LACAN.

Car je ne cesse de m en apercevoir, à les lire…

Il y a un lien… Oui, un lien étroit entre la théorie psychanalytique et la pensée juive.

Il n’y a qu à lire LEVINAS, DERRIDA: ils ont été des grands lecteurs de LACAN.

Et puis, Répéter que la psychanalyse n’aurait pas pu être inventée par un autre que FREUD, qui se disait Juif sans Dieu, mais qui a bien reconnu… ce je ne sais quoi… qui le rattachait au judaïsme…

Je vous invite à lire mon article paru dans le dernier magazine de TRIBUNE JUIVE… FREUD, UN JUIF SANS DIEU… PAS TANT QUE ÇA…”

Et donc, je répondrais à Esther. Un peu de cette façon… Très vague… Il y a ce je ne sais quoi, en moi, qui me rattache. Décrivant avec peine ce sentiment indéfinissable… Comme l’a fait FREUD.

J’ajouterais… C’est profond en moi… Sans doute culturel…

On a parlé des juifs culturels…

Je ne sais pas trop ce que signifie cette classification… Et je n’aime ni les généralisations, ni les catégorisations…

Ce que je sais, c’est que je suis porteuse d’une lourde histoire qui ne cesse de s’écrire, avec violence, contre les Juifs

Ça, je refuse de le nier, comme certains, ou d’en tronquer la réalité comme Zemmour, qui a osé affirmer que PETAIN avait sauvé des Juifs.

De même, j’affirme haut et fort que l’antisionisme, aussi venus de certains juifs, est honteux car C’est une nouvelle forme d’antisémitisme

De même, il m’apparaît aussi inconcevable que des Juifs puissent se laisser séduire par l’idéologie antisémite du FN

La position sartrienne ne me satisfait pas davantage… Se sentir Juif parce que les autres vous désignent comme tels… C’est une définition sans affirmation de son identité.

Nous portons un nom, souvent difficile à prononcer… Mon patronyme d’origine, avec 3 k, un Z, 2 W, me ferait gagner au Scrabble, Et a fait sourire mon psy, quand je me suis présentée à lui… J’ai 3 k dans mon nom, et avec moi, ça fera 4…

L’étude du cas… Ah… Eh bien, pour parler d’Hier, de la foule rassemblée pour Sarah HALIMI, de l’indignation qui faisait corps unique, là, je dois dire, bien qu’absente, je me suis sentie en union parfaite avec les autres, mes coreligionnaires… J’étais SARAH, MIREILLE, ILAN, et nous l’étions tous et toutes.

Là, c’était le même cœur, la même histoire, le même corps ensanglanté,

Ce je ne sais quoi qui voulait crier l’injustice

Pourquoi…

L’éternelle question

Pourquoi Nous, Pourquoi les Juifs, Toujours Nous

Qu’avons nous fait pour avoir à payer cette dette d’être nés Juifs

On est alors, comme l’enfant qui demande à ses parents: Je ne comprends pas… Dis moi

L’enfant de Pessah.

L’enfant qui découvre le monde, étonné par sa grandeur…

Moi j’ai découvert à l’école que j’étais juive, parce qu’un garçon m’a envoyé un coup sur la tempe… Sale juive

Depuis, on ne me le dira plus… Je me le suis juré…

Et j’ai vu les films sur la Shoah… J’ai compris

Je me suis encore dit… Tu vas lutter…

Et je ne cesse de combattre, avec les autres…

On ne cessera pas de combattre

Alors, c’est peut-être ça, pour moi, être Juif… Exister envers et contre l’antisémitisme, mais aussi contre l’injustice,

Je préfère dire, à l’affirmative, POUR la Justice, pour l’Egalité et la Fraternité.

C’est être profondément pour les Valeurs de la République, en fait.

Hier, il est à regretter que toute la France n’ait pas été là… Car elle est concernée aussi. C’est aussi le médecin, la directrice de crèche, la française qu’on a piétinés. Mais C’est la juive que l’assassin a voulu tuer.

On en est encore là, après la Shoah

Mais là, c’est un autre antisémitisme, celui de l’islam radical.

Il s’est implanté peu à peu, et il se répand, comme la mauvaise herbe, sur les terrains…

Hier, c’était le silence d’une nation endeuillée et qui ne comprendrait paspourquoi les bons seraient punis, et les mauvais ne le seraient pas

Pourquoi, Maman, Explique-moi

C’est ça, être Juif… On est puni…

© Dominique Itzkovitch

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Dominique Itzkovitch

Psychanalyste, Politologue, Dominique Itzkovitch a créé le THINK TANK DEVENIR, qui se veut un centre de réflexions interdisciplinaires sur les grands problèmes de société et de démocratie face à un monde en perte de valeurs démocratiques et en butte à des questions majeures de société.

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3 Comments

  1. Article intéressant et approfondi qui illustre les différentes manières dont on peut se sentir juif. Les analyses philosophiques de Dominique prêtent à réflexion du fait qu’elle intègre souvent des références issues des vastes
    connaissances qu’elle possède dans les domaines de la psychologie et de l’art.

  2. «Pourquoi, Maman, Explique-moi
    C’est ça, être Juif… On est puni…»

    Désolée que ce ne soit pas Maman qui vous réponde mais voici, dans la Bible, ce que Saul-Paul, JUIF et disciple du Messie Yeshoua (grécisé Jésus), écrit aux Romains, il y a deux mille, en réponse sûrement à la même interrogation que la vôtre des Juifs romains au sujet de la judéité :
    «La circoncision est utile, si tu mets en pratique la loi ; mais si tu transgresses la loi, ta circoncision devient incirconcision. Si donc l’incirconcis observe les ordonnances de la loi, son incirconcision ne sera-t-elle pas tenue pour circoncision ? L’incirconcis de nature, qui accomplit la loi, ne te condamnera-t-il pas, toi qui la transgresses, tout en ayant la lettre de la loi et la circoncision ? LE JUIF, CE N’EST PAS CELUI QUI EN A LES DEHORS ; ET LA CIRCONCISION, CE N’EST PAS CELLE QUI EST VISIBLE DANS LA CHAIR. MAIS LE JUIF, C’EST CELUI QUI L’EST INTERIEUREMENT ; ET LA CIRCONCISION, C’EST CELLE DU COEUR, SELON L’ESPRIT ET NON SELON LA LETTRE. La louange de ce Juif ne vient pas des hommes, mais de Dieu.» (Lettre aux Romains, chap. 2, v. 25 à 29)

    C’est parfaitement clair. Ce n’est pas à la punition (?!) infligée par les hommes ou par le diable qu’on reconnaît un Juif et une Juive authentiques mais à leur amour inconditionnel envers Dieu, Dieu de la Bible, Dieu d’Israël, à leur attachement à lui, à leur obéissance à sa volonté, à leur foi en son Messie et Fils, Yeshoua, qu’il leur a donné et qui s’est offert en sacrifice à la croix de Golgotha pour le pardon de leurs péchés. C’est donc par conséquent à leur louange qui découle de tout cela et déborde de leurs coeurs reconnaissants qu’on reconnaît un Juif selon Dieu et une Juive selon Dieu…

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