Jacques Tarnero. “Au nom du peuple français” : l’affaire Sarah Halimi n’est pas qu’une affaire juive

“Au nom du peuple français” : l’affaire Sarah Halimi n’est pas qu’une affaire juive.

Le jugement rendu par la Cour de Cassation concluant à l’irresponsabilité de l’assassin de Sarah Halimi et rendant impossible son procès ne met pas un point final à l’affaire. Bien au contraire, cette décision de justice projette en pleine lumière toute une réalité française autant que sa part symbolique. Elle ne concerne pas que les Juifs de France. Ce ne sont pas les seuls Juifs qui se sentent meurtris et réclament que justice soit rendue. Ce n’est pas de consolation qu’il s’agit et c’est l’ensemble du peuple français dont le Président se porte garant qui devrait s’estimer blessé, car c’est en son nom, “au nom du peuple français”, que la justice est rendue.

La haine des Juifs relève-t-elle de la maladie mentale ? Le jugement de la Cour de Cassation a conclu à l’irresponsabilité de l’assassin de Sarah Halimi parce qu’il aurait été en proie à une “bouffée délirante” du fait de sa consommation de drogue.

Drogué, il l’était sans aucun doute mais de quelle drogue s’agissait-il ? Drogué de haine des Juifs, drogué de toutes les imprécations religieuses appelant au meurtre des Juifs, drogué de la culture de mort que toutes ces prières ont imprimé dans ses neurones.

Le cannabis n’aurait pas aidé son “discernement” ?  Bien au contraire, le “discernement” de Kobili Traoré a fonctionné pleinement pour choisir sa victime, celle qu’il traitait régulièrement de “sale juive”. Il n’était pas comme un chauffard ivre d’alcool qui perd le contrôle de sa voiture. Il avait l’esprit particulièrement vif dans sa démarche, dans ses gestes. La drogue n’a fait que faciliter à son passage à l’acte. Elle a agi comme ces substances que l’on fait prendre aux soldats avant de monter à l’assaut, avant d’avoir à tuer d’autres hommes. L’assassin n’a pas hésité, il n’a eu aucune crainte en enjambant le balcon pour pénétrer chez Sarah Halimi. C’est d’abord pétri de haine anti juive que  Kobili Traoré a tué.

A partir de quoi, à partir de quand devient on délirant ? Pourrait-on considérer, dans nos cultures, qu’assassiner de sang-froid trois enfants en mars 2012 dans la cour de l’école Ozar Hatorah à Toulouse relèverait d’un comportement délirant ? Mohamed Merah était-il seulement délirant ou pleinement responsable de ses actes ? Les tueurs nazis étaient-ils délirants en tuant des milliers de Juifs d’une balle dans la tête à Babi Yar ? S’engager dans la SS était-ce rejoindre un club de pervers pouvant jouir sans entrave et  donner libre cours à des pulsions sadiques ou bien cela relevait-il de choix réfléchis ? Le nazisme a-t-il rendu permis ce qui était interdit sous Weimar ? L’islamisme fonctionne-t-il dans une logique identique ? Où se situe la frontière entre le crime choisi et la folie subie? Si les crimes, si les gestes barbares sont commis sous l’emprise de la drogue chimique ou idéologique, en deviennent-ils moins criminels ?

Dans le jugement rendu par la Cour de Cassation, il n’y a pas que la Loi qui serait à préciser et à réécrire, il y a surtout son Interprétation qui mérite attention: Depuis une vingtaine d’années en France les agressions antijuives sont trop souvent désignées comme le fait de “déséquilibrés”, mais quand ces déséquilibrés entonnent un même “Allah akbar”, on sait que du sang va bientôt gicler de la gorge d’un “mécréant”.  Samuel Paty, le colonel Arnaud Beltrame, deux jeunes filles sur les marches de la Gare Saint Charles à Marseille, un couple de policiers égorgés devant leur enfant, le Père Hamel sur son autel,  les journalistes de Charlie, les clients de l’Hyper Cacher, ceux des terrasses du XIIème arrondissement, ceux du Bataclan, ont payé de leurs vies ces comportements “déséquilibrés”. Quelle est la part de délire dans le fanatisme ?

Si passage à l’acte il y a eu, c’est aussi parce qu’un discours a murmuré à l’oreille de certains cerveaux que cette haine, cette envie de tuer, avait de bonnes raisons d’être, qu’elle n’était pas illégitime et qu’elle pourrait même donner à celui qui égorge un statut de héros, de serviteur de dieu, d’ homme de bien, de martyr. L’islamisme sert-il d’encadrement spirituel privilégié pour la démence collective ?

Cette caution donnée au crime trouve-t-elle sa source uniquement dans des textes appelant au jihad ? Quand dans de nombreuses instances culturelles, dans de nombreux médias au cœur gros comme ça, sous de nombreuses plumes éclairées on rabâche à l’envi que la France est raciste, que l’Occident est coupable, qu’il est esclavagiste de toute éternité, qu’il colonise toujours, qu’il fait toujours suer le burnous, maniant toutes les gégènes de son pouvoir Et quand on sait qu’au sein de ce pouvoir pâle il y a un groupe sournois qui tire dans l’ombre les ficelles de la finance et des médias, qu’il use et abuse de son statut de victime alors qu’il reproduit à l’identique contre un autre peuple ce qu’il prétend lui-même avoir subi, Comment un “jeune” “issu de la diversité”, issu des “quartiers” “difficiles”,  peut-il échapper à l’envie de venger ses ancêtres ou de venger ceux qui, ailleurs, en Palestine de préférence, luttent pour que justice leur soit rendue ?

Nous n’en sommes plus là. C’est désormais au nom de la “race” ou au nom de la religion des déshérités que se mène la lutte contre le racisme, surtout le racisme blanc et son variant sioniste. Dans un extraordinaire renouvellement de signes, voilà que les porte-paroles des nouveaux damnés de la terre, Houria Bouteldja et  Assa Traoré, font de la lutte contre les Blancs l’âme de leur combat émancipateur. Cet aboutissement a une histoire : c’est à Durban en 2001, dans une conférence de l’ONU, censée statuer sur l’état du racisme dans le monde, que pour la première fois on a crié “Mort aux Juifs” au nom de l’antiracisme.

La “sheitan” Halimi a payé pour tous les colons blancs, les sionistes et les croisés.

Franz Fanon en a rêvé,  Jean Paul Sartre l’a théorisé, Tariq Ramadan l’a chanté,  Plenel l’a enchanté,  Kobili Traoré l’a fait.

© Jacques Tarnero

Jacques Tarnero est Essayiste, documentariste, chercheur, Auteur des flms Décryptage, Autopsie d’un mensonge et du livre Le nom de trop: Israël illégitime ?

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15 Comments

  1. Mais non ce n est pas un jugement qui a eu lieu,Traore n etant PAS juge, c est un arret de rejet qui a ete rendu par la chambre criminelle de la cour de cassation,arret rejetant le pourvoi forme contre l arret rendu par la chambre de l instruction de la cour d appel.

  2. bonjour,
    qu’une personne ne puisse obtenir le jugement du meurtrier de sa soeur me laisse sans voix! Ni les Juges ni les Avocats ne sont formés en médecine et ils n’ont aucune possibilité de savoir si le meurtrier est un malade mental. Ils ont laissé aux psychiatres le dernier mot. Le meurtrier ne sera pas jugé.
    Cette terrible affaire montre dans quel état de confusion se trouvent ceux qui doivent dire le Droit et qui en sont empêchés. Pour pouvoir guérir de sa blessure, Madame Halimi se retourne vers Israel afin que le Droit soit dit. J’aurais préféré que la France le fasse cela aurait diminué l’état de confusion dans lequel elle vit.
    cordialement
    Patrick PACTON

  3. Mais non ils n ont pas eu ler dernier mot,mais l avant dernier,vu que l avocat general a rendu par la suite des conclusions dans leur sens,ce qui est l argument moteur de l arret de rejet du pourvoi.

    • bonjour Monsieur,
      je comprends bien vos arguments. Ceci dit l’Avocat Général a rendu des conclusions dans le sens des psychiatres et comme il n’y connaît rien en psychiatrie, il a bien fallu qu’il fasse confiance en leur expertise. Or la psychiatrie est la médecine de l’âme… Et l’âme est le lieu de la subjectivité dans laquelle se cachent les manoeuvres possibles du meurtrier (je pense au Psaume 64 verset 6) … Par conséquent, l’Avocat Général a dit le Droit sur un sujet qu’il ne maitrise pas. C’est là où se trouvent les risques de confusion, confusion dans laquelle nous sommes aujourd’hui avec toutes les conséquences que cela a pour les victimes.
      cordialement
      Patrick PACTON

  4. Cher monsieur,je suis profondement d accord avec vous pour la question de l ame,je suis protestant.Mais je suis aussi juriste penaliste.L avocat general n est pas la pour donner un ultime avis en psychiatrie,comme vous l avez explique,il n y connait rien.Mais il est la-au tribunal et pas a l hopital-pour donner la traduction juridique de l avis medical,eu egard aux cas anciens qui ont ressemble le plus a ce scenario.Traore n a pas un niveau intellectuel suffisant pour mystifier ces psychiatres,qui ont egalement une formation tres pointue sur les affaires de simulation.Cordialement.

    • bonsoir Monsieur,
      Une fois encore je comprends ce que vous dites. Ce qui semble être une divergence est du au fait que je regarde d’un autre point de vue. Madame Halimi a été tuée par un pervers qui comme tous les pervers, instrumentalise la Justice démocratique à son profit en la faisant glisser vers un domaine dont elle ne maîtrise rien. Les hésitations des experts psychiatres apportent plus de confusion que de clarté ce qui est l’objectif du meurtrier. Il ne sera donc pas jugé, son acte antisémite non plus et la famille de Madame Halimi ne pourra pas être guérie par les longues heures de procès et par les paroles des justes qui auraient du être dites à ce moment là. Se demander si le meurtrier est un imbécile ou non renforce la confusion et n’apporte rien de bon. De plus les pervers ont une intelligence au mal qui nous surprend encore malgré les avertissements d’Emmanuel Lévinas. Il nous a aussi appris que derrière le masque du pervers, il y a son visage, le visage du tout Autre. Mais il faut être un humain extraordinaire comme lui pour écrire et vivre ce qu’il a écrit sur le pardon. Beaucoup ne peuvent même pas entendre ces phrases tirées de “totalité et infinie” sans hurler qu’ils ne pardonneront jamais. Alors que dire si la Justice se tait?
      cordialement
      Patrick Pacton

  5. La justice se tait car elle ne peut violer la loi,mais en cas de “risque objectif a l ordre public”,elle peut prescrire un internement medical surveille de longue duree,ce qui coutera il est vrai une veritable fortune au contribuable.Autrefois les bagnes de Guyane-j ai etudie la matricule complete de 1854 a 1918-recyclaient les pervers.Mais quelle a ete la position de la Ligue des droits de l homme ? L affaire Dreyfus et le debarquement ont tout torpille.

  6. Monsieur Tartempion,
    il m’aura fallu un peu de temps pour comprendre ce que vous vouliez véhiculer derrière vos messages pseudo-juridiques. Je vous laisse donc avec votre antisémitisme et vos regrets concernant le débarquement car en définitive, le sort de Madame Halimi vous indiffère totalement puisque jamais vous ne parlez d’elle, de son martyr et de l’impossibilité pour sa famille de voir son meurtrier être jugé.

  7. Mais vous ne comprenez pas.Le debarquement de 1944 en Normandie a permis aux americains (quakers,armee du salut) de demander la fermeture des bagnes de Guyane car les protestants ne supportaient pas les malheurs subis par les transportes (loi de 1852-1854) rien voir avec les deportes.Ils nous ont demande de fermer les bagnes-dont la fameuse ile du diable- car ils consideraient que l Amerique ne devait pas etre consideree comme une poubelle,politique francaise depuis Francois Ier (transports des filles de joie a Quebec,enracinement des ex galeriens sur le canal du Saint Laurent).Le debarquement,ce n est pas que le soldat Ryan…

  8. Archives d Outre Mer d Aix en Provence (series Guyane,Nouvelle Caledonie).
    Archives de l Armee du Salut.Enquetes d Albert Londres.
    Archives des Quakers (camps francais 1939-1940;Guyane 1938-1953).

  9. Les bagnes n etaient pas reserves a des innocents comme Dreyfus.Ils ont ete concentres sur la Guyane car Napoleon III voulait lettre en place la “guillotine seche” contre les sadiques,pervers violeurs,non condamnes a mort et dont il fallait bien se debarrasser (loi sur la mort civile,annulation du mariage,ouverture de la succession).De 1854,fermeture du bagne de Brest a 1920,70 000 criminels ont ete elimines en pratiquant le metier de “fatiguant”.La Nouvelle Caledonie a ete ouverte plus tard pour les francais principalement.Quelques communards y sont morts.Mais encore une fois,les Americains,qui s y entrainaient contre le Japon,ont obtenu qu on n y mette plus un seul condamne.Resulta,la france doiot garder tout son monde y compris le pire.Alors qu aux USA,ils ont des prisons ou les condamnes ont le boulet aux chevilles,c est pas le bagne ca..

  10. Enfin,les Archives Nationales de Paris (Hotel Rohan-Soubise) demontrent que les fiches du repertoire des parisiens expedies aux Ameriques sont largement constituees de:
    -Hommes sans aveu (clochards).
    -Filles fleurs de lysees (prostituees).
    Les marquis de Chamillart et d Argenson ont ajoute les ivrognes qui foutaient la pagaille dans la rue,car democratie ou pas,l ordre social est necessaire,sinon on finira comme a Rambouillet.

  11. Enfin,je vous invite a lire mon intervention sur la convention d extradition de 1957-ratifiee par Israel-qui peut permettre un transfert de competences.

  12. Une bibliographie de base pour les neophytes (70 euros max):Dalloz.
    -Introduction generale au droit et droit civil par Weill et Terre,reedition Gare.
    -Droit penal et procedure penale par Gare et Ginestet.

  13. NB:comme il n y avait pas de casier judiciaire,les condamnes etaiant “marques” ce qui prevenait la population.Pour les femmes,la fleur de lys etait marquee au fer rouge sur l epaule,afin de prevenir les maladies veneriennes.Les hommes etaient marques “GAL” de galeres,sur l epaule,ou pour les cas plus graves “essorilles” (nez et oreilles coupees).Apres les galeres et les bagnes portuaires,le transport aux Ameriques fut la regle,jamais acceptee pr les USA.Mais Napoleon III,marque par l opposition de Victor Hugo a la peine de mort,imposa la commutation aux travaux forces pour les gracies.La transportation en Guyane fut approuvee par les francais,sauf pour l affaire Dreyfus (“ile du diable”).En revanche,la relegation (loi de 1885 votee le jour du tout a l egout obligatoire) ne fut jamais acceptee.Aussi Roosevelt et les protestants,dont les fameux “quakers” torpillerent notre politique penale en demontrant que certains heros de Omaha Beach (6 juin 1944) sortaient d Alcatraz (Sing Sing).De Gaulle et Vincent Auriol s inclinerent.Et desormais,prives de la transportation et de la peine de mort,on doit conserver les monstres.Alors qu aux USA,ils ont conserve la peine de mort et le bagne,alors que nous on avait aboli la peine du boulet avec le code penal de 1857…Moralite,”faites ce que je dis,mais pas ce que je fais”.Aux USA Traore serait bon pour etre transforme en sapin de noel.

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