Yves Sokol. C’est arrivé un 20 mars

20 mars 1956 : La Tunisie retrouve son indépendance  

Le 20 mars 1956, la France met fin à son protectorat sur la Tunisie. C’est l’aboutissement des revendications menées par le Destour, un parti fondé en 1920 par le cheikh Talhabi, et plus encore le Néo-Destour, un parti indépendantiste plus radical que le précédent, fondé en 1934 par Habib Bourguiba.

Celui-ci avait été aussitôt arrêté mais relâché deux ans plus tard par le gouvernement de Léon Blum…

Dans le mois qui suit, le Néo-Destour s’assure une majorité écrasante aux élections. Son chef Bourguiba, devenu le chef du gouvernement, abolit le beylicat et proclame la République le 25 juillet 1957.  

Fidèle à son nationalisme à fondement juridico-territorial, Habib Bourguiba , le leader nationaliste, s’est attaché à distinguer nettement la situation de la communauté juive en Tunisie de la question israélo-arabe, qui prend pourtant de plus en plus d’ampleur sur la scène internationale, à la suite du plan de partage de la Palestine en novembre 1947 et de la guerre de 1948.

Bourguiba semble privilégier un fonctionnement selon l’ancien modèle de la dhimma mais en y apportant des aménagements substantiels, donnant naissance en quelque sorte à une nouvelle dhimma. Le futur raïs cherche à remettre en cause le couple judaïsme-sionisme, en essayant de soustraire les juifs tunisiens à la tentation du l’émigration en Terre promise.

Toutefois, Bourguiba se refuse à développer une gestion particulariste du fait juif en Tunisie, l’essentiel de son énergie étant consacré à l’ébranlement de la forteresse coloniale.

Avec l’édification du nouvel État, le Combattant suprême tend à affirmer son approche du « problème juif » qui contraste, dans le discours comme dans la pratique, avec celle du Temps colonial. Après l’indépendance proclamée le 20 mars 1956, les autorités du pays, le président Habib Bourguiba en tête, s’attachent à intégrer les Juifs en abrogeant ce qui les sépare de leurs compatriotes musulmans : la Constitution de 1959 leur assure de pouvoir exercer librement leur religion et de ne subir aucune discrimination grâce à l’égalité proclamée de tous les citoyens sans distinction de race ou de confession.

Le Code du statut personnel s’applique aux Juifs avec la loi du 27 septembre 1957 et réglemente dès le 1er octobre leur statut personnel en remplacement du droit mosaïque.  

En tant qu’électeurs, ils votent pour désigner l’assemblée constituante où un candidat de confession juive, inscrit sur la liste d’union nationale, est élu ; il est aussi élu dans la première Assemblée nationale en 1959 et réélu en 1964. Deux ministres de confession juive, Albert Bessis et André Barouch, sont aussi nommés dans les gouvernements de Tahar Ben Ammar et Habib Bourguiba. Néanmoins, l’exode de la population juive conduit les dirigeants à estimer que leur représentation cesse de se justifier : il n’y a donc plus de ministre juif dès 1959 et de député dès 1969.

Même si l’émigration est autorisée, elle n’est pas encouragée par le gouvernement qui tente de décourager les artisans juifs, particulièrement les orfèvres, de quitter le pays. La loi du 27 septembre 1957 abolit le tribunal rabbinique de Tunis dans le cadre du démantèlement des juridictions religieuses, une mesure qui surprend les dirigeants des communautés israélites du pays plutôt enclins à la réforme de l’institution ; onze magistrats de confession juive sont alors nommés300.

Le Conseil de la communauté israélite de Tunis, présidé par Charles Haddad de Paz, et les Caisses de bienfaisance et de secours sont dissous mais la loi du 11 juillet 1958 prévoit la création dans chaque gouvernorat d’une « association cultuelle israélite » regroupant tous les Israélites tunisiens des deux sexes âgés de vingt ans accomplis301.

Chacune doit être gérée par un conseil d’administration issu d’une élection à deux degrés s’inspirant du système mis en place en 1921 en l’étendant à toutes les communautés du pays et en y faisant participer les femmes. Des comités provisoires de gestion du culte sont désignés pour trois mois par arrêté ministériel mais les associations ne sont jamais mises en place.

Pour des motifs officiels de salubrité publique, le quartier juif de la Hara où se situe l’ancienne Grande synagogue est rasé ainsi que le cimetière israélite de Tunis vieux de plusieurs siècles et dans lequel se trouvent encore les tombes de rabbins vénérés.

Source: wikipedia

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