Raphaël Nisand – Israël : La droite gagne à tous les coups

Le gouvernement de cohabitation et de rotation Nétanyahou Ganz n’a pas tenu longtemps.

Pour mille raisons, la Knesset a décidé sa dissolution anticipée et les israéliens sont appelés aux urnes en mars pour la 4ème fois en 4 ans. Les raisons de cette instabilité gouvernementale sont à chercher dans le système électoral de proportionnelle intégrale, favorisant l’éclatement des partis, mais aussi dans les difficultés que connait à présent le leader de la droite et premier ministre Nétanyahou à rassembler.

(GPO)

Inculpé dans plusieurs affaires judiciaires, le premier ministre est indiscutablement l’homme le plus puissant mais aussi le plus controversé de la politique israélienne. Pour autant la gauche israélienne a par avance perdu ces nouvelles élections. Elle qui a gouverné le pays pendant les trente premières années a perdu le contact avec les aspirations d’une grande majorité des israéliens, et se retrouve porteuse d’un plan de paix qui apparait malheureusement pour le moment comme chimérique aux yeux des israéliens. Le fameux plan de paix issu des accords d’Oslo et soutenu par la communauté internationale conduisant à ce qu’on appelle la solution à 2 états n’a aucune chance de voir le jour à brève échéance. En effet, pour qu’il y ait 2 états, il faudrait que des deux côtés il y ait cette volonté.

Or ni les uns ni les autres ne veulent des deux états.

Du côté palestinien la grande majorité de la population et la quasi totalité des dirigeants rêvent encore d’un état palestinien qui ferait disparaître totalement Israël.

C’est d’ailleurs la seule raison pour laquelle jamais aucun état palestinien n’a été proclamé.

Les dirigeants palestiniens savent en effet que tout abandon de territoire ne serait-ce qu’un kilomètre carré au centre de Tel Aviv, serait rejeté par la rue arabe. Les israéliens ont majoritairement pris acte de ce refus et voient bien que notamment à Gaza la moindre ébauche de souveraineté palestinienne se traduit en actes de guerre contre le voisin.

Il y a donc fort à parier qu’au fil des décennies qui passent inexorablement depuis 1967, ce soit plutôt une solution pragmatique à 3 états qui voie le jour. Si l’on y réfléchit un peu c’était le cas de 1948 à 67, et de fait ça l’est resté. L’Egypte reste le partenaire incontournable pour Gaza et le seul acteur arabe décidé à contrer le hamas et les frères musulmans. C’est aussi l’Egypte qui participe au blocus de Gaza aux mains du hamas.

En Cisjordanie ou Judée-Samarie, la Jordanie s’intéresse évidemment au devenir des arabes qui y vivent et ont eu la nationalité jordanienne. C’est aussi la Jordanie qui est en responsabilité du waqf l’autorité cultuelle qui gère la mosquée Al Aqsa et ses environs à Jérusalem. Ce discret équilibre qui oublie Oslo a permis l’acquisition d’une prospérité nouvelle pour les palestiniens et d’une sorte de paix durable pour Israël.

En Israël la droite nationaliste et les partis religieux s’acheminent donc à nouveau vers une écrasante victoire électorale en mars 2021 car ils ne proposent rien sur la base d’Oslo. Mais Netanyahou n’a pas encore gagné, en raison de l’usure du pouvoir, des procès auxquels il a à faire face et des inimitiés qui se sont révélées à droite.

Il est donc possible que Netanyahou ait tout gagné en termes idéologiques et même par son bilan, et qu’il doive quitter le pouvoir ce qui ne serait pas le seul paradoxe israélien.

Raphaël Nisand
Chroniqueur sur Radio Judaïca

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