Le rabbin Moshe Pitchon-Pourquoi la convoitise et pas la jalousie ou l’envie

Bien qu’on trouve régulièrement dans les conversations normales les mots « jalousie » et « envie », par contre, le mot « convoitise » [en hébreu = tahmod] est rarement entendu. On peut même se demander combien il y a prise de conscience de sa différence et pourquoi il a été distingué par le TaNaKh étant mis au niveau des crimes comme le vol et même le meurtre.

Le rabbin Moshe Pitchon

Non seulement cela, parmi les « Dix Mots » dans le livre de l’Exode chapitre 20 verset 14, il est le seul « ne » qui est mentionné à deux reprises :

« Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain ; tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain…ni rien de ce qui appartient à ton prochain. » «

Selon la tradition juive, “Tu ne convoiteras point” a été volontairement mis le dernier des “Dix Mots” afin de dramatiser son importance cruciale : Celui qui viole cette injonction, est considéré comme s ‘il aurait violé les autres dix.

Le professeur de philosophie et ancien président de l’Université de Haïfa, Aaron Ben Ze’ev nous dit que la différence entre la convoitise et l’envie, c’est que :

‘Convoiter est se préoccuper d’avoir quelque chose ; envier est se préoccuper avec quelqu’un qui a quelque chose.’

Bien que l’envie et la jalousie participent en commun du désir d’avoir quelque chose, elles gardent une relation différente vers la chose : dans l’envie, on veut gagner et dans la jalousie ne pas le perdre. La peur de perdre quelque chose qu’on possède est, bien sûr, tout à fait différente de la volonté de gagner quelque chose qu’on n’avait jamais eue.

En effet, il est plus difficile de perdre que de ne pas gagner.

« Si la jalousie peut conduire à des mesures constructives qui améliorent la relation avec l’époux- plutôt que des mesures destructrices qui empêchent le compagnon de former d’autres relations »,

explique le professeur Ben-Ze’ev

», la jalousie peut avoir une valeur fonctionnelle et moralement positive. »

L’envie, aussi, peut être utile si elle ne conduit pas à blesser d’autres personnes. Son élimination complète, selon le professeur Ben-Ze’ev peut-être nocif. En fait, la comparaison avec d’autres personnes peut stimuler l’effort de s’améliorer.

Mais, qu’en est-il de la convoitise ? Voilà ici un désir irrationnel de posséder ce à quoi on n’a pas le droit, ou ce qui appartient à un autre.

‘Contrairement à l’envie, il n’est pas basé sur notre position inférieure et le désir naturel de changer cette impression. Contrairement à la jalousie, elle ne comprend pas la volonté de maintenir un certain type de relation personnelle que nous apprécions.’

Bref,

‘Contrairement à l’envie et la jalousie, la convoitise ne saurait être justifiée en invoquant la complexité et les subtilités des relations humaines ; elle est plus une sorte de carence psychologique ».

Tous les peuples reconnaissent qu’il est interdit de commettre un meurtre ou un vol ; mais, ce qui est interdit ici, c’est autre chose : un désir.

Par définition, ‘désir’ est un mot qui recouvre forces corporelles sur lesquelles nous n’avons pas toujours un contrôle suffisant. En général, on peut réorienter les désirs- comme dans le cas de l’envie et la jalousie- à l’accomplissement de quelque chose de bénéfique.

Cependant, les pensées cupides sont si viles et corrosives que seulement l’internalisation d’un code fort, tel que les ‘Dix Mots’, peut leur placer un couvercle dessus.

En mettant l’accent sur les pensées, dit Susan Niditch professeur de religion à l’Amherst College dans le Massachusetts, la tradition d’Israël dit que ‘vous êtes non seulement ce que vous faites, mais aussi ce que vous sentez et ce que vous envisager de faire. »

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1 Comment

  1. Le Talmud appelle ce genre d’analyse « pilpoul » ; en traduction libre : « poivronnage » ; avoir une discussion « poivrée », à savoir « épicée » ; en Français courant certains traduiraient par « découper des cheveux en quatre ».

    On apprécie ou pas, c’est selon. Surtout que cela s’appuie sur une traduction, forcément approximative, des termes hébraïques d’une langue sémite à une langue latine, de l’Hébreu au Français.

    CAR qui traduit trahit (enfin….parfois). Il serait donc licite de contester la traduction et le reste de l’argumentaire quitte à faire encore du « pilpoul ».

    MAIS tout dans ce domaine est négociable sauf un Français correct.
    Une phrase comme « Celui qui viole cette injonction, est considéré comme s‘il aurait violé les autres dix » (au lieu de « s‘il avait violé ») trahit (c’est le cas de le dire) ses racines hébraïques….

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