Jacques Neuburger. “Miser sur cette notion presque désuète: la liberté”

Je ne voudrais pas être pessimiste – mais fermer les grands magasins à la période des soldes après trois années de manifestations de gilets jaunes chaque samedi puis les fermetures dues à l’épidémie, cela s’appelle du suicide économique ou je me trompe?
Les gens ont élu le super-économiste et nous voici devenus une petite province de l’Europe et du monde, une sous-puissance bonne à lécher les bottes des uns pour se faire livrer des masques qu’on livre d’abord aux autres, ensuite à la France, une sous-puissance bonne à lécher les bottes des autres pour obtenir des vaccins qu’on livre d’abord aux autres, et ensuite, toujours, à la France, petit pays qu’on ne respecte plus.

N’aurait-on pu laisser les gens libres de circuler mais avec une mise en garde extrêmement forte et omniprésente, avec une surveillance extrêmement sévère du port du masque, avec un contrôle strict et constant de la présence de désinfectants en tous lieux, avec une interdiction de farfouiller partout, un enregistrement des entrées et des sorties de façon à ne pas laisser entrer trop de gens par rapport au volume des espaces, des mesures éventuellement encore plus contraignantes pour les lieux trop mal aérés?

Nous avons déjà depuis longtemps perdu toute notre industrie, toute notre force de production.
Puis un ministre socialiste du “redressement productif” (sic) qui il y a huit ans obligea les commerces à fermer le dimanche au mépris du mode de vie contemporain (on voit que les ministres ignorent le mode de vie des banlieusards venant faire leurs courses le samedi et le dimanche) a ruiné de nombreux commerces.
Les entraves à la circulation inventées par les écologistes et leurs flatteurs ont aussi créé des déserts économiques et, comme ces manifestations répétées de gilets jaunes appuyés de forces obscures, violentes, complotistes, antirépublicaines qui se sont répétées de week-end en week-end, manifestations détruisant le lien social, ruinant les commerces par leur violence, ruinant l’image de nos villes et du pays, contribué à faire fuir le touriste – à quoi on peut ajouter la persécution des gens cherchant en France, à Paris en particulier à faire B&B.

Il y a dans ce pays comme un réflexe administratif hérité du bonapartisme du second empire, de la mentalité coloniale, de la mentalité des petits fonctionnaires tyranniques de la troisième et de la quatrième républiques, de la mesquinerie administrative tyrannique du régime de Vichy finalement si représentatif de cette France apparue vers 1852, il y a dans ce pays une sorte de seconde nature toujours prête à prendre le dessus et qui vise à interdire et rendre impossible la liberté, l’initiative, à tuer l’imagination.

Oh, je sais: on va vite me fermer la bouche en me disant que je ne suis ni virologue ni économiste.
Je sais, mais j’ai quand même une vague idée de l’histoire, de la ruine des empires et de ce que peut être l’impéritie des dirigeants – en particulier de ceux qui de leur petite poigne voudraient tout contrôler et auxquels tout échappe.

Nous assistons à une absence généralisée d’idées

Qu’on ne me fasse pas dire que je dénigre pour in fine dire: Ah, untel aurait mieux fait. Non, nous assistons à une absence généralisée d’idées. La gauche nous a offert l’image d’une décomposition sans imagination et d’un suicide sans panache. Nous avons vu la droite manifester il y a quelques années en proclamant “A gauche on est Charlie, Nous à droite nous sommes Pénélope“, désespérant tout électeur intelligent et républicain de voter pour de tels sots – puis un président du sénat aux allures de notable d’autrefois à insisté pour que les électeurs allassent aux urnes en pleine pandémie: quelle incommensurable bêtise.

L’extrême gauche se croit au Mexique, pays que la dictature a ruiné. L’extrême droite silencieuse et incapable, anti-humaniste, attend de récolter la mise pour nous plonger dans le marasme et la misère.

Faut-il immobiliser une nation entière au risque de la conduire à la ruine?

Cette maladie qui nous accable cause des morts abominables et dans d’horribles souffrances. C’est un fait. Et elle est sournoisement contagieuse à l’extrême. C’est un fait. Nul ne va contester le danger de cette maladie, nul ne va en minimiser les effets. Mais statistiquement elle tue assez peu et surtout un public presque ciblé. Faut-il alors immobiliser une nation entière au risque de la conduire à la ruine?
On s’étonne que tout un pays soit ainsi conduit vers un suicide économique et social. Suicide qui conduira demain à un suicide politique.
On s’étonne qu’on supprime encore, de la même petite machine mise sur rails il y a quelques années, petite machine mesquine que nul ne semble pouvoir arrêter, chaque jour des lits dans les hôpitaux, interdisant aux malades de se soigner, obligeant au tri des patients, désespérant le corps des soignants. On dirait qu’on a oublié le désespoir de ceux-ci déjà avant l’épidémie, leurs mises en garde, leurs manifestations pour signaler leur détresse et le danger qui menaçait notre société: ils avaient raison, il n’est que de voir la situation pour le constater.
On s’étonne qu’une telle faillite soit mise en ordre, on s’étonne d’un tel désordre.

Sans doute suis-je un utopiste, un rêveur, un homme d’un autre siècle, d’une autre civilisation…
Mais tout ce budget, tout cet effort, toute cette volonté consacrée à conduire à la ruine inexorable d’un petit pays, j’aurais aimé que tout ceci eût pu être autrement géré.

J’aurais rêvé, oui, j’aurais rêvé. Je sais: je ne suis pas un politique, ni un économiste, ni un virologue – je suis un doux rêveur. J’aurais rêvé, oui, d’une société qui puisse tourner à plein régime avec la mise en place de multiples précautions, j’aurais rêvé qu’on puisse éviter autant de désespoir chez les jeunes, les artistes, les commerçants, tous.
J’aurais aimé que pour ce faire toute cette énergie, tout cet argent, toute cette administration soient utilisés sur la base de la responsabilité individuelle, de la responsabilisation de chacun à permettre aux plus fragiles de demeurer loin des autres avec toute l’aide nécessaire.
Je suis sans compétence aucune, je le sais, mais j’aurais aimé qu’on ait assez d’imagination pour miser sur ce mot presque désuet: la liberté.

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