Sarah Cattan. Les cheveux de la Kechrouda, cause de la pandémie, de la corruption et du réchauffement climatique

Naïla Benchekor. Les cheveux de la discorde.

Naïla Benchekor, élève d’un lycée d’Oran, rapporte avoir été interdite d’entrée en cours à cause de ses cheveux “bouclés“. Sur décision du directeur d’établissement, la jeune fille a raté plusieurs jours de classe. En cause, l’aspect “crépu” de sa coiffure.

Mais que ces choses parfois sont étonnamment tournées : On lui a reproché … des cheveux …”bouclés“. Lesquels entrainèrent pour la jeune fille élève de première au lycée Colonel-Lotfi d’Oran l’interdiction de pénétrer le lycée.

Le mot est lancé : une affaire de discrimination capillaire.

Naïla, de qui c’est la coiffure depuis toujours, s’est vu soudainement sommée de s’en expliquer devant le proviseur, lequel lui a intimé de lisser ses cheveux si elle désirait revenir en cours.

La jeune fille, membre de l’équipe nationale d’Algérie d’escrime, Vice-championne d’Afrique d’escrime, médaillée de bronze au championnat méditerranéen, médaillée d’or par équipe au championnat Méditerranée, s’était l’an passé vu reprocher sa coiffure. L’affaire alors s’arrêta là.

Cette fois-ci, elle s’en est ouvert à sa mère, qui essaya vainement d’être reçue par le Proviseur.

Entre temps, notre lycéenne n’a pas pénétrer le lycée et lorsqu’enfin, ses parents se virent accorder l’entretien demandé, ce fut pour s’entendre dire que les cheveux bouclés étaient interdits par … le règlement intérieur, même si la chose n’était pas interdite par le protocole de l’Éducation nationale.

Le ton monte et de façon surréaliste, la mère, accusée d’emmener sa fille chez la coiffeuse pour lui friser les cheveux, est sommée de prouver que la tare est … de naissance.

L’affaire a vite fait le tour des réseaux sociaux et provoqué une vague d’indignation.

Refusant ce diktat imposé à son enfant, Madame Benchekor a décidé de retirer Naïla de ce lycée : la lycéenne suivra des cours par correspondance, en attendant … de très hypothétiques excuses de la part du Proviseur.

Des personnalités se sont fait entendre sur l’épineuse question des cheveux des filles.

Des personnalités se sont fait entendre sur l’épineuse question des cheveux des filles

Ode à la kechrouda de Daikha Dridi

“Être kechrouda aux pays des aliénés n’est pas toujours chose simple. Les représailles commencent très tôt, avant même que tu ne prennes pleinement conscience que tu es une fille, tu sais déjà que tu as les cheveux frisés et que c’est pas le jackpot.

Je ne connais pas l’élève qui a été, selon le témoignage de Nadia Leïla Aïssaoui, exclue par le directeur d’une école à Oran, parce qu’elle n’avait pas les cheveux lissés. J’ai lu des commentaires qui parlent de “fake news” mais moi je ne suis pas étonnée qu’un directeur d’école algérienne perde le sens de la mesure face aux cheveux “non normalisés” d’une élève.

Personnellement, j’ai une connaissance intime de la haine irrationnelle qu’ont de nombreux Algériens et Algériennes pour les cheveux des femmes qui sont naturellement frisés et qui refusent de se laisser lisser, dompter, normaliser.

D’ailleurs, souvent, ceux qui veulent être bienveillants envers ce qu’ils considèrent être ton infortune capillaire ne parlent pas de cheveux “frisés”, ils préfèrent dire: “bouclés”, “ondulés” et autres qualificatifs mielleux supposés adoucir la vérité, trop rêche.

A Alger, il m’est arrivé de me faire “insulter” par d’autres femmes, au volant, qui hurlaient par la fenêtre de leur voiture: “KECHROUDAAAA ro7i segmi cha3rek“.

Les hommes dans la rue t’en balancent à gogo, des métaphores foireuses sur le frisé de tes cheveux, car un homme aux cheveux crépus ça passe, mais une femme qui “le fait” cela peut être perçu comme attentatoire… comme si elle avait décidé de sortir dans la rue en pyjama, pour ne pas dire autre chose.

Tes collègues sourient sous cape de cette “bahloul” qui ne sait toujours pas, qui ne saura jamais, s’arranger les cheveux.

Les commentaires des auditeurs (au premier degré) sur mes cheveux frisés au Café presse politique de Radio M m’ont toujours amusée, ils n’ont jamais manqué pour me rappeler à quel point la haine du cheveu retors est plantée profondément dans les poitrines des Algériens, des Maghrébins, des Nord-Africains.

Lorsque je vivais au Caire, un jour je suis allée chez un coiffeur, je lui ai expliqué que je voulais simplement qu’il me coupe les cheveux, sans plus, pas de brushing. Je me souviens de sa colère, qui m’avait prise totalement par surprise. Il m’a mise à la porte! Il était furieux qu’une femme avec des cheveux comme les miens se permette de lui demander de ne pas les lisser.

Pourtant, kechrouda, ce mot que beaucoup utilisent comme une insulte, c’est bien qui je suis et ce que j’aime être.
C’est ce que j’ai envie de dire à l’élève infortunée de cette école.

J’ai envie de lui dire que, y compris le mot “kechrouda” je le trouve joli, je le trouve tonique, rebondi et élastique, stimulant et chantonnant, un brin déconcertant, toujours décoiffant, pour moi c’est le plus beau des compliments.”

Amin Zaoui. Les cheveux de la femme, cause de la pandémie, de la corruption et du réchauffement climatique

“Ces cheveux de la femme malédiction de l’Algérie !
Le directeur du lycée Lotfi d’Oran a chassé une élève à cause de ses cheveux bouclés. Il accuse la mère de cette dernière d’être derrière ce “bouclage” ! La maman lui explique que ce sont naturels. Il exige la photo de l’élève en bébé!!
Bouclés, lissés, teintés au henné, naturels, blonds, blancs, noirs, mouchetés, coupés, longs, tressés, relâchés, attachés, noués, détachés, couverts, libérés, lissés, frisés, coupe garçon, coupe Monroe… les cheveux de la femme sont la cause de la pandémie, de la corruption et de le réchauffement climatique !!”

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4 Comments

  1. Ce n’est pas spécifiquement algérien ni musulman : les « vrais » Juifs orthodoxes font davantage ; ils imposent à la femme (mariée) de cacher ses cheveux, non par un foulard mais par une PERRUQUE.

    Totalement donc et kechrouda ou pas : quelle que soit la nature des cheveux de la femme (mariée) il faut les cacher devant les hommes. SAUF devant son mari seul évidemment.

    Le tout conforme au « שער באישה ערווה » rabbinique ; (la chevelure d’une femme fait partie de sa nudité…).
    Le but étant de ne pas trop plaire aux hommes.
    Car la jeune femme célibataire a le droit de montrer sa chevelure…Mais pas trop…

  2. Quelle énorme exagération ! Les juifs ultra-orthodoxes ne sont pas “les vrais” juifs. Ils sont fondamentalistes comme les évangélistes chrétiens et les musulmans qui vont plus loin que ce que le Coran leur impose….

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