Charles Baccouche. L’âme est une note de musique

L’univers est peut-être énergie de vibrations se déployant en d’infinies nuances de couleurs, il pourrait aussi être l’hologramme d’une autre réalité, inatteignable.

Des sommités scientifiques l’affirment.

Il serait, selon certains, une partie d’un multivers, c’est-à-dire une sorte de bulle se gonflant parmi une multitude d’autres bulles, qui seraient elles aussi d’autres univers en expansion.

Le Monde, les créatures, les plantes, les minéraux ne seraient que des images d’une réalité qui se dérobe éternellement. Nous voilà dans la caverne de Platon, à percevoir sur un écran l’ombre de notre vie, les reflets d’une Vérité qui se situe au-delà, mais qu’est-ce que l’au-delà? La vie après la mort? La non-vie? Le néant? La rencontre avec l’ÊTRE-UN, entrevue par les Grecs?

Rien de ce qui nous entoure ne serait réel et nous-mêmes ne serions que l’ombre, sortie de l’imagination d’un démiurge, nous serions dit Cocteau, « Son rêve son mauvais rêve».

Telles les phalènes tournoyant sans fin autour du réverbère, nous marchons sans cesse, sur une sphère belle et bleue, qui tourne dans un océan de ténèbres éclairées par les fugitives clartés du soleil, petite étoile perdue dans le bras d’une galaxie, se mouvant au sein de milliards d’autres galaxies, aux milliards de soleils bien plus  puissants que lui.

Il n’y aurait ni salut ni pardon pour l’Homme, surgi désarmé et nu dans une Nature hostile.

Albert Camus l’Homme, révolté par l’absurdité du monde, assoiffé de Justice, découvre que la condition humaine est tragique. Il ne se résigne pourtant pas et se console en inventant un «Sisyphe heureux »

Depuis la nuit des temps l’Homme intrigué par la beauté et la cruauté du Monde où il est lancé en hurlant tout petit et frêle se pique de faire de la philosophie. Il est vrai que personne ne lui a demandé son avis pour naître.

Il cherche sans répit et souvent dans le sang une cause qui expliquerait peu ou prou cette folie.

On appelle cette quête fiévreuse philosophie, du grec Philo-ami et Sophia-sagesse (Ami de la sagesse)

La sagesse, dont on ne sait pas bien à quoi elle correspond, cherche une explication à l’existence d’un Monde incompréhensible, dont le cerveau humain, fabuleuse machine à penser, saura dire les comment mais pas les pourquoi. On ne sait pas pourquoi le regard de l’observateur modifie le comportement de l’objet observé, pourquoi le photon se comporte en onde et en particule, pourquoi il passe en deux endroits différents en même temps (mécanique quantique) Cependant, on sait utiliser les forces de l’infiniment petit (cybernétique, informatique…)

Le grand Pascal lui-même, le prince de la raison et de l’équilibre, avouait que «  l’Homme n’est ni ange ni bête et qui veut faire l’ange fait la bête » L’ange serait sage par essence et l’homme ferait la bête en faisant l’ange ? Pas bête au fond.

La Philosophie est à la recherche de la cause première, mais nous avons percé son secret, la Philosophie veut être la première à trouver la Cause première ! Apparemment, elle n’y a pas encore réussi.

La seule certitude qui nous reste est le questionnement. Bref, il ne resterait à l’homme perdu dans un univers incompréhensible, que l’exil et la révolte, le royaume reste inaccessible

Que nous dit la Bible ?

Marc Chagall – Un Juif avec la Torah

La Thora est liée à la destinée exceptionnelle d’un petit peuple descendant d’un Homme sans enfant qui a rejeté, on ne sait pas pourquoi, toutes les croyances anciennes et bien ancrées.

Ce peuple minuscule et nomade rencontre sur sa route surtout des difficultés, c’est à ça qu’on le reconnaît.

La Bible s’exprime en hébreu, langue inconnue de tous sauf de des ces tribus sorties d’on ne sait où.

Ce Livre par excellence qui, selon lui, n’a pas été écrit d’une main d’homme, devrait nous éclairer.

Eh bien non, on est immédiatement plongé dans l’incertitude, le débat, le questionnement (C’est aussi à çà qu’on le reconnaît)

La première lettre de l’alphabet, Aleph, correspond à l’Unité divine et devrait logiquement  instaurer l’unité humaine. Trop simple. L’Histoire de la création du Ciel et de la Terre  commence par «בראשית  Béreshit», par un BET, deuxième lettre de l’alphabet.

Plus d’unité, tout devient compliqué pour les siècles des siècles.  

Le commencement commence dans le Commencement qui se dissipe dans une fuite infinie vers une origine inconnue. Jamais nous ne connaîtrons le commencement du commencement.

Cette incertitude primordiale ne rebute pas nos philosophes et nos savants mathématiciens  qui s’ingénient à rechercher la Cause première qui justifierait l’enchaînement des causes et des effets, dont nos esprits limités tentent de remonter l’échelle pour découvrir enfin le secret bien gardé de la l’origine de toutes choses ou de tout être vivant.

Diverses tentatives ont approché le mystère sans jamais le pénétrer! Pourtant nous avons progressé prodigieusement : On  sait que le soleil et la terre ne sont plus le centre de l’Univers mais une petite étoile et ses planètes dont la nôtre, perdues dans le bras d’une immense galaxie composée de 200 milliards d’étoiles et leurs innombrables planètes.

Nos avons découvert que notre galaxie, joliment appelée Voie lactée, fait partie d’un amas de milliards de galaxies, d’amas de galaxies qui se précipitent en une course folle vers ce qu’on appelle (faute de savoir) LE MUR

On sait remonter le temps : Plus on regarde dans les profondeurs du  Cosmos, plus on remonte le temps, jusqu’à des époques les plus reculées, en fait on voit le passé de l’Univers.

Les Astrophysiciens s’arrêtent à 300 000 mille ans. Au-delà on ne peut rien voir, ce sont les âges obscurs car les photons, donc la lumière, ne s’étaient pas dégagés du magma des particules (Le tohu-bohu selon la Bible). Ténèbres qui seraient issues d’un « Big Bang »:  une explosion de quoi ? Mystère ; Alors pour garder notre dignité d’Etres intelligents, on l’a surnommé « une singularité », ce qui ne signifie rien d’autre qu’on en ignore tout.

On sait que le Temps et l’Espace, depuis Einstein, constituent une seule réalité et que l’Espace Temps se courbe sous la pression de la matière qui en fait partie et dévie la lumière (grossièrement : Relativité générale)

On a progressé, mais nous n’avons pas beaucoup avancé.

Les Métaphysiciens et théologiens à l’unisson se sont emparés du sujet qui nourrit leurs spéculations sans fin. Ils ont découvert que le Monde soit existe hors toute création et les Dieux divers de Sumer à Rome s’y ébattent en toute licence, soit doit son Origine à des Dieux créateurs mais qui se désintéressent de leur œuvre pour se livrer à des querelles incessantes:

-Les Dieux de l’Egypte pharaonique ont rétrocédé leurs pouvoirs à Pharaon Le Dieu ami du Nil et garant de la vie (bien que pas facile) des Egyptiens.

-Les Grecs ont reconnu que leurs Dieux se donnaient du bon temps autour de la Table de Zeus qui tient l’Egide sinon il ne serait pas « le terrible père des dieux et des hommes » selon Homère le plus grand des poètes. Ils se disputent la gloire et l’amour des Hommes autour de la table divine toujours bien garnie de l’Olympe,

Des Grecs avaient entrevu et vu même l’UN à l’origine de tout ce qui est, de l’atome aux Galaxies et ce que contient l’Univers.

L’UN sans forme, éternel et omniprésent, serait le conducteur du Char de l’Univers. C’est un progrès par rapport aux premiers hommes qui prenaient le soleil pour le Dieu suprême.

Ce Dieu-UN cependant reste indifférent au sort des terriens qui sont soumis aux lois aveugles de la Nature.

Mais, dans ces temps anciens, une Voix a appelé (קול מדבר) dans le désert, un homme inconnu, et lui a ordonné de quitter sa famille, sa patrie, le lieu de sa naissance, pour aller  pour son bonheur (Rachi) pour lui-même, vers une destination mystérieuse.

Cet homme a rejeté tout le fatras des croyances idolâtres et a découvert au-delà de la pluie, au-delà des pierres, au-delà des tempêtes, au-delà des nuages, au-delà du soleil, au-delà du ciel, plus fort que le tonnerre et la magie des totems, le Nom, l’ineffable Créateur, celui dont ne connaît rien, juste une Voix, la même qui parlera à Isaac et Jacob, la même qui des siècles plus tard parlera à Moïse.

C’est LUI que Le prophète Elie reconnaîtra dans la voix fine et murmurante de la brise légère qui passe et le jette sur sa face. Elie et les prophètes savent que le Maître du monde, (Ribono chel Olam) le Tout Puissant est le Dieu des cœurs. Il est Eli hatov, mon El bon qui jamais ne m’oublie, jamais ne se soustrait à sa promesse, Celui qui console et qui dit « Mosser », la leçon qui est la MORALE, à l’homme pour qu’il apprenne comment se comporter avec son prochain.

Le prophète Elie. Anonyme. Vers 1700. Petit Palais. Paris

Elle n’a cessé de grandir cette voix, jusqu’à tonner au mont Sinaï dans le feu et les éclairs.

Dix Paroles inscrites des deux cotés de la Pierre, feu noir sur feu blanc, qui fondent la seule Morale Humaine qui vaille, jusqu’à la fin des temps.

Elle dit la voix qui descend ses cieux dans le feu qui monte, jusqu’au cœur du Monde, que l’idolâtrie est une abomination qui  mène au meurtre et à la négation même du miracle de la vie.

Elle rappelle que le Shabbat est une part d’éternité dans le cours du temps qui fuit, pour que l’Homme souffle et que le travailleur  se repose, que le respect du Père et de la mère inscrit l’enchaînement des Générations et met fin à la lutte sanglante des fils contre les pères  pour engager le dialogue apaisé des générations : Shilouv hadorot (Eliane Amado Levy Valensi).

La grande Voix énonce que l’assassinat est proscrit, que le vol est répréhensible, que le faux témoignage chasse la paix, que la convoitise est condamnable.

Cette Présence (appelée Shéhina la Providence) serait la cause première, la mère des enchaînements, qui, depuis, ne cessent de se succéder.

Ce n’est pas ce que nous rapporte le Livre des hébreux pour lequel le Créateur n’est pas une cause, Il est au-delà, il est indéfinissable mais toujours proche de celui qui le recherche.

(De tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton pouvoir) « Shéma Israël »

Le Livre des Hébreux nous parle de la conquête de la liberté et de la Responsabilité, ces idéaux portés par ce peuple minuscule sous la conduite de Moïse l’immense et humble prophète qui a parlé face à face avec l’Infini, pour informer les humains que la Morale d’en Haut constitue le salut en bas.

La Voix du Sinaï résonne encore dans nos cœurs et dans nos esprits. Nos âmes entendent et vibrent de la musique murmurante des Sphères.

   © Charles Baccouche                                                               

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