Dominique Itzkovitch. Une belle rencontre avec … Joseph Kessel

Ce 23 juillet était le jour du décès de ce grand homme… en 1979.
Alors, comme beaucoup d’autres, je pense à lui.

JEF, comme on l’appelait…

JEF, comme on l’appelait, ne laissait pas les gens indifférents…
Séducteur, il l’était … avec les femmes … avec son charme slave …
Son allure princière, sa crinière folle, sa gueule de lion… et ses yeux d un bleu profond.
Sa voix aussi, son verbe, tout en lui était particulier, attachant, généreux.

J’étais une très jeune thésarde en psychologie sociale, et je l’ai rencontré pour répondre à mes questions sur le judaïsme, sur sa judéite …
Je ne me souviens pas de ses réponses parce que nous avons beaucoup parlé, de tout …
En particulier de la Résistance …
Et il a été étonné que je sois si concernée, vu mon jeune âge.
Il comprit quand je lui ai parlé de ma famille, qui fit partie,comme lui, des fondateurs de la LICA, devenue LICRA.
Il fut content d’évoquer, avec moi, le personnage qui fut lié avec ma famille, avec mon père et Pierre COT, Robert Chambeiron, mes parrains, tous fondateurs de l’Union Progressiste… à savoir Emmanuel d’Astier de la Vigerie.


Kessel fut lui même très  ami avec d’Astier, fondateur du réseau Libération, et qui lui demanda d’écrire les paroles du Chant des partisans sur la musique d Anna Marly.
Ce que Kessel composa avec son neveu Maurice Ďruon
Le Chant des Partisans devint l’Hymne de la Résistance

Anna Marly – Le Chant Des Partisans (Paroles de Maurice Druon et Joseph Kessel)

Nous avons évoqué cette période, inconnue de moi, si ce n’est par les souvenirs de ma famille et ceux des amis comme Çhambeiron, qui fut Secrétaire National du Comité National de la Résistance.
Kessel décrivit la vie de ces résistants dans le livre L’Armée des ombres, adapté au cinéma par Melville.

Je me souviens, avec émotion, de cet échange… Nous étions tellement en phase, le Vieux Lion et moi, la jeunette éblouie par le regard et les paroles de cet homme que j’admirais…
Il était assis près de moi, … attentif, et concerné aussi, par ce que je lui disais.
Il y avait, à côté, un lit, recouvert d’une couverture de fourrure… Du loup… je crois…
Et je trouvais que ce décor lui allait bien… Un homme des steppes …
Je l’imaginais dans ses fêtes grandioses, s’enivrant de vodka et de musique russe, avec un ami comme Romain Gary et des femmes magnifiques.

Quand je partis, il garda ma main, un long moment, me disant… Comme je regrette de n’être pas plus jeune… Vous êtes si charmante…
Le charme avait opéré dans les deux sens…

Que dire de lui d’autre…
A la faveur de son entrée dans la Pléiade, récemment, qui constitue un hommage amplement mérité, de nombreux articles ont paru, relatant sa vie d aventurier, de témoin des grands moments de son temps, de résistant, de journaliste, et de romancier.

Il a eu la vie qu’il a voulu, celle d un homme courageux qui s engagea, dès  1917, et devint pilote de chasse, ce qu’il raconta dans son livre L’équipage.
Il couvrit comme journaliste, pour Paris Soir de Pierre Lazareff, tous les événements.

Il alla en Palestine en 1926, et écrivit Terre d amour et de feu.

Pendant la deuxième guerre, il fut correspondant de guerre et rejoignit la Résistance.
Il couvrit la guerre d’indépendance amenant à la création d’Israël, et reçut le visa numéro 1, à  Haïfa, le 15 mai 1948.

Il fut aussi un romancier dont les livres sont lus de par le monde: Il n’est qu’à citer Belle de jour, Le Lion, Les amants du tage, L’armée des ombres, La Tour du malheur.
Nombre de ces livres ont fait l’objet d adaptation au cinéma.

Je parlerai des Cavaliers, qui ont été adaptés au cinéma sous le titre The Horse Men, par John Frankenheimer, et aussi, pour la partie de seconde équipe, la plus spectaculaire, celle des courses de buskatchis, par mon mari, ßam Itzkovitch.

Ainsi, là aussi, c’est une rencontre indirecte de ma famille avec Kessel.
Je dirais, à l’in star de François Mauriac, Il est de ces êtres à qui tout excès aura été permis, et d abord dans la témérité du soldat et du résistant, et qui aura gagné l’univers sans avoir perdu son âme…

Moi, j’ajouterai ce que Kessel lui-même confia, lors de sa réception à l’Académie française, en 1962: Qui avez vous choisi? Un russe! Et un Juif de surcroît

Un homme, un vrai, un mensch,
Un romancier qui nous entraîne dans son monde peuplé d hommes à son image…

Merci pour tout, pour ce moment passé avec vous, Pour vos romans,
Merci d’avoir existé et de nous laisser vos morceaux magnifiques de vie.

Dominique Itzkovitch

Psychanalyste, Politologue, Dominique Itzkovitch a créé le THINK TANK DEVENIR, qui se veut un centre de réflexions interdisciplinaires sur les grands problèmes de société et de démocratie face à un monde en perte de valeurs démocratiques et en butte à des questions majeures de société.

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2 Comments

  1. Un témoignage magnifique émouvant et tellement réaliste. Dominique Itskovitch a réussi à nous faire rencontrer Joseph Kessel, l’homme et l’écrivain.

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