Grande figure France/Israël : “Joseph Kessel, fils de l’Impossible”

5 juin 1967, début de la guerre des 6 jours.

Jef Kessel ( surnom Joseph Kessel), puisqu’il est à l’honneur ces jours-ci (son oeuvre entre à la Pléiade en octobre) avait écrit ce livre publié en 1970 : « Les Fils de l’impossible » … Un livre sur la guerre des 6 jours !

Ils sont nés en Irak, au Yémen, en Iran, en Pologne, en France… partout. Leurs parents sont des rescapés des Exodus  ou des miraculés des camps de la mort…

Sur leur  crâne de paysans-soldats brûlés par le soleil du désert, le ciel immense de Galilée. Mitraillette au coude, sueur au front, ils vivent dans un paysage sublime d’où, à chaque instant, peut venir la mort… ils sèment, étudient, repèrent…

Les trois Chetourman, grand-père, fils, petit-fils, mort chacun à son tour au combat et dont les trois tombes ombragées par le même arbre témoignent qu’une Nation est née.
Une nation dispersée depuis 20 siècles sur toute la surface du globe et qui voilà 70 ans, ni paysan, ni soldat…
Émir Har Zion, le « bédouin juif », personnage de légende.
Méir Har Zion, le vengeur, l’homme des commandos sans pitié, ami des aigles royaux, l’un des premiers à atteindre le Mur des Lamentations pendant la guerre des six jours… fermier de « La Rose des Vents », bras infirme, main serrée sur son arme, cultivant à quelques centaines de mètres de la frontière…
Et combien d’autres que Jef Kessel a rencontrés à Tel-Aviv, à Jérusalem, dans les kibboutzim, dans les tranchées du canal…

Bronzés, sereins, résolus… ils ne désarmeront pas avant d’avoir la certitude que tant de labeur, de sang et de foi n’aient pas été en vain dépensés…
Ils sont les “Fils de l’Impossible” !

La une du 19 mai 1948, France-Soir

Joseph Kessel : A Haïfa, j’ai obtenu le visa d’entrée n°1 de l’Etat d’Israël

« Tel-Aviv, 18 mai (par câble). ’’Allo, allo, Haïfa Tower? Allô, allô, Haïfa Tower?’’.

« Les six passagers du ’’Petrel’’, petit avion qu’ils avaient loué à Paris pour essayer d’atteindre la Palestine en ces jours difficiles, écoutaient anxieusement leur pilote appeler en plein ciel le poste de contrôle du terrain de Haïfa. A l’horizon, dans la brume de chaleur, on devinait les neiges du mont Hermon et les lignes de la côte.

« Le pilote serra davantage contre ses oreilles le casque d’écoute, puis tourna vers nous son profil d’oiseau.

« ’’Ordre de se poser à Haïfa’’, dit-il.

« Je regardai mes compagnons de route et je les sentis tous liés par la même inquiétude. C’était à Tel-Aviv que nous voulions atterrir. Tel-Aviv appartenait entièrement aux juifs. Dans Haïfa, zone d’embarquement pour les troupes britanniques, que ferait-on de nous, à qui le visa anglais avait été refusé?

« – Insistez pour Tel-Aviv, demandai-je au pilote.

« Il tourna la tête et dit:

– C’est formel: Haïfa et pas ailleurs.

« Un homme brun, tout en nerfs, qui était assis derrière moi, gémit presque:

« – Avoir attendu cela pendant 2.000 ans et peut-être pour rien…

« Quand l’avion cessa de rouler sur la piste cimentée, trois garçons, en chemise et en short kaki, uniforme de tous les pays  chauds, se dirigent vers nous.

« – D’où venez-vous?, demanda brièvement leur chef.

« Il parlait anglais, mais avec un accent.

Alors, l’homme brun tout en nerfs se mit à lui donner des explications, très vite, dans une langue aux syllabes singulières, et le visage de l’autre s’éclaira profondément. Et il répondit dans la même langue. Notre camarade de route, passant de l’hébreu au français, s’écria alors:

« – Ce sont des juifs! Les Anglais leur ont cédé ce matin le contrôle civil de l’aérodrome. Notre avion est le premier à toucher le sol de la Palestine libre, de l’Etat d’Israël, et nous sommes les premiers passagers…

« Les premiers: ces mots, qu’il prononçait avec un frémissement religieux, semblaient inscrits tout autour de nous, sur les visages, dans les yeux, dans l’attitude des gens. Le premier contrôle, la première police, la première douane de l’Etat d’Israël. En uniforme ou en civil, tous ces hommes portaient sur eux une joie grave, l’expression éblouie des grands commencements.

« Leur émotion passa un peu en moi lorsque le garçon, jeune, roux et rude, apposa sur mon passeport, en caractères hébraïques et avec un timide et tendre sourire, le visa d’entrée de l’Etat millénaire qui venait d’être ressuscité, et me dit:

« – Vous en avez de la chance! C’est le visa numéro 1 de notre pays.

« Puis des voitures furent appelées de Haïfa pour nous conduire à Tel-Aviv. (…) »

Source France-Soir

« Quand j’ai mis pied à terre, j’ai eu l’impression que je connaissais cette terre alors que je n’y avais jamais été. » Joseph Kessel

Hommage à Joseph Kessel (10 février 1898 – 23 juillet 1979), aviateur, journaliste, écrivain, résistant, auteur des paroles avec son neveu Maurice Druon du Chant des Partisans, académicien, amoureux d’Israël.

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