Elections en Israël : Trop de démocratie ?

Israël est un pays étrange. Alors qu’aucun pays du Proche et du Moyen-Orient ne vote, l’Etat Juif s’est payé le luxe d’organiser 3 élections à la Knesset en moins d’un an. Et à l’heure où ces lignes sont écrites il n’est nullement écrit qu’il n’y en ait pas une quatrième.

En cause le système électoral très respectueux de la démocratie que se sont donnés les israéliens.

En effet, à partir du moment où une liste obtient 3,25 % des votants, elle participe à la répartition des sièges à la proportionnelle intégrale. Ce système, respectueux de chaque vote, participe aussi de l’émiettement du paysage politique israélien. Chaque sous-courant peut espérer en se présentant, obtenir quelques députés et peser ainsi de manière décisive sur la constitution de la nouvelle majorité. Du coup, les petits partis obtiennent aussi des ministères plus prestigieux et plus nombreux que ceux auxquels ils auraient théoriquement droit.

Meyer HABIB disait à juste titre au soir du troisième rendez-vous électoral qu’avec le score obtenu, le LIKOUD aurait eu une éclatante majorité absolue avec un système électoral « français ». Ce problème est récurrent et il faudra bien un jour que les israéliens s’en occupent en donnant une prime à la liste arrivée en tête, un peu comme aux municipales françaises.

En cause également l’éclatement de la société israélienne en une sorte d’archipel politique.

Paradoxalement on ne voit nulle par ailleurs dans le monde un tel multiculturalisme (c’est cela que les multiculturalistes de la gauche française devraient aller étudier ). Israël est un Etat-Nation mais aussi une juxtaposition de communautés culturelles, ethniques ou religieuses qui ont parfois du mal à faire route ensemble.

Les ultra-orthodoxes qui font grosso modo 20 % des électeurs sont opposés aux laïcs de gauche et de droite qui font aussi environ 20 % des électeurs et aucun gouvernement d’union ne trouve grâce aux yeux de ces deux branches opposées des juifs israéliens.

Ajoutez à cela que les partis antisionistes de la liste unie arabe et le parti communiste font à présent liste commune obtenant le score sans précédent de 16 députés, une véritable minorité de blocage …

Il faut d’ailleurs s’arrêter un instant à ce score inédit de la liste arabe pour remarquer la joie dans les villes arabes d’Israël et le respect du fait électoral par la population arabe israélienne.

Où voit-on ailleurs dans le monde une population arabe se réjouissant avec des youyous et des explosions de joie suite à un scrutin démocratique ?
Les adversaires d’Israël devraient y réfléchir et méditer cela. Les seules populations arabes qui participent à des élections démocratiques , qui votent et qui gagnent, se trouvent en Israël !!!

Où est cet Etat d’Apartheid décrit de façon mensongère par certains médias français et par les palestiniens ?

Les palestiniens non israéliens de l’autorité palestinienne s’autogèrent mais se sont donnés, eux, des chefs corrompus et terroristes qui n’ont plus organisé d’élections depuis 2004.

Mais ils n’ont pas manqué, soutenus par une partie des pays occidentaux de critiquer le résultat des urnes israéliennes.

Le grand vainqueur des élections, outre la liste arabe et le taux de participation important, c’est évidemment Bibi NETANYAHOU et le Likoud avec 36 sièges sur 120.

La gauche rassemblée autour du parti travailliste AVODA dans une alliance avec le parti d’extrême gauche MERETZ et le parti GESHER tombe à son plus bas niveau historique avec seulement 7 sièges.

Un cataclysme qu’il serait trop long d’analyser ici. Mais il faut donc relever que le parti travailliste, fondateur du pays, a disparu en qualité de parti d’alternance. L’alliance centriste bleu blanc n’a pas dit son dernier mot avec 32 sièges.

De fait la nouvelle KNESSET est à nouveau difficilement gouvernable. Le bloc de droite est en tête avec 58 sièges et il manque donc 3 sièges à NETANYAHOU pour disposer d’une majorité absolue. Quand bien même il en disposerait, cette majorité sera fragile, à la merci de la moindre défection.

Le bloc de gauche et du centre est encore plus loin du compte en totalisant 46 sièges.

On le voit, le fait que la liste arabe « gèle » 16 sièges constitue un véritable élément de blocage comme l’est aussi la volonté de l’électorat russophone de LIEBERMAN de refuser toute coalition avec les orthodoxes.

Israël s’en sortira comme toujours mais quelle situation compliquée et quel fantastique rebond de Bibi NETANYAHOU vainqueur aux points d’un incroyable suspense observé par le monde entier.

Dernier mot : une mention au premier ministre autrichien Sébastian KURZ qui a été le seul à adresser des félicitations à NETANYAHOU pour sa victoire.

Il est loin le temps où Vienne était le siège de l’antisionisme triomphant.

Raphaël Nisand
Chroniqueur le lundi matin 8H30 sur Radio Judaïca.

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1 Comment

  1. Le commentaire principal à formuler concerne l’appel de l’auteur à instaurer en Israël « une prime à la liste arrivée en tête, un peu comme aux municipales françaises ».

    Pourquoi uniquement les municipales ?
    TOUS les scrutins importants en France (dont les présidentiels et les législatifs) disposent, depuis l’avènement de la cinquième république, d’un tel mécanisme grâce au double tour voulu par Charles De Gaulle.
    Seuls les deux candidats issus premier et deuxième du premier tour participent au second, imposant de ce fait la genèse de coalitions d’électeurs par proximité idéologique ou intéressée ; moyennant souvent l’adhésion des candidats « perdants » à l’un ou à l’autre des deux premiers.

    Il s’en suit une AMPLIFICATION de la VICTOIRE de la PLUS IMPORTANTE MINORITE (ou, rarement, de la deuxième).
    Une vraie majorité dans l’opinion étant souvent introuvable ; car la dynamique d’une VRAIE démocratie génère naturellement une multitude de partis dont AUCUN n’est majoritaire (cf. Israël).
    Il s’en suit donc des gouvernances stables, appuyées sur une forte majorité parlementaire, certes « artificielle » vu que les divergences d’opinions, souvent fortes, sont « balayées sous le tapis » par le système à double tour.

    C’est ainsi qu’Emmanuel Macron fut largement élu au second tour de 2017 et bénéficie d’une forte majorité parlementaire, alors qu’au premier tour il n’avait que 24% (la plus importante minorité…).
    Le cas le plus visible étant la réélection de Jacques Chirac en 2002 au second tour par une écrasante majorité, alors qu’au premier tour, tout Président sortant qu’il fut, il n’obtint que 19.88%…

    Le revers de la médaille étant que les divergences d’opinions, elles, sont toujours là. Dépourvues de présence au parlement et de tout pouvoir « grâce » au double tour, elles finissent par (se) manifester dans la rue. Nous en sommes constamment témoins.

    Le système israélien ressemble à celui de la quatrième république française (dite « le régime des partis »), dont l’instabilité des gouvernements fut la risée du monde.

    MAIS en pire. Car l’élection parlementaire française était et l’est toujours par circonscriptions, chacune expédiant un seul député à Paris ; un système déjà amplificateur des résultats et éliminateur des « petits » partis.
    Alors qu’en Israël le pays tout entier est UNE SEULE circonscription et c’est la proportionnelle intégrale à un seul tour…
    Aucune amplification ou presque donc, le parlement reflétant de ce fait TOUTE la variété INGERABLE des opinions.

    Démocratie parfaite, quoi. Générant comme il se doit une parfaite PARALYSIE.

    D’où la conclusion : la démocratie, comme moyen de désigner une gouvernance, ne fonctionne que relative, bridée, partielle, déformée, ne reflétant que vaguement les divergences d’opinions dans le pays.

    Oserais-je dire qu’elle ne marche que malhonnête ?
    Honnête, elle s’appelle CHAOS.

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