Maxime Tandonnet. Hachette ne publiera pas Woody Allen. Menace totalitaire

Woody Allen

L’un des contresens que nous faisons bien involontairement est d’associer le totalitarisme à la puissance étatique, ce qui nous empêche de voir l’essentiel. Cette erreur provient du fait que notre référence demeure le modèle des régimes totalitaires du XXe siècle, le communisme soviétique, le fascisme et le national-socialisme.

Or le monde a changé. Avec l’affaiblissement des frontières, l’internationalisation et la judiciarisation des sociétés, les technologies de la communication, Internet, le pouvoir d’Etat, largement réduit à l’impuissance et à subir des influences extérieures, n’est plus la principale menace dans le monde occidental. Il existe un air du temps ou une idéologie dominante, une influence subreptice, qui conditionne les esprits de manière infiniment plus pernicieuse que le pouvoir d’Etat. En ce moment, le politiquement correct se transforme en un véritable totalitarisme de la pire nature: la peur s’instille dans les esprits et se transforme en autocensure.

Bien sûr il y a eu cette épouvantable cérémonie des César, détournée par une invraisemblable scène racialiste et le répugnant lynchage public de Roman Polanski. En outre, aujourd’hui, les éditions Hachette refusent de publier les Mémoires de Woody Allen, en raison d’une ancienne accusation d’ordre sexuel, sans la moindre esquisse de preuve ni jugement. Qu’on apprécie ou nom ses films n’est pas la question: de fait, il est une figure de la culture occidentale de ce dernier demi-siècle.

Refuser de publier ses Mémoires, par peur du qu’en-dira-t-on, des réseaux sociaux, du risque de mise eu pilori par les groupes d’influence est pire qu’une lâcheté, une véritable trahison du principe de liberté d’écriture et d’édition. C’est une monstruosité qui condamne rétrospectivement les deux-tiers de la littérature occidentale.

Aussi atroce que de jeter des livres au feu: les tuer dans l’œuf. Ce n’est plus un simple ordre moral qui sévit, mais un véritable totalitarisme fondé sur une forme de terreur. Triomphe d’un dangereux cocktail d’ignorance, de bêtise et de lâcheté: Nous vivons décidément une bien sale époque.

Maxime Tandonnet

Source: Mon blog personnel. 7 mars 2020.

Maxime Tandonnet est haut fonctionnaire, historien et essayiste. son dernier ouvrage: André Tardieu l’Incompris est paru chez Perrin en 2019.

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3 Comments

  1. Article très pertinent. Pour penser le totalitarisme il faut toujours se référer à George Orwell et à 1984. Et que nous dit Orwell ? Que la négation du réel et la perversion du langage (inversion sémantique des mots) constituent l’essence même du totalitarisme. Or que ce soit par exemple avec l’affaire Sarah Halimi, l’affaire Mila, ce lynchage public tout aussi abject de Polanski et plus généralement la désinformation systémique des médias français ou américains et des campagnes électorales (assez ressemblantes à l’hystérie collective des coupes de football), le constat s’impose : nous vivons dans un monde totalitaire, où le réel n’existe pas et où la novlangue de 1984 est la langue quasi universelle. Relisez 1984 et comparez le monde totalitaire qui y est décrit avec la France, les USA, l’Angleterre etc…de 2020 : vous verrez dans le roman d’Orwell une allégorie prémonitoire de nos sociétés. A ceci près que l’expatriation reste encore une issue possible, une voie de secours.

  2. Certes.

    Avec mention spéciale pour les réseaux asociaux, cloaque interplanétaire travaillé par toutes les puissances à la recherche de….puissance.
    Moyennant des hordes de trolls, humains ou machines.

    Big Brother s’y exprime ; nul besoin pour lui de lire dans nos pensées puisque c’est lui qui les met dans nos têtes.

    Le but étant d’éliminer, dans nos (ex ?….) démocraties occidentales, le centre modéré, siège et soutien de la démocratie, et de laisser toute la place à des extrêmes hystériques et vociférant ; vidant la démocratie de sa raison d’être et transformant tout débat public en foire d’empoigne.

    Voici venir donc un nouveau Maccarthisme populiste avec pour finalité de trancher tout ce qui dépasse : les têtes de Polanski, de Allen et d’autres artistes certes ; mais surtout trancher autre chose ; ce qui conforte la thèse de Freud sur la femme souffrant, au fond, de jalousie vue l’absence chez elle d’un membre viril…
    On cherche à éliminer chez l’autre ce dont on est dépourvu ; quitte à éliminer cet autre… Dont, évidemment, son génie créatif.

    L’attaque vise donc à la fois le système procréatif humain et son esprit (surtout occidental, bien évidemment) grâce auquel notre espèce a connu son insolent succès.
    La mort de l’occident est à ce prix et l’omniprésence des lobbys pseudo-féministes, dont les adhérent(e)s y ont en vérité tout à perdre, la transforme en suicide.

    Que les cibles actuelles aient, comme par hasard, les mêmes origines ethnico-culturelles, est peut-être une coïncidence. Peut-être pas.
    Est-ce encore les Juifs qui servent de canaries dans la mine ?

  3. Encore un Juif:vous avez dit bizarre?
    Mein Kampf(Gallimard?) pas de probleme ,faut eduquer les masses,mon bon monsieur.
    Perso,a part que je ne crois pas un mot de cette histoire sur Woody Allen(de meme que la justice americaine) je lirai ses memoires dans l’original-en esperant que les editions americaines se montrent moins laches que Hachette.

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