Mohamed Sifaoui, ou la mémoire courte du Farband

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À l’instar du poète, « faut-il pleurer, faut-il en rire ?[1]». On apprend que, le 03 février prochain, le Farband et le Cercle Culture et Judaïsme (une de ses structures) organisent une « rencontre suivie d’une signature autour de Mohamed Sifaoui, journaliste, spécialiste de l’islam politique, sur le thème : l’évolution de l’islam politique au sein de la société française. Comment agissent-ils ? Comment les combattre ? » (Annonce ici)

Rappelons, pour ceux qui l’ignoreraient, que le Farband-Union des Sociétés Juives de France (USJF) est une association quasi-centenaire. Elle a des activités mémorielles, culturelles et festives, largement centrées autour de la langue et de la culture Yiddish, et accueille régulièrement, lors de réunions, des survivants de la Shoah accompagnés parfois de leurs enfants et petits-enfants. Sur son site, il est indiqué en outre : « Nous organisons la Commémoration annuelle de Yizkor au cimetière parisien de Bagneux, à la mémoire des victimes de la Shoah, de ceux qui sont tombés pour la liberté, et de ceux qui sont tombés pour l’existence de l’État d’Israël ». Membre du CRIF, elle bénéficie du soutien du FSJU et de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah2.

L’ombre de Georges Bensoussan…

Et rappelons aussi pour ceux qui feraient mine de l’avoir oublié, ou souhaiteraient qu’on l’oublie, que Mohamed Sifaoui a témoigné contre Georges Bensoussan lors du procès qui lui fut intenté pour « provocation à la haine raciale » par le Parquet sur dénonciation du CCIF auquel s’était jointe en qualité de partie civile, entre autres associations se réclamant de la lutte contre le racisme ou l’antisémitisme, la LICRA dont Mohamed Sifaoui était alors membre du Bureau Exécutif. Le 25 janvier 2017, devant la 17e chambre du Tribunal correctionnel de Paris, alors que la présidente venait de lui rappeler les propos qu’il avait tenus dans son article « Les Arabes ne vont pas à Auschwitz », il expliquait : « c’est curieux que Georges Bensoussan cite Laacher, Sansal ou moi-même pour se défendre. C’est comme si Laacher, Sansal ou moi-même, nous avions bu des biberons remplis de lait venant d’Israël ».

Le rapport avec Israël, alors qu’il était question de la haine et du mépris des Juifs dans la culture et l’éducation arabo-musulmanes, dénoncés, à la suite de Smaïn Laacher, par Georges Bensoussan ? Ceux qui le recevront lundi 3 février au Farband, eux qui, à juste titre célèbrent tous les ans « ceux qui sont tombés pour l’existence de l’État d’Israël » pourront se demander ce que cette réflexion de Mohamed Sifaoui leur inspire.

… ou celle du communautarisme

Ils pourront également se demander quel « communautarisme abject » Mohamed Sifaoui dénonçait, lorsque, sur sa page Facebook, le 6 septembre 2017, il annonçait sa démission de la LICRA et de son Bureau Exécutif (voir ici). Et s’interroger sur la pertinence de la présence de l’intéressé dans leurs locaux, comme sur sa dénonciation sélective du « communautarisme » au regard de ce qui en a pu en être relevé (« Qui est communautariste ? Sifaoui ou Bensoussan », Tamurt info).

Le 20 mai précédent, la LICRA ayant désapprouvé l’invitation par sa section parisienne du journaliste Ivan Rioufol au salon du livre qu’elle organisait, Mohamed Sifaoui, sur son compte Twitter, la soutenait en ces termes : « Inviter Ivan Rioufol à un salon antiraciste, c’est comme inviter Monseigneur Lefebvre à la gay-pride ». La comparaison est fort cocasse lorsque l’on songe à sa propre invitation par le Farband.

Georges Bensoussan a été totalement et définitivement blanchi par la justice des accusations ignobles qui furent portées contre lui. Les associations rameutées par le CCIF ont perdu toute crédibilité, à commencer par la LICRA dont Alain Finkielkraut quittait le comité d’honneur dès le lendemain de l’audience, et dont le président était contraint de démissionner. Quant à ceux qui ont tenu à l’encontre de l’historien des propos où la haine le disputait au déni du réel, nous gagnerions tous à ne plus les entendre. Le Farband en a décidé autrement. Et il fait figurer sur l’annonce de la rencontre qu’il organise le sigle du FSJU – qui le soutient. Or Akadem, qui est une émanation du FSJU, a été contraint de retirer l’entretien de Georges Bensoussan avec Antoine Mercier en juin 2018. Censure de Georges Bensoussan, et soutien à la rencontre avec Mohamed Sifaoui. « Les trois piliers du Judaïsme sont la paix, la justice et la vérité » : ces mots sont ceux qui avaient été prononcés dans les locaux parisiens de l’École Nationale de la Magistrature (ENM) en novembre 1997 par le Grand Rabbin Alain Goldman. Ils méritent d’être rappelés, répétés, car, à l’évidence, le message n’est pas entendu par tous.

Zakhor ! Nous n’oublions pas, nous n’oublierons rien. DK♦

justice

Danielle Khayat, MABATIM.INFO
Magistrat en retraite

Source: M@batim.info 1er février 2020

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3 Comments

  1. Pour compléter cette salutaire mise au point, rappelons l’article d’Olivier Geay, “Sifaoui contre Bensoussan: un arrière-fond politique franco-algérien?” dans “Autopsie d’un déni d’antisémitisme, autour du procès fait à Georges Bensoussan” (L’Artilleur, 2016. Il est sinistre de constater qu’en cette période la mauvaise foi continue d’aveugler certains de ceux qui devraient être les plus vigilants sur ces questions…

  2. D’accord mais la LICRA d’avant Mario Stasi s’était portée partie civile contre G. Bensoussan …
    Les juifs de cour on les rencontre tous les jours, cette signature en est malheureusement un nouvel exemple …

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