Ils vont nous gâcher le Black Friday et Toi, tu vas pleurer ta race. Par Sarah Cattan

Depuis le début, je les regarde faire.

Au départ ce Gilet.

Jaune.

Moche. Quelle faute de goût tout de même.

Je les regarde faire et lis avec stupeur tout ce que chacun en dit. Doctement.

J’écoute Comment Les autres, spécialistes en tout et en rien, les qualifient, sans une once de doute.

Je regarde avec étonnement autour de moi.

Etrangement je n’en connais pas. Je n’en sais pas d’actifs. De concrètement jaunes.

Dans les dîners on n’en parlait pas

Jusque là.

Comme vous je les ai vus en Une des magazines. Sur les écrans d’un téléviseur. Les radios répètent en écho Les Gilets jaunes Les Gilets jaunes Les Gilets jaunes Les Gilets jaunes

Certains essaient de te faire peur

Ils auraient, les salauds, dénoncé des migrants.

Ils vont être la cause de la prochaine attaque terroriste

Ils vont nous gâcher le Black Friday

Et là, et là, c’est carrément pas possible : pas le Black Friday Pas ça Pas ça

Les media les appellent Les Sans Culotte La France à Johnny Les Beaufs Les Ringards

Ils essaient bien de te dire qu’il s’agit de ploucs doublés de salauds

Et qu’à cause d’eux tu vas pleurer ta race

Les enfants se mettent à poser des questions : C’est qui les Gilets jaunes ? C’est des Gentils ou des méchants ?

Prise à dépourvu Tu te retrouves à leur dire que tu sais pas exactement Mais que non, ce ne sont pas des méchants

Ce sont des gens fatigués

Méprisés

Le Dîner de cons Ils en ont soupé

Les caricatures, pareil

La manière dont les média parlent d’eux, idem

Infirmières Ouvriers Commerçants Retraités Fonctionnaires De tous âges

Etrangement je ne m’offusquerai pas devant leurs colères

Lucidement j’ai du mal à seulement imaginer qu’un petit geste charitable va nous calmer tout ça

Jean-Pierre Le Goff dit[1] que leur révolte exprime le rejet de quatre décennies de libéralisme culturel et d’adaptation économique à marche forcée voulus par les élites

Le François Pignon de Francis Veber ? Non. Les résumer à ça serait une grave erreur.

Sarah Cattan

[1] Le Figaro. Entretien avec Alexandre Devecchio. 22 novembre 2018.

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5 Comments

  1. Le trop plein des ressentiments, inévitablement, entraîne une sympathie compassionelle (pléonasme volontaire !). S’il explique le passage à l’acte, suffit-il à lui donner de la pertinence.
    L’anti élitisme, lourdement justifié par les déjà trop nombreuses déclarations, bourdes et affaires (de Benalla aux dîners à 100€, sans oublier les gaulois réfractaires et autres boulots sur le trottoir d’en face) s’il attise de saines indignations, remplace-t-il analyses politiques, économiques, sociologiques ?…
    Or, cet anti élitisme et ces ressentiments sont gros, au mieux, de confusions et de dérapages, au pire… ben, du pire.

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