Mamie et Papa Maman, ces espions russes. Par Michèle Chabelski

Bon Mardi

Melissa m’a demandé de garder Noa…

J’arrive au moment où elle se réveille de sa sieste…

La nounou l’a mise en pyjama…

Viens t’habiller chérie…

Nan.

Pourquoi ?
Pas envie.

Irréfutable.
Irrécusable

J’ai pas envie participe de l’argumentaire irrationnel (oxymore) utilisé par les mini humains pour offrir un mur de refus inconditionnel à toute proposition pratique…

Le contraire des politiques qui clament haut et fort :

J’ai envie de rendre la prospérité à…
J’ai envie d’offrir justice et égalité…
J’ai envie de réformer mon pays…

Bref…

 

Elle glisse de mes bras et se dirige d’un pas martial vers le salon en m’annonçant :
Vais voir le sac à Mamie.

Le sac à Mamie, c’est ce réticule noir qui contient les éléments essentiels à une survie en milieu hostile :

Un poudrier
Un rouge à lèvres
Une batterie de secours
Des Michoko

Mais le sac à Mamie contient essentiellement et prioritairement un cadeau rituel qui donne un sens à la vie de Noa.

Elle fouille.
Me regarde, incrédule…

Ben.. Elle est où ma brioce ?

Mince!
J’ai oublié la brioche, transgression intrépide des ukases maternels.

J’ai préféré qu’on aille l’acheter ensemble. C’est plus drôle, non?

Plus drôle, elle n’est pas sûre.
Mais plus efficace, sans doute…

Mais faut s’habiller, d’abord.
Elle en convient.

Elle me montre où sont rangées les baskets, on ajoute une parka et une écharpe, le road movie peut commencer.

 

La boulangerie n’est pas loin, Noa anticipe avec délectation…

Hummm.. C’est bon la brioce…

Elle possède surtout cette irremplaçable épice qu’est l’interdit…

Madame la boulangère nous fournit sans amabilité excessive, et nous voilà sur le chemin du retour en fredonnant la chanson des crocodiles qui partaient à la guerre, sorte de chant des Partisans 2.0.

Noa porte avec délicatesse la brioche emmaillotée dans un papier blanc et elle ne déroge pas à la tradition instaurée entre nous : elle dégustera sa brioche sur le canapé en complétant des puzzles téléchargés sur mon portable, le plaisir consistant à se réjouir des petites bulles qui sonnent le triomphe de l’enfant quand elle a posé la bonne pièce au bon endroit…

Elle m’explique :
Les petites bulles, ça veut dire: bravo Noa !!

Bref.

Nous nous dirigeons gaiement vers l’appartement quand nous sentons la morsure d’un double prunelle :

Papa et Maman nous regardent arriver, en lorgnant sur le petit paquet que tient Noa.

Enfer et damnation…

Je cherche une sortie, une échappatoire, comme dans les dessins animés quand Titi trouve juste un trou où se cacher au moment précis où Gros Minet avance la patte…

Ou quand l’espion russe, sur le point d’être capturé par le héros aux yeux verts d’eau, une beauté au sex appeal irrésistible, découvre une encoignure de porte que la script avait soigneusement notée..

Mais là, wallou…

Juste nous, la brioche et les parents trahis…

Noa et moi tremblons un peu en approchant…

Cette histoire au suspense insoutenable me paraît digne dune série , et c’est pourquoi je me réserve le plaisir de poursuivre le scenario dans une saison 2 à paraître très prochainement…

Que cette journée vous offre des arguments bien affûtés pour vous défendre si vous êtes appréhendés pour atteinte à la sûreté de l’Etat…

Je vous embrasse

Michèle Chabelski

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