Comprendre le passé pour éclairer l’avenir et faire en sorte que l’histoire la plus tragique, la plus inhumaine aussi, ne se répète pas, telle est la vocation du Mémorial de la Shoah, à la fois musée, lieu de mémoire et centre unique de documentation en Europe. C’est aussi un lieu d’éducation et de formation.
Implanté à Paris dans le quartier historique du Marais, il a ouvert au public le 27 janvier 2005 à l’occasion du soixantième anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz et de la Journée européenne de la mémoire de l’Holocauste. Il poursuit à travers toute la France et auprès du grand public, sa campagne nationale de recueil d’archives, papiers, lettres, objets et photographies, initiée il y a quatre ans. À ce jour, cette campagne annuelle a permis de recueillir plus de 28 000 documents. Cette année, le Mémorial vient à la rencontre des donateurs, communautés juives et anonymes, dans quinze nouvelles villes du pays dont Ajaccio et Bastia.
Un séjour corse programmé les 21 et 22 mars prochains. Le Mémorial trouve son origine pendant la guerre avec la création dans la clandestinité d’un fonds d’archives visant à rassembler les preuves de la persécution des Juifs, afin de témoigner et de réclamer justice dès la fin de la guerre. Quelques années plus tard, ces preuves donneront naissance à la justice pénale internationale lors du procès de Nuremberg.
Les documents peuvent être reproduits sur place
La première pierre du Mémorial sera posée le 17 mai 1953, le bâtiment inauguré trois ans plus tard et classé Monument historique en 1991. Des cendres provenant des camps d’extermination du ghetto de Varsovie y seront solennellement hébergées.
Devant le succès, assez inattendu par son ampleur, rencontré depuis 2014, l’institution continue d’interpeller directement le public, les familles en particulier, sur la nécessité de sauvegarder tous les documents privés depuis 1880, période des grands mouvements migratoires des populations juives, jusqu’à 1948, date de la création de l’État d’Israël. Tout ce qui peut l’aider dans sa mission de transmission et de sensibilisation à la prévention des crimes contre l’Humanité, journaux, courriers, papiers personnels, cartes d’identités, objets, photos, dessins, films amateurs encore détenus par des familles juives originaires de France, d’Europe ou d’Afrique du Nord.
Les équipes du Mémorial peuvent ainsi séjourner plusieurs jours. Dans la mesure où les familles rechignent à se séparer de documents précieux parce que très intimes, ils sont reproduits sur place en haute définition et restitués immédiatement.
La Corse, parent pauvre des archives du Mémorial
L’histoire des Juifs en Corse remonte à plusieurs centaines d’années. Les premières traces d’une présence juive se situent vers l’an 800. Au fil des siècles, les membres de la communauté se sont dispersés pour devenir partie intégrante de la population. Dans certains villages, des églises gardent la trace de documents rédigés en hébreu à côté de ceux rédigés en latin.
Au début du XVIe siècle, un millier de Juifs du royaume de Naples trouve refuge en Corse, fuyant la persécution de Ferdinand II d’Aragon. La plus grande vague d’immigration juive intervient sous Pasquale Paoli qui fait venir entre 5 000 et 10 000 Juifs du nord de l’Italie pour revitaliser l’île après quatre siècles d’occupation génoise, leur accordant le statut de citoyens à part entière avec les mêmes droits que les Corses.
Mais la période qui intéresse le Mémorial de la Shoah, c’est évidemment celle de l’occupation fasciste durant laquelle les habitants se mobilisèrent pour aider les Juifs à se cacher.
En 1947, la Corse apporta même sa contribution à la création de l’État d’Israël, prêtant main forte aux combattants juifs qui luttaient pour leur indépendance. Si les historiens ne placent pas tous au même niveau le curseur de la protection, des familles ont dû conserver des souvenirs matériels inédits et donc très précieux pour le Mémorial qui possède très peu d’archives sur la Corse malgré sa valeureuse histoire avec la communauté juive. Il se donne deux journées pour combler l’absence.
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