Charb, je lirai ta Lettre à tous. Obstinément. Par Sarah Cattan

Atmosphère Atmosphère. Le débat Bourgi Bourdin et tout ce qu’il véhicule de vulgarité. D’obscénité de la pensée. Tout le reste encore. Ce contenu pauvre lorsqu’il n’est pas menteur que les media persistent à distribuer en pâtée à ceux qu’ils sont en charge de distraire à défaut d’informer.

Les media ? Ils te parlent pas de nos universités. Non contentes d’être gangrénées par les tenants de l’entrisme. Les islamo compatibles. Qui veulent en même temps te faire croire que toi t’es qu’un gros raciste. Qu’aime pas les musulmans.

Alors qu’hier à la Sorbonne on te célébrait Elie Wiesel, regarde en face, à Diderot Paris 7 : T’as Solidaires étudiant·e·s qui demande l’annulation de la lecture de Lettre aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes. Tu l’as lu, toi, le sobre texte posthume de Charb. Tu veux pas croire qu’on le censurerait au motif qu’il serait islamophobe. Pas Charb. Pas sa Lettre.

Tu seras plus jamais à l’heure sur ton planning. Faute à ces nouvelles voix qui t’obligent à réagir, là où logiquement tu devrais tracer la route : y a pas de quoi ralentir.

Sauf que ça devient systématique. Toute une stratégie mise en place. Que si tu passais et te taisais, eux ils se mettraient en place encore plus vite. Relis Boualem Sansal. Déjà en 2015 il t’expliquait tout. Fais confiance à ceux-là : ils savent, eux. Ils nous prennent pour des niais. De pauvres innocents. Des crédules. Des abrutis. En un mot, la proie idéale.

Rappelle-toi : il fut un temps où l’UNEF était fière d’accueillir Charb. Et là t’as quoi ? Des syndicats étudiants s’acharnant ici sur Charb. Assassiné par des terroristes.

Tu trouves normal, toi, que ce soit l’UEJF Paris 7 Diderot qui s’y colle, pour dénoncer la censure demandée par Solidaires étudiant·e·s. Pour rappeler que le combat de Charlie Hebdo était un combat antiraciste authentique, à l’inverse de ceux-là, qu’ils qualifient d’escrocs de l’antiracisme et de l’islamophobie. Bien en place dans nos Universités. Les nouveaux menteurs. Les nouveaux censeurs.

Elle te fait pas peur, toi, cette vision binaire. A l’œuvre chez nous aujourd’hui. Comment avons-nous fait ou plutôt que n’avons-nous pas fait, pour en être arrivés là.

En même temps, t’as Paris-Luttes Info, que tu sais même pas qui c’est, qui appelle à se rassembler mercredi à Paris Diderot contre la lecture du texte de Charb. Tu googlises : Paris-Luttes Info, ils ont à leur actif, parmi leurs faits d’armes politiques, des mobilisations contre la police. Tiens regarde : ils ont même appelé ouvertement à griller du flic et passèrent par la case TGI le 8 novembre 2017.

Quand même. Le texte posthume de Charb. C’est quoi ce bins. Te paraît-il normal qu’il fît scandale, chaque fois qu’une lecture publique en est proposée à l’université. Ses censeurs, l’ont-ils lue, la Lettre aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes. Là où Charb écrit que dire que l’Islam n’est pas compatible avec l’humour est aussi absurde que prétendre que l’Islam n’est pas compatible avec la démocratie ou avec la laïcité, comment ces étudiants solidaires et autres Tartufe ont-ils pu lire que  l’Islam était incompatible avec les valeurs de la République.

Nos Tartufe, ils prétendent l’avoir lue, la Lettre aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes, et arguent que Charb nia l’existence d’un racisme envers les musulmans en France.

Qu’ils l’ouvrent, l’essai. Qu’ils lisent. Pas tout! Non ! La première phrase ! Celle où Stéphane Charbonnier explique que le terme islamophobie  est mal choisi s’il doit désigner la haine que certains tarés ont des musulmans. Il n’est pas seulement mal choisi, il est dangereux. […] Lutter contre le racisme, c’est lutter contre tous les racismes, alors lutter contre l’islamophobie, c’est lutter contre quoi ? Contre la critique d’une religion, ou contre la détestation des gens qui pratiquent cette religion parce qu’ils sont d’origine étrangère ?

Qu’ils l’ouvrent, l’essai. Qu’ils lisent. Qu’ils vérifient que Charb, ce défenseur de l’égalité des droits, ne fait rien d’autre ici que de témoigner de son inquiétude de voir la lutte antiraciste remplacée par une lutte pour la protection et la promotion d’une religion.

Qu’ils l’ouvrent, l’essai. Qu’ils lisent, ceux qui feignent d’être sourds, que le terme  islamophobie laisse entendre qu’il est plus grave de détester l’islam, c’est-à-dire un courant de pensée parfaitement critiquable, que les musulmans.

Qu’ils l’ouvrent, l’essai, et comprennent que si discriminer quelqu’un en raison de son appartenance religieuse est incontestablement un délit, critiquer une religion n’en est aucunement un : Avoir peur de l’islam est sans doute crétin, absurde, et plein d’autres choses encore, mais ce n’est pas un délit. Le problème, ce n’est ni le Coran ni la Bible, romans soporifiques, incohérents et mal écrits, mais le fidèle qui lit le Coran ou la Bible comme on lit la notice de montage d’une étagère Ikea.  En vertu de quelle théorie tordue l’humour serait-il moins compatible avec l’islam qu’avec n’importe quelle autre religion ? Si on laisse entendre qu’on peut rire de tout, sauf de certains aspects de l’islam parce que les musulmans sont beaucoup plus susceptibles que le reste de la population, que fait-on, sinon de la discrimination ?

Qu’ils lisent au moins le sommaire. Les têtes de chapitre :

Le racisme ringardisé par l’islamophobie.

La foi, c’est se soumettre.

Condescendance des élites et infantilisation.

Les journalistes au service de l’islamophobie. Ou le constat accablant fait chaque jour aux grandes messes des journaux radiotélévisés.

C’est ça, l’essai de Charb. Finalisé deux jours avant les attentats de janvier qui lui ont coûté la vie, dit la note de l’éditeur. Un court essai sur un sujet grave : la propagande intégriste qui récupère toute critique envers les extrémismes religieux, y compris ceux qui prônent la violence terroriste, pour l’assimiler à un racisme. Tout ça analysé. Argumenté. Traité à la Charb. Avec humour. Légèreté. Brillante démonstration que le mot islamophobie contente à la fois les racistes, les islamistes radicaux, les politiques démagogiques et les journalistes fainéants.

Il a raison, Raphaël Enthoven, de conseiller qu’elle soit lue dans nos écoles, la Lettre aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes. En antidote.

Et Post Scriptum à ces niais qui penseraient que toute critique des religions serait l’expression d’un racisme, qui ont compris qu’Islam était le nom d’un peuple, qui disent que les musulmans sont incapables de comprendre le second degré: cette Lettre, Charb l’a écrite pour eux.

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