La ville d’Ajaccio célèbre la première Hanoukka publique de Corse

Dimanche, au coucher du soleil, les bougies d’un chandelier à neuf branches ont été allumées, place Foch, par le rabbin Lévi Pinson en présence du maire, des représentants de la CTC et de la préfecture. Et d’une centaine de personnes.
Photo JP Belzit

Un immense chandelier doré à neuf branches (la ménorah) se dresse face à la statue du Premier consul. La scène est insolite. Il s’agit de la toute première célébration publique en Corse de la Hanoukka, la fête juive des lumières.

Le jeune rabbin Lévi Pinson, 27 ans, mène la cérémonie. À ses côtés, son père, rabbin de Nice, Laurent Marcangeli, Muriel Fagni pour la CTC, Jean-Philippe Legueult et Romain Delmon pour la préfecture.

Face à eux, une centaine de personnes, membres de la communauté juive, des communautés catholique et musulmane, ou simple badaud attiré par l’événement, écoutent les discours qui se succèdent.

Lina Sillamy, représentante de la communauté israélite à Ajaccio, prend la parole pour rappeler le sens de Hanoukka : la révolte des Macchabées, famille d’un petit village de Judée, contre les armées d’Antiochus Épiphane qui interdit les religions monothéistes : “Hanoukka, c’est la fête qui symbolise la Lumière face à l’obscurité et à l’obscurantisme, la fraternité, la tolérance, la clarté et la spiritualité.”

En raison de son caractère universel, la fête des lumières est publiquement célébrée depuis des décennies à New York, au Canada et en Europe. En Corse, en revanche, l’allumage de la ménorah était hier une grande première : “C’est la première fois dans l’histoire de l’île de Beauté que le candélabre d’Hanoukka est allumé en public”, se félicite Lévi Pinson pour qui il s’agit “d’un moment historique”.

Laurent Marcangeli fait part de sa fierté “d’être le maire de la première ville de Corse qui permet la célébration de cette fête si importante”, dont le principal message est celui de la tolérance.

L’antisémitisme et les discours de haine, “qui prospèrent sur la bêtise”, sont rappelés par le secrétaire général de la préfecture Jean-Philippe Legueult, tandis que Muriel Fagni retrace l’arrivée des Juifs en terre corse il y a quelque 800 ans.

Six des neuf bougies du candélabre sont ensuite allumées. “La lumière ne peut pas arriver d’un coup”, précise le rabbin Lévi Pinson (la fête est célébrée sur huit jours ; cette année, elle a débuté le 13 décembre et se termine le 20 décembre, ndlr).

Les deux rabbins et quelques fidèles entament la prière qui suit traditionnellement l’allumage des bougies en souvenir de la reprise du temple de Jérusalem par les Maccabées. Viennent ensuite les chants et une grande danse.

Dans l’assistance, l’émotion est palpable. Yvonne Malka Cohen, dont les parents sont arrivés à Bastia en 1919, est au bras d’une de ses amies. La vieille dame aux yeux vifs est heureuse de pouvoir assister à cette “grande fête, place Foch”. Lina Sillamy se dit aussi très satisfaite du “succès de la cérémonie”.

Alain Schraub vient quant à lui de Nice. Son fils est installé en Corse et pour lui, la cérémonie de Hanoukka sous les palmiers ajacciens est tout simplement “extraordinaire”“Je viens de Nice où la communauté juive est importante. Ici, elle est toute petite. Mais elle est très dynamique. Ils ont confectionné hier le candélabre avec des tuyaux ! C’est extraordinaire. Je suis très agréablement surpris par les représentants des collectivités et de voir le monde autour des bougies. Cela fait vraiment plaisir à voir. Pour tout dire, je m’attendais à ce que nous ne soyons pas plus de vingt ce soir !”

“Ici, en Corse, nous nous sentons en sécurité”

Roni Barkats, barbier dans la vieille ville et ses amis font partie de la communauté juive ajaccienne. Coiffé d’une kippa, Roni a suivi avec bonheur la cérémonie, chanter la prière et danser. Les discours des politiques et du représentant du préfet l’ont beaucoup “ému”.

Le petit groupe d’amis est arrivé à Ajaccio il y a quelques années. Roni Barkats venait pour sa part d’Aix-en-Provence : “Ma famille était ici, je suis venu m’installer et je m’y suis senti bien.” Ont-ils parfois ressenti l’antisémitisme évoqué dans certains des discours ? “Je n’ai jamais entendu quelque chose de désagréable. Très franchement, ici, les Juifs se sentent en sécurité”, répond le jeune homme.

Le groupe d’amis se dit pratiquant. Ils se rendent régulièrement au Beth Habad ouvert en 2016 par Lévi Pinson, route du Vittulo.

Ce dernier appartient au mouvement Habad (acronyme de sagesse, compréhension, connaissance) Loubavitch, qui compte plusieurs milliers de centres (Beth Habad) partout dans le monde et emploie des milliers de personnes pour des actions sociales, médicales et éducatives.

Depuis l’ouverture en 2016 à Ajaccio du centre, plusieurs juifs pratiquants s’y rendent : “Parfois, nous sommes 20, parfois 5”, souligne l’un d’eux.

Le rabbin Pinson y a ouvert une épicerie casher. Il envisage d’ouvrir un restaurant cet été pour les touristes “qui sont de plus en plus nombreux à venir en Corse, dont le peuple partage beaucoup de similitudes avec les Juifs et ce sur de nombreux plans”.

Source corsematin

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1 Comment

  1. Mais quand la Corse sera T elle indépendante face au colonialisme de la France?
    Israel devrait aider la Corse à accéder à son indépendance comme la Guyane , les Antilles, laReunion, St Pierre et Miqelon: le colonialime Français devrait être dénoncé à l’ONU et le conseil de sécurité devrait en debattre

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