L’heure de Macron, par Richard Liscia

On ne saurait minimiser la mésaventure de François Fillon : même s’il parvient à prouver sa bonne foi et celle de son épouse, l’emploi caché de Pénélope va lui coller à la peau jusqu’à la fin de la campagne.

ON A SOUVENT parlé de « l’alignement des planètes » en économie à propos de la baisse de l’euro, conjuguée à celle des taux d’intérêt et du prix du pétrole. Pour Emmanuel Macron, on perçoit également un alignement des planètes politiques puisque, au moment même où la primaire de la gauche accentue, peut-être de façon irréversible, les divisions de la gauche, l’un de ses deux principaux rivaux (François Fillon et Jean-Luc Mélenchon) se trouve en mauvaise posture. Or un affaiblissement de M. Fillon ne serait utile ni à la gauche ni à M. Mélenchon. Les électeurs de droite indignés par l’affaire Fillon n’auront pas d’autre choix que de voter Macron.

 

macron lille

Tout ce que l’électorat déteste.

On peut nourrir des réserves sur les chances de l’ancien ministre de l’Économie, on doit reconnaître la force de son analyse de l’état des lieux politiques qui l’a incité à se présenter à la présidentielle. Une gauche dévastée, des candidats au second tour de la primaire socialiste qui ont administré la preuve que, en dépit de leurs promesses de se rabibocher le 30 janvier, ils prônent des politiques diamétralement opposées ; une droite qui semblait devoir triompher facilement mais dont le candidat désormais unique est enferré dans un début de scandale qui est très exactement tout ce que hait l’électorat, tout ce qui le révolte, tout ce qu’il condamne, quitte à jeter son bonnet par dessus les moulins et à voter pour Marine Le Pen. Il faut certes laisser la justice faire son travail et M. Fillon s’expliquer. Il n’empêche que des forces obscures tentent de disqualifier les candidats qui ont de bonnes chances, François Fillon donc, mais aussi Emmanuel Macron, accusé d’avoir eu un grand train de vie à Bercy aux frais du contribuable mais qui vient d’être blanchi par Michel Sapin. On voit clair : diffamez, diffamez, il en restera toujours quelque chose. Il y a, chez certains, le désir de manipuler l’électeur et rien n’est plus facile. Il suffit de se servir des réseaux sociaux et de laisser le venin du soupçon envahir toutes les consciences.

La bonne question de cette année.

Cependant, si les attaques contre M. Macron peuvent être aisément circonscrites, il n’en va pas de même pour M. Fillon. On ne pose pas assez souvent la bonne question de cette année. Il s’agit certes d’en finir avec un traitement du chômage totalement inefficace, de remettre la France au travail, de rendre notre industrie plus compétitive. Mais il s’agit aussi d’écarter durablement du pouvoir Marine Le Pen dont les idées sont encore plus dangereuses que celles de Benoît Hamon. Il s’agit, ni plus ni moins, de protéger notre démocratie. Ce que les fossoyeurs du pays ne parviennent pas à obtenir par les urnes, ils tentent de le conquérir par l’assassinat politique d’un ou plusieurs candidats qui font de l’ombre à leur projet délétère. Que l’on soit de droite ou de gauche, pour ou contre le revenu universel, pour une politique de l’offre ou pour celle de la demande, il existe une majorité hostile à la démagogie, au mensonge, à la manipulation. Force est d’admettre, même à gauche, que, de même qu’en 2002 Chirac fut un rempart contre Le Pen, Fillon cette année en est un contre une autre Le Pen. Si l’affaire qui le concerne finit par le discréditer, nous risquons collectivement de n’avoir plus le choix qu’entre deux démagogues, celui de l’extrême gauche et celle de l’extrême droite.

Dans ce contexte, Emmanuel Macron prend une énorme valeur ajoutée. Quoi que nous pensions de lui, nous le préfèrerons à Marine Le Pen et je ne parle ici qu’au nom des démocrates. Il est certainement en train de compter les points qu’il engrange.

Richard Liscia

blog.richardliscia.lequotidiendumedecin.fr

Suivez-nous et partagez

RSS
Twitter
Visit Us
Follow Me

2 Comments

    • Non, mais il n’a aucun intérêt à soutenir Macron, qui est objectivement un adversaire, au moins pour le moment. Sa prise de position est donc crédible.

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*