À Lille, 24 cheminots, autant de héros qui ont sauvé des enfants juifs

Le 11 septembre 1942, 24 cheminots ont sauvé d’une mort certaine des dizaines d’enfants de confession juive parqués à la gare de Fives. Un hommage leur a été rendu ce dimanche. «Le temps n’efface rien».
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Jacques Stulzaft et son petit-fils

Grand-père et petit-fils se tiennent par l’épaule. Se sourient. L’accolade, si banale, tient ici du miracle. Flash-back. Le 11 septembre 1942, Jacques Stulzaft a dix ans. « La Gestapo fait irruption chez ma mère. Lui met une arme sur la tempe. Nous étions coupables de ne pas être conformes au modèle aryen… » Citoyens polonais ou apatrides de confession juive sont arrêtés dans la région par le commandement militaire de Bruxelles. La famille de Jacques n’échappe pas à la rafle. Elle rejoint le site de l’ancienne gare SNCF de Fives, rue Belle-Vue. Direction Auschwitz, la mort au bout du convoi. C’est sans compter sur le courage de 24 cheminots (chef de gare, interprètes, employés, visiteurs…) qui, au péril de leur vie, organiseront le sauvetage de 34 personnes juives dont de très nombreux enfants.

Les larmes aux yeux, Jacques Stulzaft se souvient de son ange gardien. Il renvoie Marcel Hoffmann à sa condition de Juste. « Nous avons lancé une démarche de reconnaissance… »

Un combat nécessaire de résistance

« C’est l’Histoire de notre pays que nous regardons… Un combat nécessaire de résistance sans arme… », poursuit Guy Bensoussan, président de la communauté juive de Lille en évoquant ce moment si singulier mêlant horreur, tragédie et héroïsme. « Le temps n’efface rien, aussi bien les atrocités que les actes de courage… »

Un devoir de mémoire, un travail qualifié « d’exceptionnel » auquel la ville de Lille et l’historien Grégory Célerse ont pris toute leur part. « Un acte de courage qui nous rappelle que nous pouvons vivre ensemble en France aujourd’hui quelles que soient nos convictions religieuses. » La leçon porte. Familles, descendants venus des quatre coins de la planète, invités sont renvoyés à ces gestes à la simplicité essentielle. Une plaque commémorative a été dévoilée dimanche matin, en hommage aux héros. Jacques Stulzaft, 84 ans, est devenu ingénieur chimiste, s’est intéressé à la médecine nucléaire et s’appuie aujourd’hui sur une belle famille.

« Sauvons les enfants », de Grégory Célerse, aux éditions Les Lumières de Lille.

Source lavoixdunord

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