La chronique de Pascale Davidovicz : Les liaisons dangereuses

La maison mère Etat islamique ouvre des franchises.

L’assassinat d’un deuxième otage canadien passé sous silence.

Un deuxième otage canadien retenu aux Philippines par le groupe terroriste Abou Sayyaf a été décapité au sud des Philippines lundi dernier.

Calgarysun

Robert Hall, originaire de Calgary, dans la province de l’Alberta, était un jeune retraité de 50 ans qui avait décidé de changer de vie et avait tout vendu pour naviguer à bord de son voilier.

Il a été enlevé le 21 septembre 2015, dans la marina d’un complexe hôtelier de l’île de Samal.

Son assassinat est passé un peu inaperçu alors que les canadiens réagissaient à la tuerie de la discothèque d’Orlando aux Etats-Unis.

Pourtant le touriste canadien était apparu à plusieurs reprises dans des vidéos diffusées sur le Net, avec trois de ses compagnons d’infortune : sa compagne, ressortissante philippine, Marites Flor, un norvégien Kjartan Sekkingstad, le gérant norvégien de l’hôtel, et un autre canadien, John Risdell.

Le 25 avril, la tête de John Risdell, ancien journaliste et consultant minier âgé de 68 ans, avait été retrouvée près de la mairie de Jolo.

On ne sait rien pour l’heure de ce qu’il est advenu des deux derniers otages, toujours aux mains des djihadistes.

Le gouvernement canadien a réitéré sa volonté de ne pas financer les enlèvements de ses ressortissants.

Toutes les demandes de rançon ont été systématiquement refusées.

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau déclare que ces prises d’otages «ne font qu’alimenter la violence et l’instabilité», et que «Le Canada ne peut absolument pas se permettre de verser des rançons aux terroristes, et faire ainsi des cibles du drapeau canadien et des plus de 3 millions de canadiens à l’étranger qui le portent.»

Depuis avril, l’armée et la police philippine s’étaient vraisemblablement mobilisées pour tenter de retrouver les otages, et le Canada avait également dépêché des membres des forces spéciales.

Mais les autorités philippines peinent à venir à bout de cette organisation mafieuse plus que fondamentaliste.

Le groupe islamiste philippin Abou Sayyaf, du business de l’enlèvement à l’Etat islamique.

Fondé par Abdurajak Abubakar Janjalani, un ancien moudjahidine qui a combattu en Afghanistan aux côtés d’Oussama ben Laden, le groupe a longtemps été proche d’Al-Quaïda et a bénéficié à ce titre de financements saoudiens.

Après avoir rêvé de fonder un état séparatiste musulman dans le sud du pays, Abou Sayyaf s’est surtout spécialisé dans des activités crapuleuses, des actes de piraterie et de kidnappings contre rançon de touristes étrangers et de missionnaires chrétiens.

En juillet 2014, Abou Sayyaf prêtait allégeance à l’Etat islamique, ce qui, dans une Asie du Sud-Est perméable au fondamentalisme djihadiste pourrait en devenir une des pièces maîtresses.

Un virage qui rappelle celui opéré par Boko Haram depuis mars 2015, comme le rappelle sur RFI Wassim Nasr, journaliste de France24 et spécialiste des mouvements djihadistes.

Certes, Abu Sayyaf a essuyé des pertes, mais depuis le départ des Américains, et après avoir réussi à sécuriser des pistes de financements, l’organisation fondamentaliste pourrait avoir repris du poil de la bête, comme en témoignent les enlèvements à répétition.

Le 9 avril, lors d’intenses combats sur l’île de Basilan, les terroristes ont tué 18 soldats (dont 4 ont été décapités) et blessés 52 autres dans ce qui ressemble à une journée noire pour l’armée philippine.

Le leader d’al-Qaïda prête allégeance au nouveau chef des talibans afghans.

Nous apprenons que le chef d’al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, a prêté allégeance au nouveau leader choisi par les talibans afghans, le mollah Haibatullah Akhundzada, après la mort de leur ancien chef, le mollah Mansour, éliminé par un drone américain au Pakistan.

Le même Zahawhiri avait déjà fait allégeance en août 2015 au nom d’al-Qaïda au mollah Mansour.

Oussama ben Laden et Ayman al-Zawahiri,
Oussama ben Laden et Ayman al-Zawahiri,

Je continue d’exister mais à moindre frais.

Les partisans d’al-Qaïda en perte de vitesse en Afghanistan, où les talibans avaient établi un émirat islamique durant cinq ans avant d’être chassés de Kaboul, rallient l’Etat islamique principalement présent en Syrie et en Irak, et actif dans certains pays d’Afrique du Nord comme la Libye.

Après Boko Haram qui a fait allégeance à Daesh, on constate un resserrement des alliances de groupes terroristes, pour des raisons diverses, mais toujours inquiétantes.

Pascale Davidovicz

 

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